Article du CRI des Travailleurs n°14

Argentine : « Les mineurs morts à Rio Turbio sont les martyrs de toute la classe ouvrière mondiale. C'est le patronat esclavagiste qui les a assassinés, avec la complicité des bureaucraties syndicales traîtres ! »
(Adresse « à toutes les organisations ouvrières d'Argentine, d'Amérique Latine et du monde »)

Le texte ci-dessous a été proposé par les camarades de la Ligue ouvrière révolutionnaire d’Argentine (LOI) à de très nombreuses organisations et notamment à toutes celles qui préparent une pré-conférence internationale pour janvier 2005 en Argentine, en vue du regroupement des organisations « trotskystes principielles » et ouvrières révolutionnaires.

Il a été signé par les organisations suivantes : Fracción Trotskista (section de la TCI)  et Partido Obrero Marxista (POM) au Brésil ; Liga Obrera Internacionalista (Cuarta Internacional-Democracia Obrera) en Argentine ; Comité Organizador de una Liga Trotskista Internacionalista au Pérou ; Comité Organizador de un Partido Obrero Internacionalista (GOI-NOT) au Chili ; Fracción Trotskista Internacionalista en el periódico « Nuevo Amanecer » (membre de la FTI-CI) en Bolivie ; Communist Workers Group en Nouvelle-Zélande.

Pour sa part, le Groupe CRI — comme d’ailleurs le Comité pour la Construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire (CC-POR, section argentine de la TCI) — a signé la première partie de ce texte, mais non la seconde, en raison de désaccords sur l’appréciation du degré de maturation de la situation politique en Argentine et dans le reste de l’Amérique Latine (sur ce point, cf. notre contribution à la discussion autour de l’ « Appel à la conférence internationale des trotskystes principiels » sur notre site internet : http://groupecri.free.fr).

« Quatorze mineurs sont morts dans l’incendie et l’effondrement de la mine dans l’extrême Sud de l’Argentine, dans les mines de charbon de Rio Turbio, dans la province de Santa Cruz. Parmi eux, il y avait trois ouvrières chiliennes.

Le patronat, le gouvernement [argentin] Kirchner serviteur de Bush, la bureaucratie des syndicats et des centrales syndicales, appellent cela un « accident du travail ». Mensonge ! C’est un vil assassinat du patronat esclavagiste qui, avec la complicité des bureaucrates syndicaux des deux CGTs et de la CTA d’Argentine, a imposé les lois de flexibilisation du travail, qui ont conduit à la réduction du personnel, au licenciement des contrôleurs du véhicule de transport de la mine qui a pris feu à partir d’une étincelle, à cause de son mauvais entretien et qui a fini par mettre le feu aux puits à plus de 600 mètres de profondeur.

Ce sont les gouvernements vendus à l’impérialisme qui l’ont précédé et celui de Kirchner — ancien gouverneur de cette province — qui ont privatisé le gaz, le pétrole, les télécoms, les mines et les ont livrés en échange de morceaux de papier de la dette extérieure sans aucune valeur au capital financier international, aux cliques impérialistes qui se sont disputées dans les années 1990 le butin de l’exploitation de la classe ouvrière et des peuples latino-américains et qui, aujourd’hui encore, continuent de le faire.

Les mineurs de Rio Turbio sont les martyrs de tous le mouvement ouvrier mondial ! Ils travaillent 12 heures par jour, pour à peine 140 dollars par mois et, à 30 ans, ils ont déjà les poumons détruits. C’est ainsi que les patrons et les entreprises impérialistes traitent la large majorité de la classe ouvrière mondiale ! C’est ainsi qu’ils obtiennent des surprofits avec lesquels ils achètent ensuite une poignée de bureaucrates et d’aristocrates ouvriers pour qu’ils agissent comme les véritables garde-chiourmes au sein des organisations de lutte de notre classe !

La mine de Rio Turbio, dans l’extrême sud du pays, et ce qui s’y est passé, est un symbole de la lutte de la classe ouvrière mondiale et doit être un drapeau de lutte pour tous les ouvriers avancés et les organisations révolutionnaires du monde.

Ce sont les martyres du travail d’esclave qui a lieu en Argentine, au Chili, en Amérique Latine, en Afrique, en Asie et dont souffrent également par millions les travailleurs immigrés et les ouvriers mal payés des États-Unis, de l’Europe des puissances impérialistes, et les ouvriers des ex-États ouvriers dégénérés livrés à la restauration capitaliste par l’ex-bureaucratie stalinienne, devenue aujourd’hui une nouvelle classe exploiteuse.

