Article du CRI des Travailleurs n°7

« Sans-papiers » : Une lutte du mouvement ouvrier

Pétition-lettre ouverte à nos camarades du mouvement syndical

Sollicité pour signer la lettre-pétition suivante, le Groupe CRI a décidé de se joindre à cet appel, de le faire connaître et signer à ses sympathisants, aux lecteurs du Cri des travailleurs et dans les syndicats où ses militants interviennent. Pour signer, écrivez à militant@le-militant.org et à groupecri@free.fr ou à Militant, 18 rue Victor Massi, 75009 Paris.

« Lettre ouverte à nos camarades du mouvement syndical

- Parce que c’est le manque de travail qui les a contraint à quitter leur pays

- Parce qu’ils sont ici des ouvriers dans le bâtiment, les travaux, le nettoyage, la restauration, l’aide aux personnes...

Nous disons que la lutte des ouvriers sans-papiers s’articule nécessairement à la lutte globale contre l’impérialisme ainsi que la précarisation et le morcellement du salariat ailleurs comme ici.

Nous disons donc que la question des sans-papiers est une part de la question générale du Travail et qu’elle concerne à ce titre tous les salariés.

Nous disons donc enfin que la question des ouvriers sans-papiers doit être pleinement prise en compte par les organisations syndicales :

- Par l’organisation des sans-papiers dans le cadre syndical

- Par la défense sans faille du principe ‘à travail égal, salaire égal, statut égal’

- Par la revendication d’une régularisation générale et sans conditions avec la carte de 10 ans. »

Premiers signataires :

Dominique Cornet (SUD, à titre personnel), Raymond Debord (directeur du Militant), Safia Bakhti, Sabrina Ben Allel, Aïcha Fazouati, Roger Paturaud, Fousseny Traore (Association populaire d’entraide, comité de base foyer Rochebrune), Ouarda Yahi (Association populaire d’entraide), Souleymanne Coulibaly (APE, comité de base foyer Rochebrune), Kalibe Tebe, Bandiougou Traore, Kade Drame, Birahima Konate, Dama Konate, Boika Traore, Konate Konate (Montreuil), Jacques Vigoureux (Paris 18e), Karim Lakjaa (SUD collectivités territoriales agglomération de Reims), Claude Monnier (Épinay-sur-Orge, retraité), Michel Duranton (syndiqué UFICT-CGT, Mairie de Reims), Michel Guillaudeau (conseiller municipal communiste de Reims), Vincent Présumey (secrétaire départemental FSU de l’Allier), Maïté Jean (institutrice, 68 Kingersheim), Patricia Bougon, Kamel Mouhoubi, Christine Salvat (psychologue, Paris 18e), Thomas Fromentin (Toulouse, étudiant salarié, Snes-sup), Julie Lauret-Schumann (Toulouse, professeur), Céline Andreux (Aubenas 07, salariée-étudiante), Daniel Romet (enseignant, syndiqué SNUTEFI, Ardèche), Alain Joffre (syndiqué SUD Education Ardèche), Aline Pailler (journaliste, élue pour la CGT à Radio France), Olivier Grosos (Donzère 26, éducateur), Franck Dhainaut (militant associatif), Pedro Carrasquedo (organisation La Commune), Daniel Piétri (conseiller municipal d’Alfortville), Francis Fourquin (président du Comité chômeurs et salariés d’Alfortville), Wladimir Susanj (responsable syndical, Archives nationales), Danielle Bleitrach (sociologue, écrivain, Marseille), Jacques Damiani (résistant déporté à Dachau, syndiqué CGT), François Ferrette (employé de bureau, SNASUB-FSU), Groupe CRI.

Levée des poursuites contre Romain Binazon

Romain Binazon, porte-parole de la « Coordination nationale des sans-papiers », a été arrêté par la police le dimanche 24 août 2003, à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, dans l’avion qui devait le conduire au Bénin, pour s’être élevé contre le traitement inhumain que des policiers faisaient subir à deux Béninois sans-papiers sous le coup d’une procédure d’expulsion, menottés, attachés par les mains et par les pieds. Romain Binazon s’est présenté, il a protesté contre ce traitement indigne et a demandé, conformément à la loi, la venue à bord d’un médecin et d’un représentant de la Croix-Rouge. Il a été expulsé de l’avion et tenu en garde à vue jusqu’à expiration du délai maximal. Inculpé pour « rébellion et provocation à la rébellion », il risque maintenant jusqu’à trois mois de prison et une forte amende.

