Article du CRI des Travailleurs n°15

Bolivie : Vive la lutte révolutionnaire des étudiants et du personnel de l'université d'Oruro !

Fin août 2004, les étudiants de l’Université Technique d’Oruro (U.T.O.), ville minière au Sud-Ouest de La Paz, en Bolivie, se sont soulevés. L’origine immédiate de la lutte dans cette Université qui compte 17 000 étudiants et 500 professeurs, a été la revendication, présentée par la majorité des enseignants au conseil de gestion de l’université, d’une augmentation de leurs salaires de 20 %. En Bolivie, les chaires universitaires sont généralement tenues par des camarillas liées aux principaux partis politiques bourgeois (MIR et MNR) qui nomment les enseignants non en fonction de leur qualification, mais de leurs relations politiques et même familiales (elles sont souvent « héréditaires » !). Dans un pays où l’écrasante majorité de la population doit vivre avec 300 pesos boliviens (quand elle n’est pas totalement au chômage), les enseignants gagnent au minimum 4 000 pesos pour deux heures d’enseignement par semaine et jusqu’à 10 000 pour ceux qui font partie des camarillas les plus puissantes. Pendant ce temps-là, les locaux tombent en ruine et le niveau des enseignements est des plus douteux.

L’origine plus lointaine de cette rébellion est à chercher dans la grande mobilisation étudiante qui a eu lieu en avril dernier et qui a fini par arracher au gouvernement une augmentation de 3% du budget des universités, après une grande manifestation centrale et une semaine de « négociations » émaillées d’affrontements avec la police, qui se sont soldés par de nombreux blessés et des arrestations.

Ces mobilisations étudiantes elles-mêmes doivent être replacées dans le contexte politique d’ensemble de la Bolivie, marqué depuis l’an 2000 par une montée très importante de la lutte des masses, avec notamment le soulèvement ouvrier et populaire d’octobre 2003 contre la volonté du gouvernement de vendre à l’impérialisme les gisements de gaz boliviens (cf. Le CRI des travailleurs n°8 d’octobre 2003). Avec l’aide de la direction réformiste de la COB (Centrale Ouvrière de Bolivie) et des mouvements paysans, notamment le MAS (Mouvement vers le Socialisme) d’Evo Morales, la bourgeoisie, après des affrontements violents, avait alors réussi à maintenir son régime, moyennant la démission du président honni Sanchez de Lozada, remplacé par le vice-président Carlos Mesa.

C’est donc dans ce contexte que les étudiants de l’U.T.O. ont refusé l’augmentation salariale exigée par les enseignants, voté en revanche la hausse des salaires ouvriers, organisé des assemblées générales, décidé de dresser des piquets de grève, d’occuper l’université et le Rectorat, et de contraindre le Recteur à démissionner… Ils ont mis en place un Comité de Défense de l’Université, formé par les étudiants, parents, la Centrale Ouvrière Départementale, les mineurs de Huanuni et des organisations ouvrières.

Le « Manifeste » qu’ils ont adopté et qui renoue explicitement avec la lutte révolutionnaire du prolétariat et du peuple de Bolivie en se référant aux décisions de l’Assemblée Populaire de 1971, est riche de leçons pour les étudiants du monde entier et pour le prolétariat, notamment parce qu’il montre comment les étudiants doivent envisager leur rapport avec le mouvement ouvrier et la révolution. Nous reproduisons ici ce « Manifeste de la rébellion estudiantine de l’U.T.O. » qui nous a été transmis par les camarades de la FTI-CI (Fraction Trotskyste Internationaliste - Quatrième Internationale) et que nous avons traduit. Nous publions ensuite la lettre que le Groupe CRI a adressée aux étudiants et aux personnels de l’U.T.O., lettre que les camarades de FTI-CI ont traduite en castillan et transmise aux destinataires.