Article du CRI des Travailleurs n°20

La fin de l'hégémonie du SPD sur le prolétariat allemand

Que ce soit pour s’en réjouir ou pour s’en affliger, tous les commentateurs, quelle que soit leur couleur politique, ont estimé que le fait marquant des dernières élections générales en Allemagne était l’apparition d’une nouvelle coalition électorale préfigurant un nouveau parti, le Linkspartei, parti de la gauche, union du PDS (Partei des Demokratischen Sozialismus, ancien SED, parti de la bureaucratie est-allemande, rebaptisé Parti du Socialisme Démocratique après la chute du Mur, puis, récemment, Linkspartei-PDS) et du WASG (Wahlalternative Arbeit und Soziale Gerechtichkeit, Alternative Électorale pour le Travail et la Justice Sociale). Quelle est la signification de l’apparition d’un nouveau parti à gauche du SPD ? Quel est le rapport entre les processus de recomposition politique en cours et les exigences nouvelles du capital allemand dans le contexte de l’économie mondiale ouvert par l’effondrement de la bureaucratie stalinienne et le rétablissement du capitalisme à l’Est de l’Europe ? Quelle est la relation entre les événements de la lutte de classe en Allemagne de l’été et de l’automne 2004 (« manifestations du lundi » et grèves ouvrières, cf. Le CRI des travailleurs n° 15 de novembre-décembre 2004) et la création de ce nouveau parti ?

Les exigences nouvelles du capital allemand et la politique du gouvernement Schröder (1998-2005)

Le capital, le SPD et les masses

Les résultats des élections générales du 18 septembre ne peuvent être compris sans une analyse des changements intervenus dans la situation de l’impérialisme allemand dans le cadre du capitalisme mondial depuis l’effondrement de la bureaucratie stalinienne à l’Est de l’Europe. Dans ces nouvelles conditions d’une concurrence exacerbée à l’échelle mondiale, confrontée en outre aux difficultés posées par l’absorption de l’ex-RDA par la République Fédérale, la bourgeoisie allemande a dû remettre en cause sa politique traditionnelle, élaborée par la CDU dans l’après-guerre, qui reposait sur l’intégration organique du prolétariat et de ses organisations dans le cadre du capitalisme allemand — politique symbolisée par la formule de « l’économie sociale de marché ». La bourgeoisie allemande ne pouvait maintenir ses parts de marchés et ses profits sans remettre en cause les nombreuses conquêtes sociales et le haut niveau des salaires. C’est seulement dans ce contexte que l’on peut comprendre l’évolution de la ligne politique du SPD.

Certes, le SPD était depuis 1914 « définitivement passé du côté de l’ordre bourgeois », et il avait depuis 1959 renoncé à toute analyse de classe et à toute référence au combat pour le socialisme (même au moyen d’une série de réformes progressives). Mais la défense des intérêts particuliers du prolétariat avait beau avoir disparu de la politique, puis du programme du SPD, elle n’en continuait pas moins d’imprimer sa marque à son discours comme à ses pratiques : le SPD n’avait pas cessé de s’appuyer essentiellement sur les puissants syndicats allemands, organisant en masse un prolétariat nombreux. De ce point de vue, l’évolution de la politique du SPD dans les années 1990 marque une nouvelle rupture qualitative : c’est le SPD qui a pris directement en charge l’attaque en règle contre les conquêtes sociales des salariés allemands exigées par le capital allemand dans ces nouvelles conditions. Après 16 ans de gouvernement sans partage, la CDU avait marqué le pas et le patronat s’impatientait. Kohl n’était pas parvenu à faire passer les réformes exigées par la bourgeoisie. Seul le SPD, en raison de sa position de direction du prolétariat, pouvait arriver à faire avaler aux travailleurs l’amère potion nécessaire aux besoins du capital allemand. C’est précisément le travail que Schröder s’est efforcé d’accomplir, d’abord avec l’aide de Lafontaine, puis sans lui. Après sept ans de gouvernement SPD-Verts, les patrons ont fait savoir combien ils étaient contents de la politique de Schröder. Mais, comme la gestion de ces conquêtes, sous-produits de la puissance révolutionnaire potentielle du premier prolétariat d’Europe, servait précisément au SPD de justification pour sa politique de collaboration de classes ouverte, il ne pouvait accomplir le sale boulot pour la bourgeoisie sans se heurter de front aux travailleurs organisés. L’examen des résultats de la politique du gouvernement SPD-Verts permet de comprendre la satisfaction unanime des patrons pour le travail de Schröder.