Le Groupe CRI condamne ces violences policières, qui ne cessent de se multiplier en particulier contre les immigrés et les militants, il condamne la politique du gouvernement Chirac-Sarkozy qui, aggravant encore celle de ses prédécesseurs de droite comme de gauche, consiste à généraliser les contrôles policiers et à expulser le maximum de « sans-papiers », avec d’ailleurs une violence souvent terrible, comme l’a prouvé la mort de deux immigrés expulsés de force en décembre 2002 et en janvier 2003.

Le Groupe CRI exige la levée des poursuites contre Romain Binazon.

Il appelle ses sympathisants et les lecteurs du Cri des travailleurs à participer au rassemblement pour exiger sa relaxe le jour de son procès :

Mercredi 24 septembre,

à 13h, devant le Palais de Justice de Bobigny

Pour les droits des immigrés !

On lira ci-dessous les extraits de notre « Projet de programme CRI » qui concernent les immigrés :

« (...) La police passe le plus clair de son temps d’intervention à terroriser les jeunes des banlieues (contrôle au faciès, provocations dans les cités...) et à expulser les immigrés. Elle est également sollicitée pour mâter les manifestants dès que ceux-ci insistent un peu pour négocier sur la base de leurs revendications. » (...)

« L’inégalité de développement entre les différents pays, inévitable sous le capitalisme, est devenue à l’époque de l’impérialisme particulièrement criante. Elle pousse des millions d’hommes, acculés dans leur propre pays à la misère la plus grande à tenter de s’en sortir en immigrant vers des pays plus riches. Or, dans ces pays, les immigrés et même leurs enfants sont traités comme des citoyens de seconde zone, quand ils ne sont pas traités a priori comme des délinquants. Des milliers sont renvoyés dans leur pays d’origine manu militari (même quand, ayant passé leur enfance dans le pays d’élection de leurs parents, ils n’ont aucun lien avec ce prétendu ‘pays d’origine’). Des millions sont contraints par les lois bourgeoises à une clandestinité qui les prive de tous droits et les livre à une exploitation maximale, quand ce n’est pas la prostitution. Même quand ils sont autorisés à séjourner, les travailleurs immigrés subissent une oppression spécifique en tant qu’étrangers, victimes du racisme, de la discrimination et de la privation des droits civiques. En outre, depuis le milieu des années 70, les gouvernements de ‘droite’ et de ‘gauche’ ont mis en place tout un arsenal législatif contre les travailleurs immigrés : lois remettant en cause le droit du sol, créant les centres de rétention administrative, instituant la ‘double peine’ ; refus de régulariser les travailleurs qui se retrouvent ‘sans-papiers’ à cause de ces lois ; expulsions massives ; mise en cause du droit d’asile…

« Le parti communiste révolutionnaire doit combattre contre les préjugés racistes, œuvrer à l’unité des travailleurs ‘nationaux’ et immigrés, qui constituent ensemble, dans chaque pays, une seule et même classe ouvrière. Aux tentatives de la bourgeoisie de briser l’unité de la classe ouvrière en dressant des ‘communautés’ les unes contres les autres, notamment en fabriquant des ghettos urbains, en mettant en place des systèmes de quotas, fût-ce au nom d’une discrimination prétendument ‘positive’ — par exemple à l’école —, le parti communiste révolutionnaire internationaliste oppose la défense de l’égalité des citoyens devant la loi, la laïcité de l’École et de l’État et la revendication des mêmes droits pour les travailleurs étrangers résidents que pour les travailleurs ‘nationaux’ :

- Pour la naturalisation des étrangers vivant et travaillant dans le pays, s’ils le souhaitent ;

- Pour l’égalité complète des droits sociaux entre les travailleurs ‘nationaux’ et étrangers ;

- Pour la régularisation de tous les ‘sans-papiers’ ;

- Pour l’abrogation des lois anti-immigrés, pour le droit du sol intégral, pour la fermeture des camps de rétention, pour l’abolition de la ‘double peine’ ;

- Pour la libre circulation de tous ;

- Pour le respect du droit d’asile politique et des droits des réfugiés. »