Signons en commun une déclaration ! Levons devant toute la classe ouvrière mondiale le drapeau ensanglanté de ces martyrs de la classe ouvrière ! Proposons des grèves, des manifestations, des prises de position, des piquets en face des ambassades d’Argentine dans le monde entier ! Il n’est aucune organisation qui se prétend révolutionnaire et internationaliste qui ne puisse entendre cet appel !

Vive l’unité de la classe ouvrière argentine, chilienne, bolivienne et latino-américaine ! Vive l’unité de la classe ouvrière et des peuples opprimés du monde avec les travailleurs qui entrent en lutte au cœur même des puissances impérialistes !

Camarades. Il n’y a pas de temps à perdre. Signons ensemble cette déclaration, pour qu’elle soit un patrimoine pour tous les forces qui convoquent une Conférence Internationale du trotskysme et des organisations ouvrières révolutionnaires.

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Les mineurs argentins et chiliens morts à Rio Turbio font partie de la lutte des héroïques mineurs de la mine de cuivre de « El Teniente » au Chili, cœur de la classe ouvrière chilienne, qui pousse cette dernière à faire un pas en avant contre le régime pinochétiste et le gouvernement de Lagos membre du Traité de Libre Commerce et petit allié de Bush. Les trois mineurs chiliens morts à Rio Turbio avec leurs frères de classe argentins, ont démontré que le capital n’a pas de drapeau pour exploiter ses esclaves et que la classe ouvrière ne doit pas avoir de frontières pour affronter ses ennemis de classe.

Les mineurs argentins et chiliens du Turbio seront vengés également par leurs frères de classe boliviens, avant-garde de la classe ouvrière soulevée dans ce pays, malgré la trahison des directions qui continuent de soutenir le gouvernement Mesa, continuateur du plan de livraison du pays à l’impérialisme et d’exploitation de son prédécesseur Goni, qui a été renversé par le soulèvement des masses boliviennes en octobre 2003.

Les signataires ci-dessous, qui convoquons une Conférence Internationale des forces saines du trotskysme et des organisations ouvrières révolutionnaires, nous impulsons cet appel à partir du combat des ouvriers argentins et de la classe ouvrière au niveau mondial. Notre lutte n’est pas autre chose que celle consistant à impulser en Argentine un appel à une grève nationale de deuil et de lutte, pour unir le combat du mouvement piquetero, avec celui des dizaines de milliers de travailleurs qui sont entrés en lutte pour leur salaire, divisés par les bureaucraties syndicales des CGTs et de la CTA, et par les nouvelles bureaucraties piqueteras.

Notre combat n’est rien d’autre que le combat pour unifier et centraliser les luttes, pour marcher sur les luxueux locaux de la CGT et de la CTA — serviteurs et complices de l’exploitation et du pillage de la nation — pour imposer une grève nationale et pour ré-ouvrir le chemin vers la grève générale et de nouvelles journées révolutionnaires comme celles qui ont secoué le pays pendant l’année 2001-2002.

Nous, organisations signataires de cette déclaration, nous appelons toutes les forces internationalistes de la classe ouvrière mondiale à condamner ensemble et à démasquer la trahison ouverte de la révolution argentine, bolivienne et latino-américaine, des valets du capital : le stalinisme contre-révolutionnaire, Lula et son front populaire et toutes les bureaucraties syndicales qui ont dit à la classe ouvrière qu’il fallait appuyer les gouvernements assassins de Kirchner, de Mesa, de Toledo, de Lagos, qu’il fallait « lutter pour ce qui est possible » et non pour ce qui est nécessaire, c’est-à-dire pour en finir avec le fléau du chômage, de l’esclavage et de la livraison à l’impérialisme. Ce sont eux qui tirent d’affaire les régimes semi-coloniaux quand ceux-ci se consument sous le torrent révolutionnaire des masses.

Ouvriers du monde entier ! Les mineurs martyres de Rio Turbio doivent être le drapeau de la lutte de la classe ouvrière mondiale, qui combat en Irak, en Palestine, qui continue son offensive « comunera » au Pérou, qui lutte pour approfondir la révolution bolivienne inachevée, qui gagne les rues contre la guerre impérialiste comme en Angleterre et en Espagne, qui se soulève en Tchétchénie, en Irlande et dans le Pays Basque et qui entre dans le combat contre les attaques contre ses conquêtes, comme en France.

Vive l’unité de la classe ouvrière argentine, chilienne, bolivienne et latino-américaine ! Vive l’unité de la classe ouvrière et des peuples opprimés du monde contre les travailleurs qui entrent dans le combat dans le cœur même des puissances impérialistes !»

(18 juin 2004)