Les résultats de la politique du gouvernement SPD-Verts

La compétitivité des entreprises allemandes sur le marché mondial est redevenue excellente. Les exportations allemandes ont doublé entre 1993 et 2005, passant de 11,4 % du PIB (Produit Intérieur Brut) à 22,4 %. L’excédent commercial atteint 156 milliards d’euros et l’excédent courant (incluant biens, services et capitaux)  4,1 % du PIB. La construction de l’Union Européenne y joue un rôle majeur : 85 % de l’excédent commercial allemand provient des échanges sur les marchés de l’UE. Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas que la bourgeoisie allemande soit farouchement « pro-européenne ». La politique de Schröder a contribué à réduire le « coût du travail » pour le capital d’outre-Rhin. La principale mesure touchant aux salaires directs a consisté en une pression constante exercée sur les syndicats pour qu’ils acceptent la mise en place de clauses dérogatoires au sein des conventions collectives. Quant à la part indirecte du salaire, Schröder l’a réduite par sa réforme de la santé et celle des retraites, complétées par des mesures diminuant les allocations chômages et multipliant les sanctions contre les chômeurs qui n’acceptent pas n’importe quel emploi (plans Hartz I à IV). Résultat : si les coûts salariaux allemands étaient supérieurs à la moyenne de l’UE d’environ 60 % en 1974, et encore de 16 % en 1995 (malgré l’impact de la réunification), ils sont aujourd’hui inférieurs de 6 % à cette moyenne. Certes, comme toujours, les chiffres moyens recouvrent de fortes disparités, ici entre l’Ouest et l’Est, entre les grandes entreprises et les PME, etc. Mais la meilleure preuve que les difficultés actuelles de l’économie allemande symbolisées par un taux de croissance faible et un taux de chômage record, ne s’expliquent pas par des coûts salariaux trop élevés, c’est que les régions d’Allemagne où les salaires sont les plus bas, à l’Est, sont aussi les plus sinistrées économiquement, avec un chômage de 18 % en moyenne. Bien sûr, ces chiffres sont néanmoins à relativiser, car ils reflètent aussi une croissance du PIB plus lente que dans les autres pays de l’UE : en gros, alors que le PIB par habitant de l’Allemagne était supérieur de 20 % à la moyenne de l’UE en 1974, il lui est aujourd’hui un peu inférieur. Mais ces chiffres doivent être à leur tour nuancés : la croissance lente du PIB est aussi en partie due, notamment à l’Est, à la crise du secteur du bâtiment, qui représentait 17 % du PIB à l’Est dans les années 1990 et aujourd’hui 7 %, avec une perte d’1 million d’emplois. En effet, dans un premier temps, il y avait une forte demande de constructions neuves (infrastructures, immeubles de bureaux, logements) : le capital s’est donc largement investi dans ce secteur ; mais aujourd’hui, la demande a brutalement chuté, le capital se déplace donc vers d’autres secteurs, éliminant les surcapacités – selon les normes de rentabilité du capital – dans ce domaine.

Mais pour obtenir de si bons résultats, il a fallu modifier en profondeur la structure de l’économie. La baisse des coûts salariaux s’est combinée avec une remise en cause de « l’intégration verticale » caractéristique de l’économie rhénane, c’est-à-dire avec l’externalisation massive de tâches auparavant réalisées dans le cadre d’une entreprise et avec des délocalisations de proximité en Europe centrale. Certes, si l’on s’en tient aux moyennes, la productivité du travail dans ces pays (Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, etc) est si basse que la faiblesse des salaires ne la compense pas. Mais cela s’explique principalement par la vétusté des installations des industries et des services. En ce sens, lorsque Volkswagen construit une usine en Tchécoslovaquie, la productivité y atteint des niveaux proches de ceux de l’Allemagne pour des coûts salariaux extrêmement bas. Cela permet de comprendre que les bons résultats à l’exportation ne créent pas (ou créent peu) d’emplois en Allemagne et que le pouvoir d’achat des salariés qui ont un emploi stagne ou n’augmente que faiblement. Les PME fortement dépendantes du marché intérieur sont asphyxiées, ce qui accentue la hausse du chômage. Comme, en revanche, le taux d’épargne des ménages reste élevé, le marché intérieur en est réduit d’autant. Par ailleurs, la baisse des impôts sur les actions, sur les sociétés et sur le revenu a eu pour effet de réduire les rentrées fiscales : « l’État social » a donc dû se serrer la ceinture, les services publics ont été attaqués sous toutes les formes possibles. C’est seulement dans ces conditions que l’on peut comprendre l’émergence du WASG.

Le WASG, le PDS et leur coalition électorale Linkspartei

Réponse d’une fraction de l’appareil des syndicats à un processus de rupture des masses avec le SPD

