Le CRI des Travailleurs
n°34
(novembre-décembre 2008)

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Lettre du Groupe Bolchévique au collectif (5 avril 2004)

[Transmis au Groupe CRI sous le titre "Pour information"]

Lettre au Collectif,  5 avril 2004

Chers camarades

Veuillez trouver ci-joint :

  a.. la contribution du CRI France sur l'Appel pour une conférence internationale et la réponse du GB France;

  b.. la récente réponse du GCRI.

Face à la défense du programme du bolchevisme et de l'Appel par le GB, le dernier texte du GCRI essaie de noyer le poisson :

  a.. La réponse du GCRI recourt à des accusations odieuses, en identifiant l'ouvrier révolutionnaire et honnête Just et le bureaucrate corrompu et réformiste Lambert. Elle assimile abusivement la polémique politique des bolcheviks avec les calomnies et les violences des lambertistes (condamnés explicitement par le GB dans sa plateforme de fondation).

  a.. Elle multiplie les jérémiades : les citations de Lénine ou de Trotsky sont trop nombreuses et les citations de ses propres textes sont trop courtes. Alors que tous les militants du GB ont étudié sa contribution intégrale et ont discuté de ce texte dans leur cellule respective.

  a.. Le GCRI prétend que le GB n'a pas argumenté. Qu'il ne soit pas d'accord, soit. Mais quiconque lit la réponse du GB, que les camarades de la LOI Argentine traduisent actuellement en castillan, peut vérifier qu'il s'agit d'une plaisanterie. Le CRI le sait lui-même : aurait-t-il consacré 50 pages (!) pour répondre à une absence d'arguments ?

Le seul aspect positif de cette réponse est que ce courant demande l'avis des autres organisations qui ont aussi signé l'Appel. En effet, jusqu'à présent, le GCRI affirmait qu'il l'approuvait, mais sans en tirer aucune conséquence :

  a.. Le GCRI n'a jamais rendu compte de sa participation à la 2e conférence du GB, où il a rencontré en outre LM Pérou et la LOI. Il n'a jamais publié l'Appel dans sa presse, malgré la demande du GB et de la LOI.

  b.. Il a refusé d'ouvrir ses propres discussions sur l'Appel aux militants du GB et de la LOI, malgré la demande conjointe de la LOI et du GB.

  c.. Il a refusé de combattre avec le GB contre les appareils syndicaux lors des grèves de mai-juin 2003.

  d.. Il a refusé de s'associer à un tract sur la révolution bolivienne, en arguant qu'il n'avait pas de position sur cette question.

  e.. Il n'a pas répondu à la récente proposition de rencontrer le GB.

L'apport des autres organisations révolutionnaires semble la seule possibilité de faire évoluer favorablement le CRI. Votre intervention sera utile, car le GCRI diverge en fait avec l'Appel sur des questions décisives :

  a.. Pour le GCRI, l'époque n'est pas celle de la décadence du capitalisme (Contribution CRI, 2Aa), il n'y a pas de crise structurelle du capitalisme(2Aa).

  b.. Par conséquent, pour le groupe CRI, ce n'est pas la trahison des directions politiques et syndicales actuelles de la classe ouvrière qui explique que la révolution marque le pas (2Ac, 3A), mais la crise de la subjectivité prolétarienne (2Ac).

  c.. Autre conséquence : pour le CRI, l'époque permet de réelles révolutions nationales anti-impérialistes (4).

  d.. Une des conclusions politiques qu'en tire le CRI est la régression dans le front uni anti-impérialiste qui a signifié pour l'IC l'alliance avec la bourgeoisie nationale. Le GCRI reprend à son compte l'analogie hasardeuse de Zinoviev entre front unique ouvrier et front uni anti-impérialiste (3B), malgré les leçons de la révolution chinoise (et aussi de la révolution bolivienne), contre le développement vivant du marxisme et la généralisation de la théorie de la révolution permanente (qui est la base de tout l'Appel).

  e.. Une autre conséquence politique est la mise en avant systématique de l'Assemblée constituante. Il présente cet héritage lambertiste comme une véritable solution -et non comme transition- en Palestine (2Bb) et l'applique même à l'Argentine où elle n'a d'autre sens qu'un noeud coulant autour du cou du prolétariat (2Ba).

  f.. Pour ce groupe la théorie de Burnham - Shachtman du " collectivisme bureaucratique ", couverture idéologique de la capitulation devant l'impérialisme, l'emporte sur la théorie de l'Etat ouvrier de Trotsky (4).

