Article du CRI des Travailleurs n°23

Fusion Suez-GDF : Non à la fusion-privatisation ! Oui à la fusion-renationalisation à 100 % d'EDF et de GDF, sous contrôle ouvrier !

Tract du Comité pour un Courant Intersyndical Lutte de classe Antibureaucratique (12 septembre)

Les conséquences de la fusion-privatisation

L’Assemblée Nationale discute en ce moment sur le projet de loi permettant la privatisation complète de GDF, afin de permettre sa fusion avec le groupe privé Suez. Pour les travailleurs de ces entreprises, cette fusion s’accompagnera inévitablement de la perte de milliers d’emplois et, corrélativement, de la dégradation des conditions de travail. Pour les usagers, les tarifs du gaz et des interventions – payantes depuis la privatisation partielle – vont augmenter encore plus vite (en un an de privatisation partielle, le prix du gaz s’est déjà accru de 20%). Enfin, la privatisation des infrastructures sensibles comme réseau du gaz représente une menace pour la sécurité de tous, comme l'ont prouvé les récentes pannes d'électricité gigantesques aux États-Unis.

Un pas de plus dans la liquidation du secteur public de l’énergie, menée par les gouvernements

Dans le cadre des « réformes » de l'Union Européenne et afin de satisfaire l’appétit des capitalistes pour le marché juteux de l’énergie, les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont procédé depuis 1999 à la libéralisation des marchés de l’énergie et à la liquidation progressive des services publics de l’énergie (EDF et GDF) :

• février 1999 : la majorité de gauche plurielle ouvre le marché du gaz et de l’électricité à la concurrence.

• mars 2002 : Jospin et Chirac co-élaborent avec Bruxelles le calendrier de l’ouverture totale à la concurrence (100% en 2007).

• juin 2004 : privatisation partielle d’EDF et de GDF, l’État devant garder au moins 70% du capital de ces entreprises.

Si la privatisation complète de GDF était entérinée aujourd’hui, il n’y a pas de doute que celle d'EDF le sera bientôt. Mais, comme on peut le constater en ce moment, même le maintien de ces deux entreprises dans leur statut actuel ne donne aucune garantie. Ainsi, pour stopper durablement tout ce processus de privatisation, il n'y a pas d'autre solution que la fusion-renationalisation à 100% d'EDF et de GDF, sous le contrôle des travailleurs.

Avec la complicité active des directions syndicales

D’avril à juin 2004, il y a eu une forte mobilisation des salariés d’EDF et GDF pour s’opposer au projet de privatisation de ces entreprises : plusieurs journées d’action importantes, grève très suivie, multiples initiatives locales comme la coupure ciblée de courant,… Pourtant, le projet est finalement passé à cause de la démission des directions syndicales, qui ont crié victoire et stoppé net la mobilisation quand Sarkozy a promis de garantir la présence de l’État à 70% dans le capital de ces entreprises – on voit aujourd’hui ce que cette promesse est devenue.

En mars-avril dernier, alors qu’il fallait organiser la convergence avec le mouvement contre le CPE et la LEC, ces mêmes directions syndicales ont préféré appeler à une manifestation séparée des gaziers le 11 avril, manifestation qui n'a finalement débouché sur rien.

Aujourd'hui, alors que 94% des travailleurs de GDF ont affirmé leur refus du plan de fusion-privatisation, ces directions syndicales ne prévoient rien d'autre qu'une nouvelle journée d’action sans aucune perspective.

Il faut partout s'auto-organiser et imposer aux directions syndicales la grève et la manifestation nationale !

Comme on a pu constater lors du mouvement contre le CPE et la LEC, seules la grève générale des étudiants et des lycéens et la mobilisation de larges secteurs de la classe ouvrière ont pu faire reculer le gouvernement.

Pour empêcher la fusion Suez-GDF et mettre en échec la politique de libéralisation-privatisation du secteur de l’énergie, les travailleurs de ce secteur doivent dès aujourd’hui rejeter toute illusion dans la mascarade parlementaire et organiser eux-mêmes le combat en se réunissant partout en Assemblée Générale commune EDF-GDF-Suez et en mettant à l’ordre du jour la question de la grève jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. Corrélativement, dans la perspective d’unifier le combat à l’échelle nationale et d’étendre la mobilisation à tous les travailleurs, il faut imposer aux directions syndicales qu'elles rompent clairement avec la politique du gouvernement et s’engagent dès aujourd’hui à construire la grève jusqu’à la satisfaction des revendications et à organiser une manifestation nationale massive pour la défense des services publics de l’énergie.