Pour cerner la nature du WASG, il faut certes examiner son programme, mais d’abord et plus encore regarder selon quel rapport avec la lutte des classes il s’est fondé. La politique du gouvernement SPD-Verts était de plus en plus clairement rejetée par le prolétariat, en particulier par les millions de chômeurs chroniques. Cela se manifestait à chaque élection dans les Länder (régions), où le SPD faisait des scores lamentables, perdant une à une les régions où il avait encore la majorité, mais aussi dans le fait que des dizaines de milliers d’adhérents du SPD rendaient leur carte et enfin dans la multiplication des grèves touchant la métallurgie et les services publics. Ce mouvement profond de mécontentement face à la politique du SPD a atteint son point culminant au cours de l’été et de l’automne 2004, avec les « manifestations du lundi » contre le plan Hartz IV, des manifestations dans les Länder à l’appel des syndicats et la manifestation centrale de Berlin organisée en novembre par les sections d’entreprise des syndicats, ATTAC, le MLPD (parti d’origine maoïste) et les petites formations se revendiquant du trotskysme. Les membres de l’appareil des syndicats ressentaient – et cela d’autant plus clairement qu’ils étaient prêts de la base – que les masses étaient en train de rompre avec le SPD. Dans la mesure où ce dernier dominait presque sans partage l’appareil des syndicats, ce premier mouvement de rupture en annonçait un second, celui d’une rupture avec l’appareil conservateur des syndicats. C’est pour répondre à cette situation qu’un certain nombre de permanents syndicaux, de la section d’établissement jusqu’au plus haut niveau, ont décidé de mettre en place progressivement, à partir de 2004, un mouvement pour aller vers un nouveau parti. De son côté, le PDS (ex-SED au pouvoir en RDA), qui s’était révélé incapable en quinze ans de s’implanter à l’Ouest, y a contribué et a apporté un soutien matériel décisif à l’opération. Un appel de plus de 2000 syndicalistes à voter pour le Linkspartei — coalition WASG-PDS — a été publié pendant l’été 2005, montrant l’ampleur des fissures dans l’appareil syndical, en particulier dans les deux plus grands syndicats, Ver.di (services) et IG-Metall (métallurgie) (1).

Lutte de classe, appareil des syndicats et plate-forme du WASG

Face aux optimistes et aux confusionnistes qui parent ce nouveau parti de toutes les vertus, il faut se rappeler comment ont agi ses principaux fondateurs face au mouvement ascendant de la lutte de classe pendant la période 2003-2005. La direction de IG-Metall a trahi la grève des métallos, partie des régions de l’Est de l’Allemagne, qui exigeait l’égalisation des conditions de la convention collective entre l’Est et l’Ouest. Non seulement cette direction n’a pas sérieusement préparé la grève, mais elle a eu recours à la tactique des grèves tournantes, inefficaces contre le patronat, et les dirigeants des syndicats de l’Ouest ont refusé de soutenir la mobilisation des métallos de l’Est. Les membres de l’appareil n’ont combattu ni à l’Ouest ni à l’Est la direction traître de leur syndicat. La même direction d’IG-Metall, tout comme les représentants de ce syndicat chez Opel, ont tout fait pour casser la puissante grève spontanée avec occupation des ouvriers de Opel à Russelheim et Bochum, qui combattaient le plan de 10 000 licenciement prévu par General Motors. Et ils sont allés négocier un compromis qui prévoit encore plusieurs milliers de suppression d’emplois. La direction et l’appareil de Ver.di dans les Länder mènent la même politique dans leur secteur, acceptant la modération salariale, l’allongement du temps de travail, les « clauses d’ouverture » qui vident de son contenu la convention collective (autorisant, en cas de difficultés financières, des clauses dérogatoires pour une ville ou une entreprise) ; et ils mettent en œuvre la même tactique des grèves tournantes. Les directions nationales des syndicats s’étaient dressées de toutes leurs forces contre la montée et la centralisation de la lutte de classes de l’été et de l’automne 2004 contre le plan Hartz et l’agenda 2010, et notamment contre la manifestation centrale à Berlin qui avait été organisée par des réseaux de militants à la base et rassemblé 100 000 personnes. Ces dirigeants syndicaux ont d’une part refusé d’exiger l’abrogation pure et simple du plan Hartz IV, se prononçant pour des améliorations, « pour la justice sociale », etc., et, d’autre part, refusé d’appeler à une manifestation nationale, se contentant de simples mobilisations par Land, pour donner le change aux travailleurs mécontents de la politique de casse sociale du gouvernement. Quant à organiser des grèves contre les plans du gouvernement, il n’en était pas question pour eux.

Certes, des syndicalistes de base et de niveau intermédiaire, parmi lesquels un certain nombre participent à la mise en place du WASG, ont été les principaux organisateurs de la manifestation centrale de Berlin. Mais, dans sa plate-forme politique, le WASG ne dit rien contre la politique des directions syndicales, l’appel des syndicalistes à voter pour le Linkspartei non plus : et pour cause, les bureaucrates syndicaux et les membres de l’appareil intermédiaire ne vont pas se critiquer eux-mêmes ! Mais, sous la pression de la rupture d’importantes couches de travailleurs avec le SPD et d’un début de radicalisation à une échelle de masse, qui menaçaient de se cristalliser politiquement, ils ont décidé de lancer une nouvelle organisation, façon pour eux de se refaire une virginité sous couleurs d’anti-néolibéralisme, pour ne pas perdre le contact avec ces travailleurs qui sont la base sociale sur laquelle ils s’appuient. Au delà des apparences trompeuses, ce nouveau parti, produit et reflet déformé de ces développements de la lutte de classe, se constitue donc comme l’organisation de ceux qui ont tout fait pour freiner l’initiative des masses qui cherchaient à en découdre avec le gouvernement Schröder et sa politique de casse sociale au nom des exigences du capital, c’est-à-dire comme un obstacle au regroupement des travailleurs sur une véritable base de classe.