Que trois étudiants qui ont choisi à 20 ans une organisation bureaucratique, réformiste et chauvine (le PT France) ne comprennent pas en un jour le programme du bolchevisme n'est guère surprenant.

Le plus inquiétant n'est pas l'existence de divergences, mais que ce groupe s'interdit lui-même de progresser. Au lieu d'utiliser la perspective internationale et les liens nouveaux que lui ouvre l'Appel pour se rapprocher du programme de la révolution socialiste, pour collaborer avec le GB, il croit pouvoir se targuer d'une dimension internationale sans modifier d'un iota son orientation et son activité :

  a.. La contribution CRI considère que l'Appel ne vaut rien pour définir une stratégie et une orientation politiques (Contribution CRI, 1). Pour le CRI, il n'est bon que par ses motivations (1), ce qui est une manière à la fois idéaliste et opportuniste de traiter un texte programmatique révolutionnaire.

  b.. Pour le GCRI, signer l'Appel ne l'engage donc à rien, même pas à le publier dans son journal, malgré la demande expresse du GB et de la LOI.

  c.. Le GCRI, contre le programme de l'IC et celui de la 4e internationale, a constitué un syndicat minoritaire avec des débris staliniens et les morénistes français (FSE).

  d.. Il dirige même ce syndicat étudiant, ce que le GB ignorait avant la réponse du GCRI de mars. Cette direction syndicale CRI pratique, comme les syndicats dirigés par le PS et le PCF, la cogestion des universités, c'est-à-dire qu'il applique la participation gaulliste.

Or, la pratique réelle du GCRI, la cogestion et la participation, est le noeud de la question.

La participation est un thème permanent de la doctrine de De Gaulle. Elle vise à faire disparaître la lutte des classes. Après la révolte de la jeunesse de mai 1968 et la grève générale de mai-juin, De Gaulle et Pompidou décidèrent de l'appliquer à l'Université, d'intégrer les étudiants à la cogestion.

Le principal syndicat étudiant, celui qui était lié au mouvement ouvrier, l'UNEF, refusa de participer. Alors, le PCF organisa une scission de l'UNEF pour appliquer la doctrine gaulliste, pour cogérer l'université et faire un barrage aux aspirations révolutionnaires de la jeunesse. Peu après, les maoïstes et les pablistes complétèrent le travail du PCF en quittant l'UNEF. Malgré la puissance de l'appareil stalinien, qui contrôlait le syndicat des enseignants universitaires (SNESup), l'UNEF sous la direction des trotskystes tint le choc et se développa, en combattant la participation.

Mais la dégénérescence de l'OCI-PCI se manifesta quand, après avoir soutenu Mitterrand dès le premier tour de l'élection présidentielle de 1981, sa direction capitula devant le gouvernement front populaire de l'UG. En particulier, Lambert décida que l'UNEF devait désormais " participer ". Quelques années après, la direction du syndicat étudiant scissionnait du PCI pour passer au PS. Depuis, l'UNEF sous direction PS cautionne au nom des étudiants toutes les attaques contre le droit aux études des gouvernements bourgeois, en siégeant dans les conseils d'université qui sont chargés de les appliquer. Elle reçoit pour cela des subventions de toutes sortes, comme tous les syndicats qui participent.

L'orientation de participation qu'impulse le GCRI à la tête du syndicat FSE est contraire à l'Appel, à son esprit (à ses " motivations ") comme à sa lettre (Appel, points 14 et 17). Les faits sont têtus : le GCRI marche en pratique sur les traces des renégats du trotskysme, de la social-démocratie et du stalinisme.

L'opportunisme syndical a joué un grand rôle dans la dégénérescence de la section française de la 4e Internationale, dans l'abandon du trotskysme par Lambert et dans la liquidation du PCI par Lambert et Gluckstein. Visiblement, le CRI n'a pas encore tranché le cordon ombilical avec le lambertisme, un courant qui sait employer à l'occasion des phrases " marxistes " creuses pour dissimuler son adaptation à l'aristocratie ouvrière, aux appareils contre-révolutionnaires et à son impérialisme (pour des exemples de ce double langage, voir La Vérité de la " 4e internationale " et aussi la FUR France).

La pratique réelle de cogestion syndicale et de participation gaulliste explique le caractère platonique de l'accord du GCRI avec l'Appel et aussi son refus de travailler avec le GB qui a déclaré pour sa part une lutte à mort à toutes les bureaucraties contre-révolutionnaires, aussi bien politiques que syndicales.

Camarades, votre intervention sur la base de l'Appel dans la discussion sera donc bienvenue.

Avec notre salut bolchevik,
La cellule centrale du Groupe bolchevik