Article du CRI des Travailleurs n°25

Déclaration finale de la Rencontre panaméricaine en défense de l'emploi, des droits, de la réforme agraire et du parc industriel

Le Groupe CRI s’associe, malgré certaines réserves, notamment sur l’appréciation de Chavez (cf. notre article ci-dessus), à l’appel adopté par la Conférence panaméricaine en défense de l’emploi, des droits, de la réforme agraire et du parc industriel qui s’est tenue au Brésil en décembre. Cette conférence a été initiée par les ouvriers des usines occupées du Brésil et par des secteurs syndicaux lutte de classe de plusieurs pays d’Amérique latine. Nous invitons nos lecteurs à faire connaître largement son appel. Les modalités pratiques d’association à l’initiative proposée sont en cours de discussion. — Nous remercions notre camarade brésilien sympathisant Carlos Santoro pour la traduction française de l’appel.

« Venus de 12 pays différents, nous sommes 691 délégués à nous être réunis à Joinville, dans l’État de Santa Catarina, au Brésil, les 8, 9 et 10 décembre 2006, avec l’appui des centrales syndicales suivantes – CUT (Brésil), COB (Bolivie), UNT (Venezuela), et PIT-CNT (Uruguay) – pour avoir un échange d’expériences et relier nos luttes en défense des intérêts les plus chers à la classe ouvrière et à tous les exploités et opprimés de ce monde. Nous avons a eu l’occasion participer à un riche débat et à une expérience mémorable.

Notre rencontre a été ouverte par la signature de l’accord collectif de travail entre les travailleurs de la CIPLA, la CUT (du Brésil) et la Confédération des chimistes (CNQ/CUT), prévoyant une semaine de travail de 30 heures (sans réduction de salaires ou suppression d’autres avantages). Nous nous engageons à faire connaître cette conquête aux travailleurs de toutes les usines lieux de travail, syndicats et organisations sociales.

C’est la remarquable résistance de la classe ouvrière partout dans le monde qui nous a réuni. Une résistance qui, dans le continent américain, est devenue un vent révolutionnaire qui soulève les peuples et balaie les gouvernements anti-populaires, soumis à l’impérialisme. Les opprimés et les exploités sont fatigués de l’oppression et de l’exploitation impérialistes. C’est pour cette raison que nous sommes si motivés et solidaires avec la révolution vénézuelienne et les combats héroïques des mineurs salariés et du peuple travailleur bolivien.

Toutes les interventions ont témoigné de la haine destructrice des actions de l’impérialisme dans chaque pays, partout dans le monde. Mais il y a, également, de nombreux témoignages d’extraordinaires exemples de lutte, de l’esprit de sacrifice des travailleurs des villes et des campagnes, dans la défense de leurs intérêts immédiats et historiques. Nous sommes tous, dans tous les pays, des frères de classe unis dans la lutte contre le même fléau, l’exploitation capitaliste, qui remplit de douleur et de souffrance la vie de milliards d’êtres humains.

L’impérialisme et ses instruments, le FMI, la Banque mondiale, le paiement de la dette extérieure des pays dominés, les traités de libre commerce, tout cela conspire contre les peuples, augmentant l’exploitation des hommes et des femmes. Ils essaient de liquider nos conquêtes et nos droits par les moyens les plus crapuleux. Ils essaient de corrompre les organisations des travailleurs et de les transformer en leurs propres instruments. Pour cela, ils comptent souvent sur l’appui de ceux qui, au sein même de la classe ouvrière, sont soumis psychologiquement et nous disent qu’il n’y a pas d’issue en dehors du capitalisme, que notre destin est celui d’essayer de donner un visage humain au monstre impérialiste. Mais, s’ils n’arrivent pas à tromper, à diviser ou à désorganiser la classe ouvrière, l’impérialisme et ses instruments agissent brutalement, sous les formes les plus diverses.

Cette politique, impulsée et contrôlée par les banques, les multinationales, les grands propriétaires fonciers, et mise en place par différents gouvernements soumis au capital, provoque la liquidation des entreprises, la concentration des terres, des licenciements massifs, la liquidation de l’enseignement, de la santé, des services publics, et les privatisations.

Et quand tout cela ne leur paraît pas suffisant, alors ils organisent le pillage de la planète par des guerres et des invasions militaires. Nous, qui sommes pour la paix et la collaboration fraternelle entre les peuples, nous qui défendons les droits humains, économiques, sociaux, culturels et environnementaux des peuples, c’est-à-dire leur autodétermination et leur droit à la liberté et à la paix, nous n’acceptons pas l’invasion de l’Irak, de l’Afghanistan, d’Haïti ou de la Palestine.

Notre lutte de résistance, contre la destruction imposée par le capitalisme, a pris différentes formes, dans différents pays. La libre discussion entre les travailleurs sur l’avenir et les perspectives de cette résistance, en particulier l’occupation des usines, est l’élément qui permettra d’éclairer les doutes et d’avancer vers notre objectif, qui est celui de défendre nos conquêtes, nos postes de travail et de libérer l’humanité de l’esclavage capitaliste, dans lequel des millions d’êtres humains souffrent pour assurer l’indécente qualité de vie d’une poignée de privilégiés.

Une chose est sûre, néanmoins : ce ne sont pas les travailleurs qui ont créé les crises et la misère. Pour cette raison, nous exigeons que les gouvernements assument leurs responsabilités et développent une politique effective contre la misère et l’exploitation que nous subissons.

Pour cette raison encore, nous, les travailleurs, avons le droit de réagir, de nous organiser et d’occuper les usines et les terres. Le président Chavez avait raison quand il a déclaré, lors de la 1ère rencontre latino-américaine des usines récupérées par les travailleurs, qu’« une usine en faillite doit être une usine occupée par les travailleurs ». Et au même moment, il a annoncé la nationalisation de deux nouvelles usines occupées par les travailleurs. Nous considérons l’occupation des usines comme une tâche pratique à réaliser (en tenant compte des différents moments et situations) dans nos pays. Nous chercherons l’appui des organisations des travailleurs ruraux et urbains, ainsi que de leurs représentants élus, maires et députés, pour diffuser nos objectifs.

Pour cette raison encore, nous soutenons l’organisation, au Venezuela révolutionnaire, de la 2e rencontre latino-américaine des usines récupérées par les travailleurs, au cours de l’année 2007. Nous nous considérons, d’ores et déjà, comme partie prenante de cette rencontre.

Pour cette raison enfin, nous avons créé, dans cette Rencontre panaméricaine en défense de l’emploi, des droits, de la réforme agraire et du parc industriel, un Comité international de liaison. Nos objectifs sont les suivants : assurer la diffusion de nos résolutions, la continuité de notre échange d’expériences par la publication d’un bulletin et par d’autres moyens ; organiser la défense internationale de nos mouvements et le soutien à leurs initiatives, donnant suite à notre effort de lutte contre toute oppression et exploitation, pour la fin du régime de la propriété privée des grands moyens de production et pour la construction du socialisme. »