L’arrivée de vieux dirigeants du SPD à la tête du WASG

À cette palette de permanents syndicaux sont venus s’ajouter récemment Oskar Lafontaine, ancien secrétaire général du SPD de 1990 à 1999 et ancien ministre de l’Économie de Schröder de 1997 à 1999, ainsi que Ulrich Maurer, ancien dirigeant du SPD de Bade-Würtemberg pendant l’ère Lafontaine, et quelques autres anciens cadres moins importants, qui avaient perdu toute fonction de direction au sein du SPD. Qui sont-ils ? Qui est en particulier Lafontaine ? C’est un homme politique bourgeois, fidèle au capitalisme. Il cherche aujourd’hui à se donner un profil d’homme « de gauche » : pourtant, c’est sous sa direction que le SPD a définitivement terminé de rompre avec ce qui restait de ses origines ouvrières, s’alignant strictement sur les exigences nouvelles du patronat allemand pour faire face à la concurrence des capitalistes des autres pays, les exigences du cours « néolibéral ». Le programme adopté en 1995 sous sa présidence prévoyait notamment la « diminution massive des charges sociales (Lohnnenbekosten, c’est-à-dire le « salaire socialisé », comme les cotisations sociales retraite, maladie, chômage, etc) », maître-mot des exigences patronales, l’ « allongement du temps de fonctionnement des machines en relation avec la réduction du temps de travail », supposant une flexibilisation accrue du travail, « la compensation du travail de nuit, du travail en trois huit et du travail du week-end par des congés supplémentaires », c’est-à-dire la suppression du paiement en heures supplémentaires, et enfin la possibilité de « dispositions différenciées au sein des conventions collectives nationales », permettant aux patrons de soumettre leurs salariés à un constant chantage aux difficultés financières de l’entreprise ou de la branche (citations extraites de la brochure du RSB sur le Linkspartei) : toutes ces mesures convergeaient clairement vers l’objectif patronal de « baisse du coût du travail » et annonçait indiscutablement la politique de Schröder, nommé candidat à la chancellerie sous la présidence de Lafontaine et avec son appui, avant que celui-ci ne se retire de manière spectaculaire, mais tardive, du gouvernement en 1999, quand Schröder décida de pousser plus encore la logique même du programme de 1995.

Le programme du WASG : néo-keynésianisme nostalgique des « Trente glorieuses »

Certes, le programme de fondation du WASG affirme : « Nous sommes comme parti du côté de ceux qui assurent leur existence par le propre travail, du côté des faibles, des pauvres et des exclus. Nous voulons leur redonner une voix en politique et au parlement. Nous voulons de meilleurs conditions de travail et de vie pour la grande majorité de la population. » Mais c’est là sans doute le passage le plus « radical » (!) d’une plate-forme qui non seulement pose clairement le capitalisme comme un horizon indépassable, mais en outre se refuse à toute analyse en termes de classes sociales au sens marxiste du terme : les concepts d’ouvrier (Arbeiter), de classe ouvrière, de prolétaire (Proletarier) et de prolétariat sont soigneusement écartés. On y lit que « l’ensemble des richesses économiques et culturelles est né de la production sociale de tous les hommes. C’est pourquoi chaque homme a le droit de participer à et de co-décider dans tous les processus sociaux. Nous intervenons pour une démocratisation de l’économie, pour la mise en place de droits d’influence et de co-décision des employés (Beschäftigten) et de leurs syndicats dans les entreprises. Une démocratisation de l’économie est le but et la condition d’un changement de politique durable. Le pouvoir du capital doit être limité. Nous tenons ferme aux principes de l’État social, tel qu’il est inscrit dans notre Constitution. » (Nous soulignons.) Les 28 pages de la plate-forme sont imprégnées de cet esprit typique du permanent syndical nostalgique de la période du « bon » capitalisme des « Trente Glorieuses » et du « bon » SPD d’après Bad-Godesberg qui pratiquait tranquillement la collaboration de classes avec le capital dans l’harmonie sociale, troublée de temps à autre par quelques ouvriers ou jeunes révoltés infestés par le virus du maudit communisme. Ce programme est rempli d’une véritable adoration pour l’État bourgeois et sa Constitution « démocratique ». Il décline un projet économique d’esprit keynésien, fait de hausses d’impôts pour les riches, d’extension des services publics, de collaboration capital-travail, etc. Ce programme, déjà réactionnaire dans les années 1950 et 60, est entièrement utopique dans la phase actuelle du capitalisme mondialisé. D’ailleurs, il revendique l’adaptation aux évolutions de celui-ci : « Nous ne sommes pas opposés aux réformes. Au contraire : l’État social est une conquête essentielle de la civilisation. Garantir l’État social, c’est le rendre plus englobant et l’adapter aux nouvelles évolutions. » De quelles « évolutions » peut-il s’agir sinon des nouvelles exigences du capital ?

