Article du CRI des Travailleurs n°23

La résolution 1701 de l'ONU impose la « paix » impérialiste

Nous publions ci-dessous une analyse de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, rédigée dès le lendemain de son approbation par un camarade syndicaliste étudiant.

 

La résolution 1701 a été votée, dans la nuit de vendredi 11 à samedi 12 août, par le Conseil de sécurité de l’ONU, à l’unanimité de ses 15 membres. Cette résolution donne entièrement satisfaction à Israël et à l’impérialisme. Quand Shimon Peres déclare : « Nous avons obtenu satisfaction sur la quasi-totalité de nos exigences. C'est sans précédent », l’examen du texte lui donne totalement raison.

L’ONU considère que les hostilités ont été déclenchées par le Hezbollah, et donc qu’Israël n’a fait que se défendre : « Se déclarant extrêmement préoccupé par la poursuite de l'escalade des hostilités engagées au Liban et en Israël depuis l'attaque du Hezbollah en Israël le 12 juillet 2006 ». Autrement dit, en capturant deux soldats israéliens (dans le but d’obtenir la libération des centaines de libanais, y compris des enfants, emprisonnés en Israël), la résistance libanaise serait responsable de la campagne israélienne de terreur et de destruction du Liban. Pour l’ONU, les résistants sont les coupables et Israël n’a fait que riposter (la résolution ne dit même pas qu’Israël l’a fait de façon « disproportionnée », parlant seulement d’escalade de la part des deux camps). Ainsi, après avoir détruit le Liban, Israël pourra s’en laver les mains, l’ONU n’exigeant même pas d’elle une participation financière à la reconstruction du Liban.

Ayant identifié la cause principale de la crise actuelle, l’ONU réclame « la libération inconditionnelle des [deux] soldats israéliens enlevés ». Autrement dit, la résistance est sommée de libérer sur le champ et sans contrepartie les deux soldats israéliens. Par contre, l’ONU n’exige pas la libération des résistants libanais emprisonnés en Israël, se contentant d’une formule creuse, se disant seulement « conscient du caractère délicat de la question des prisonniers et encourageant les efforts visant à régler d'urgence la question des prisonniers libanais détenus en Israël ». Bref, Israël peut maintenir en détention les libanais avec la bénédiction de la « communauté internationale ».

La résolution n’exige pas le retrait immédiat des troupes d’occupation du Liban. L’ONU dit simplement être « déterminée à agir de telle sorte que ce retrait intervienne le plus tôt possible ». Autrement dit, l’ONU laisse tranquillement l’État d’Israël finir sa sale besogne. Après la fin de ses opérations « offensives » visant à conquérir toute la zone comprise entre la frontière et le fleuve Litani, Israël annonce sa volonté de rester quelque temps (deux semaines selon les dernières déclarations) pour « nettoyer » (selon leur expression) la zone conquise, ce que lui permet l’ONU qui ne lui demande que de cesser ses « offensives militaires ». Après la fin du « nettoyage », Israël pourra passer le relais à une force internationale (FINUL) de 15 000 hommes.

Alors qu’Israël a dévasté et occupe une partie du Liban, l’ONU considère que la résistance constitue la grande menace qu’il faut neutraliser. Ainsi, les troupes internationales ne seront pas déployées dans l’État d’Israël pour neutraliser ses velléités guerrières, mais dans la partie sud du Liban (précisément dans la partie du Liban qu’Israël s’emploie à « nettoyer » avant de passer la main à l’ONU) pour aider le gouvernement libanais à appliquer la résolution 1559 de l’ONU, c’est-à-dire à désarmer la résistance. L’occupation impérialiste du Liban vise à empêcher toutes les opérations de la résistance libanaise contre Israël, laissant totalement isolé la Résistance palestinienne.

La résolution n’exige pas qu’Israël quitte la partie du Liban qu’elle occupe depuis 1967 (les fermes de Chebaa). Elle se contente de dire : « Prenant dûment note des propositions faites dans le plan en sept points concernant le secteur des fermes de Chebaa (…) ». Israël pourra donc continuer à occuper cette partie du territoire libanais pendant que la force internationale la protégera de la résistance libanaise.

Enfin, rappelons que l’ONU n’a strictement rien à dire sur les opérations d’Israël à Gaza et en Cisjordanie. Israël continue ses opérations armées dans ces territoires, massacrent la population, kidnappent les représentants élus du peuple palestinien, etc. sans que la « communauté internationale » s’en émeuve. Enlever deux soldats d’un État raciste et colonial est pour la communauté internationale bien plus grave que l’oppression du peuple palestinien et les exactions qui vont avec.