Les listes communes du WASG et du PDS

Le PDS, incapable de se construire à l’Ouest, avait manqué l’entrée au Bundestag lors des dernières élections générales. Il n’était pas assuré de réussir seul à dépasser la barre des 5 % ou des trois mandats directs. De son côté, le tout jeune WASG, qui venait d’obtenir un score prometteur de 2,2 % des voix lors des élections en Rhénanie du Nord-Westphalie, ne pouvait espérer parvenir seul à entrer au Parlement. Organisé au sommet et sans doute prévu de longue date par la direction du PDS, un processus de rapprochement était organisé en toute hâte, Lafontaine et Gysi mettant tout leur poids personnel dans la balance. En raison de certaines dispositions légales, il était impossible de former une simple coalition électorale de deux partis ; d’où la solution de listes ouvertes du PDS, qui se sont rebaptisées pour l’occasion en Linkspartei-PDS, permettant ainsi d’apparaître à l’Ouest sous l’étiquette Linkspartei (sans la mention PDS, pour ne pas effaroucher les syndicalistes anti-RDA et anti-communistes) et Linkspartei-PDS à l’Est (pour conserver l’électorat traditionnel du PDS, composé des nostalgiques de la RDA).

Le programme de la coalition Linkspartei-PDS/WASG

À première vue, le programme de cette coalition est assez à gauche : on y trouve pêle-mêle la critique de la politique de la CDU et du SPD, l’opposition à toute privatisation de l’assurance maladie et à toute remise en cause de la protection contre les licenciements, la défense des conventions collectives, l’opposition à la directive Bolkestein, la revendication de la mise en place d’un salaire minimum fixé à 1400 euros, la mise en place d’une assurance maladie universelle financée paritairement par le patronat et les salariés, une retraite minimum de 800 euros, le droit à la formation sur le temps de travail, le droit de vote à 16 ans, la mise en place d’une procédure de référendum, la défense du droit d’asile et de la double nationalité, la dénonciation du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie, l’augmentation des impôts sur le capital, sur la fortune et sur les hauts salaires, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, la réduction des dépenses d’armement, la suppression de la conscription, l’opposition à toute intervention de l’armée allemande à l’étranger, l’augmentation de l’aide au développement à hauteur de 0,7 % du PIB, l’œuvre pour la paix dans le monde, etc.

Mais, si on y regarde de plus près, ce programme électoral évite les sujets les plus brûlants de la lutte de classe. Le plus remarquable est la revendication formulée à propos des réformes Hartz. Seule la réforme Hartz IV est critiquée et la coalition WASG/PDS dit simplement la chose suivante : « Hartz IV, c’est la pauvreté inscrite dans la législation. Comme revendications minimum, nous voulons le relèvement de l’allocation chômage II à 420 euros à l’Est et à l’Ouest, le droit de cotiser librement à une assurance vieillesse et des possibilités de revenus complémentaires plus élevés ». Autrement dit, sur cette question centrale, qui a mobilisé des dizaines de milliers de travailleurs et de chômeurs, la coalition WASG/PDS s’oppose à la revendication d’abrogation pure et simple des réformes Hartz, même Hartz IV ; elle respecte donc en fait le cadre général imposé par la bourgeoisie dans la continuité de leur attitude de l’époque, puisque ses dirigeants avaient voulu ôter toute perspective d’une lutte pour le retrait de la réforme et avaient fermé ainsi la voie à toute contestation franche de la politique du capital. D’une façon plus générale, la coalition « de gauche » s’est bien gardée de poser l’orientation concrète de défaire toutes les contre-réformes de l’ère Schröder. Bref, elle n’a mené aucun véritable combat contre la politique du SPD, se contentant de vagues critiques, qui ne mangent pas de pain. De façon corrélative, son programme électoral ne cesse de souligner que les mesures progressistes proposées sont finançables, c’est-à-dire réalisables dans le cadre du capitalisme ; le programme ne contient pas le moindre appel à la mobilisation autonome des masses sur leurs revendications pour en obtenir la satisfaction ; il invite les électeurs à compter simplement sur le groupe parlementaire du Linkspartei. Bien entendu, il reste silencieux tant sur la politique de la bureaucratie syndicale consistant à couvrir Schröder que sur la participation du PDS à des gouvernements de coalition avec le SPD à Berlin et en Mecklembourg-Poméranie, gouvernements qui appliquent la politique « néo-libérale » que la coalition électorale WASG-Linkspartei a tant dénoncée… en paroles !

Le PDS, son programme et sa politique

Si le programme propre du PDS est légèrement plus subtil dans ses formulations, il reconnaît ouvertement l’économie de marché comme un horizon indépassable, comme le rappelait d’ailleurs avec satisfaction Lafontaine dans une interview à la Süddeutsche Zeitung du 16 juin 05 : « Le nouveau programme du PDS reprend des éléments essentiels du programme social-démocrate, notamment en se revendiquant de la démocratie et de l’économie de marché, de la libre entreprise et du profit. » Le PDS met d’ailleurs sa politique en accord avec son programme en participant, à Berlin notamment, à la politique de casse sociale la plus brutale qui soit : suppression de 14 000 postes dans les services publics, fermetures massives de crèches, augmentation des horaires d’ouverture des magasins, sortie de la convention collectives des services publics communaux pour allonger le temps de travail et baisser les salaires encore davantage, privatisations, réduction de 40 millions d’euros du budget de la jeunesse, projet d’introduction de droits d’inscription à l’université qui a provoqué la plus grande grève des universités à Berlin depuis des années… : telle est la politique réelle du PDS, c’est-à-dire de ces charlatans bourgeois prétendument « anti-néolibéraux » qui dirigent ce parti.

Les élections et leurs résultats

En convoquant des élections anticipées, Schröder a rendu un dernier service à la bourgeoisie

Comme on l’a rappelé plus haut, le capital était très satisfait du travail accompli par Schröder. Ce dernier n’avait nullement ralenti son cours « réformateur ». Pourtant, son gouvernement n’était plus le gouvernement souhaité par les patrons : usés par sept ans d’une politique de casse sociale, le SPD et les Verts perdaient de plus en plus de terrain dans l’opinion, ce qui se reflétait dans la multiplication des conflits internes à la coalition et par des frictions croissantes à l’intérieur des syndicats. Bref, l’équipe Schröder-Fischer n’était plus la meilleure pour faire passer la politique du capital. L’arrivée d’une majorité CDU-FDP (droite chrétienne-démocrate et parti libéral) était donc souhaitée par la bourgeoisie : auréolé d’un succès électoral et disposant d’une majorité absolue dans les deux Chambres, un gouvernement CDU-FDP aurait pu accélérer le processus de réformes et porter des coups particulièrement durs au prolétariat. En ce sens, Schröder a rendu un ultime service aux patrons en décidant, au lendemain de la déroute électorale du SPD en Rhénanie du Nord-Westphalie (ce parti perdant ainsi le dernier Land qu’il dirigeait avec les Verts), d’engager un processus compliqué pour des élections anticipées, dont il était d’avance clair qu’elles ne pouvaient permettre au SPD et aux Verts d’être reconduits. Tous les partis ayant un groupe au Bundestag (Parlement) — SPD, CDU, Verts et FDP — se sont entendus pour provoquer de façon artificielle, contre l’esprit de la Constitution, des élections anticipées, preuve une nouvelle fois que la Constitution (si chère au WASG) n’est qu’un chiffon de papier que la bourgeoisie déchire chaque fois que cela lui semble nécessaire à ses intérêts.

Réfraction de la lutte des classes : une tendance à la polarisation

Lors de ces élections, le SPD a perdu 2,2 millions de voix, soit un recul de 4,2  points, et il a fait son plus mauvais résultat depuis 1957, exception faite de 1990. De leur côté, les Verts connaissent une légère érosion en points et des pertes en voix. Le nombre des abstentionnistes a augmenté d’1,1 million pour atteindre 22 % des inscrits. Ces résultats expriment le rejet par la population de la politique du gouvernement SPD-Verts. Cependant, le SPD ne s’est pas effondré, réussissant à talonner la CDU. Cela ne traduit pas une adhésion à la politique de Schröder, mais un vote contre la CDU qui, surtout vers la fin, a mené une campagne très à droite, annonçant une réforme fiscale particulièrement brutale, avec la mise en place d’un taux unique d’imposition à 25 %, une hausse de la TVA et une attaque en règle des protections contre les licenciements et des prérogatives des syndicats. C’est pourquoi ce n’est pas la CDU/CSU qui a bénéficié du recul du SPD : elle a perdu elle aussi 2,2 million de voix et près de 3,3 points. Elle s’est montrée incapable de tirer profit du rejet de la politique du SPD : elle n’a pas progressé, mais elle aussi a régressé. Le recul de la CSU en Bavière atteint même 10 points. La coalition CDU-CSU n’a pas attiré les déçus du SPD, tout simplement parce qu’elle proposait de poursuivre la politique du SPD en l’aggravant. Quant au FDP, qui était le parti au profil le plus « néo-libéral », défendant le plus conséquemment un programme de réformes favorables au capital, il connaît une progression limitée, passant de 8 % à 10 % des voix, mais sans gain en termes absolus.

En revanche, l’extrême droite progresse nettement, même si cette progression est passée inaperçue, d’une part car elle n’a pas eu d’influence sur la répartition des sièges, d’autre part parce que les résultats du Linkspartei l’ont éclipsée. Pourtant, le NPD a multiplié ses voix par trois, passant de 266 000 à 745 000 voix. Ces progrès sont nets surtout à l’Est, où ce parti dépasse partout les 3 %, sauf en Saxe-Anhalt.

Mais c’est surtout la coalition PDS-WASG qui a connu un succès important, quoique limité. Elle a attiré 1,3 millions d’anciens électeurs du SPD, 25 % des voix des chômeurs et 20 % de celles des employés à bas salaire, ainsi qu’un pourcentage légèrement supérieur à son score moyen chez les salariés. Cependant, elle fait un résultat bien inférieur à celui dont elle était créditée au milieu de l’été, où on lui attribuait 12 % des intentions de vote : elle ne fait qu’environ 9 % et moins de 5 % à l’Ouest. Certes, cela s’explique en partie par le réflexe dit du « vote utile » (pour le SPD) et la faiblesse de ses structures militantes à l’Ouest. Mais ce n’est qu’une partie de l’explication : ce résultat traduit plus fondamentalement l’incapacité du Linkspartei à obtenir davantage qu’un vote protestataire. Les électeurs ne sont pas dupes face à l’absence d’une alternative crédible. Le PDS-WASG ayant notamment renoncé à exiger l’abrogation de la contre-réforme Hartz IV, les travailleurs ne pouvaient pas se sentir vraiment représentés par cette coalition, plus préoccupée d’une sage critique du « néo-libéralisme » que d’une défense conséquente des intérêts des salariés et des chômeurs. Refusant de mettre en cause le capitalisme lui-même et de proposer une orientation ouvrière et socialiste, le PDS ne peut faire aucune autre politique que celle des partis bourgeois qu’il critique, comme le prouvent les gouvernements auxquels il participe à Berlin et dans le Mecklembourg-Poméranie. De même, les vieux fonctionnaires du SPD et autres bureaucrates syndicaux recyclés dans le WASG sont peu crédibles auprès des travailleurs pour incarner une alternative à la politique des partis bourgeois. Cela s’est aussi exprimé dans des détails, comme le scandale des vacances luxueuses de Lafontaine en Espagne ou les discours xénophobes du même Lafontaine pour ratisser les voix de l’extrême droite.

En résumé, les élections marquent un début de tendance à la polarisation entre les classes, mais qui ne s’exprime que de façon très déformée sur le terrain électoral. En particulier, le pays apparaît comme coupé en deux, entre l’Est et l’Ouest, cette division géographique recouvrant en réalité une certaine polarisation sociale : la lutte de classes est plus forte à l’Est, où le chômage est plus massif, les salaires plus bas, etc. ; c’est pourquoi, notamment, le Linkspartei y fait ses meilleurs scores, avec 20 % des voix. Mais les vagues annoncées de licenciements dans l’industrie – Volkswagen, par exemple, a annoncé 10 000 suppressions d’emploi – vont inévitablement ranimer la lutte de classe à l’Ouest, autour des grands centres industriels.

Les résultats de ces élections marquent en tout cas la fin de cinquante ans d’hégémonie du SPD sur la classe ouvrière. C’est un fait d’une importance considérable : même si on ne saurait se faire la moindre illusion sur la volonté de la direction du WASG de lutter de façon conséquente pour les intérêts du prolétariat, l’apparition d’un nouveau parti à « gauche » du SPD exprime une tendance à la fracturation de la bureaucratie syndicale, elle ranime les interrogations politiques des masses et elle va offrir sans doute de nouvelles possibilités aux militants révolutionnaires pour sortir de leur rachitisme chronique. S’il ne fait aucun doute que tous les bureaucrates seront unis pour mener la vie dure à ces militants révolutionnaires et pour continuer à co-gérer avec le patronat les nouveaux reculs, cette division ouvrira inévitablement des brèches qu’il faudra savoir utiliser.

La situation issue des élections

L’autre grand enseignement de ces élections est que, si les réformes exigées par le capital ont une ample majorité au Parlement, il est clair que le résultat sorti des urnes n’est pas celui qui était attendu et souhaité par la bourgeoisie. Le capital voulait une majorité de rechange CDU-FDP pour poursuivre facilement les réformes engagées, sans avoir à s’arrêter aux protestations des masses. Cela aurait permis dans le même temps au SPD de se refaire une santé dans l’opposition, pour resservir la prochaine fois. Mais la configuration issue des élections a rendu impossible cette solution. Une grande coalition, qui apparaissait comme inévitable (même si on ne pouvait pas absolument exclure un gouvernement minoritaire s’appuyant sur des majorités variables), s’est réalisée. C’est un gouvernement CDU-SPD — dirigé par la CDU, mais avec un fort poids du SPD — qui va maintenant poursuivre la politique de son prédécesseur SPD-Verts, car les besoins du patronat allemand restent évidemment les mêmes qu’avant les élections. Cette nouvelle situation crée non pas une crise — le terme serait excessif —, mais des difficultés nouvelles à la bourgeoisie pour régler sa domination. D’une part, cette grande coalition risque d’aggraver la crise interne du SPD : cela vient de commencer avec le retrait de Müntefering, le fidèle de Schröder, du poste de secrétaire général, avec l’élection à ce poste, puis le retrait, de la représentante de la « gauche » du SPD, Andrea Nahles, et avec l’élection finalement de Mathias Platzeck, dirigeant du gouvernement de coalition SPD-CDU dans le Land du Brandenbourg et principal ministre SPD du gouvernement fédéral. D’autre part, la grande coalition risque d’être fort peu stable : les deux partenaires pouvant être tentés à chaque instant de provoquer des élections anticipées, si la conjoncture leur semble favorable à leurs intérêts respectifs. Or la poursuite de la politique de Schröder, faite d’austérité budgétaire, de blocage des salaires, de baisse de la protection sociale, de baisse des impôts sur les sociétés et sur les riches, etc., ne peut résoudre les deux problèmes centraux de l’économie allemande : une croissance relativement faible et un chômage de masse. De plus, la réduction des investissements publics en termes d’infrastructures, de recherche et d’éducation semblent des menaces à long terme sur les profits du capital allemand. En ce sens, on ne saurait s’attendre à une atténuation de la lutte des classes. Bien au contraire, les coups redoublés de la bourgeoisie vont appeler une réponse plus déterminée du prolétariat.

Certes, les travailleurs trouveront sur leur route l’obstacle de la bureaucratie syndicale et du Linkspartei. Mais, comme le Linkspartei n’a pas d’autre alternative à proposer à la politique « néolibérale » des partis traditionnels qu’une utopique politique « anti-néolibérale » impossible dans les nouvelles conditions mondiales, un espace va s’ouvrir pour regrouper sur la base d’une politique de classe indépendante. Ce développement sera sans doute relativement lent : les cinquante ans d’hégémonie du SPD sur le prolétariat ont imposé une déformation profonde et durable de la conscience de classe. Mais ce n’en est pas moins selon cette tendance que va se développer la situation.

Il faudra revenir sur l’attitude des différentes organisations allemandes qui se réclament du communisme révolutionnaire, tout particulièrement à l’égard du Linkspartei. Mais une chose est sûre : dans la nouvelle situation sociale et politique de l’Allemagne, où se trouve le prolétariat le plus concentré d’Europe, les communistes révolutionnaires authentiques ont une responsabilité immense. Ils doivent saisir l’occasion qui leur est offerte par le développement même de la situation et de la lutte de classe pour sortir de leur isolement en regroupant les militants de classe combatifs qui entreront inévitablement en conflit avec l’appareil conservateur des syndicats, du SPD et du Linkspartei lui-même.


1) Parmi ceux qui ont mis en place le WASG, on trouve tout d’abord de hauts dirigeants de Ver.di à l’échelle nationale, comme le chef de l’influente commission économique de Ver.di, Michael Schlecht, et son adjoint Ralf Krämer, ou encore Margret Mönig-Raane, ancienne secrétaire générale du syndicat HBV (Commerce, Banque et Assurances, avant sa fusion avec quatre autres syndicats dans Ver.di) et aujourd’hui l’une des vice-secrétaires générales de Ver.di, ainsi que hommes influents au sommet d’IG-Metall, comme Horst Schmitthenner, aujourd’hui retraité, longtemps membre de la direction nationale de IG-Metall, ainsi que deux de ses proches, Hans-Jürgen Urban und Axel Gerntke, qui travaillent en relation étroite avec le secrétaire général de IG-Metall, Jürgen Peters. Des dirigeants syndicaux dans les villes comme ceux de Ver.di Potsdam, Münich, Stuttgart, Düsseldorf, Francfort, Leipzig, Hamburg, ainsi que ceux d’IG-Metall Francfort et Schweinfurt, des dizaines et des dizaines de dirigeants syndicaux locaux et d’entreprises de ces deux syndicats, tout comme, quoique plus marginalement, des responsables du GEW (syndicat des enseignants), quelques responsables secondaires de IG-BCE (Mine, Chimie, Énergie) et Transnet, figurent également parmi les signataires de l’appel à voter pour le Linkspartei. Frank Bsirske, secrétaire général de Ver.di, membre des Verts, n’a pas caché sa sympathie pour l’appel. Le PDS a largement appuyé la constitution du WASG en lui prêtant des moyens financiers sans lesquels il n’aurait pu se monter aussi vite et surtout faire campagne pour les élections régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie. Des dissidents du WASG, qui ont rompu à droite avec lui, pointent notamment les étroites relations entre Bodow Ramelow, directeur de campagne du PDS, ex-secrétaire du HBV au niveau d’un Land au moment où Margret Mönig-Raane en était la secrétaire générale…