Article du CRI des Travailleurs n°28

Bandits impérialistes, hors d'Afghanistan !
(Communiqué de la Gauche radicale d'Afghanistan)

Le Groupe CRI soutient et publie ici l’appel reçu de la Gauche radicale d’Afghanistan qui, dans des conditions extrêmement difficiles, combattent l’occupation de ce pays par les impérialistes depuis l’automne 2001. Ce texte a été rédigé en relation avec des militants anti-impérialistes italiens, ce qui explique l’insistance finale sur le retrait des troupes envoyées par Rome. En tant qu’organisation de France, nous ajoutons pour notre part que nous exigeons tout particulièrement le retrait des troupes françaises, envoyées d’un commun accord, sur injonction de Bush, par Chirac et Jospin, avec la complicité objective du PCF, qui faisait alors partie du gouvernement français.

La traduction est de Frédéric Traille.

L’OTAN conduit-elle une mission de paix ou de barbarie en Afghanistan ?

L’impérialisme américain et ses alliés européens ont justifié leur mission criminelle et de pillage, et leur guerre en Afghanistan en tant que « mission de paix ». Ils attendent que notre peuple les remercie pour avoir eu la pitié de nous envahir, avoir fait de l’Afghanistan un pays colonial et  avoir établi ici un régime fantoche qui n’a aucune détermination ni indépendance !

Plusieurs fois Karzai a demandé aux États-Unis et à l’OTAN de coordonner leurs opérations militaires avec l’armée afghane pour éviter les pertes civiles, mais personne ne lui a prêté attention, même quand il pleurnichait et se lamentait devant ses maîtres étrangers !

Tuer des civils durant chaque opération militaire est devenu un hobby pour ces occupants assoiffés de sang. Ils donnent des raisons stupides pour justifier ces crimes pendant les bombardements, en tant que partie inévitable des opérations ?!

Mais comment peuvent-ils justifier d’ouvrir le feu sur des civils après une explosion ou une attaque suicide ? Il n’y a pas de média « impartial » pour rendre compte des crimes haineux des États-Unis, de l’OTAN et de leurs régimes locaux dans les zones de guerre, seulement des médias qui dépendent d’eux. Dans la plupart des cas, ils cachent la véritable nature de ces pertes, des destructions ainsi que la situation réelle. Ils prétendent éhontément que toutes les personnes tuées pendant ces opérations sont des Talibans, alors que même les autorités locales ne confirment pas ces affirmations et se demandent comment des femmes innocentes et des enfants peuvent être des Talibans !

Si on accepte le chiffre, donné par les représentants des États-Unis, de l’OTAN et du régime de Karzai, de 86 morts quotidiens en moyenne parmi leurs ennemis, il devient facile de comprendre la popularité et les racines de la résistance contre l’occupation. Mais la situation réelle est que la résistance contre l’occupation ne se limite plus aux Talibans. Car les occupants, par leur politique inhumaine, leurs tactiques barbares et leur comportement non-civilisé ont creusé leur propre tombe et ont fait du peuple leur « ennemi ». Le peuple d’Afghanistan a réalisé que les envahisseurs impérialistes ne lui ont rien apporté d’autre que la mort, la destruction, l’humiliation, la pauvreté, le chômage, l’instabilité, la corruption, l’exil et la mendicité. Et que toutes les douces promesses et les lois des démocraties occidentales n’étaient que des blagues amères. Maintenant, le peuple d’Afghanistan et les forces progressistes du monde entier critiquent les initiateurs de la « mission de paix » pour toutes les misères, le chaos la tragédie sanglante en Afghanistan. À côté de nombreuses réactions depuis l’intérieur ou l’extérieur de l’Afghanistan à propos des pertes quotidiennes parmi les civils, particulièrement ces trois dernières années, le nouveau ministre de l’intérieur italien M. Massimo D’Alema a dit mercredi (25 juillet 2007) que la mission séparée menée par les États-Unis en Afghanistan recouvrait la mission de l’OTAN et devait être stoppée. En parlant des pertes civiles, D’Alema a déclaré : « ce n’est pas acceptable sur le plan moral et désastreux sur le plan politique ». Auparavant, le Premier Ministre Romano Prodi n’a toutefois pas tenu compte des appels américains à ses alliés européens à fournir plus de troupes pour combattre les insurgés dans le sud de l'Afghanistan et a soulevé des restrictions sur comment et où les soldats pouvaient combattre.

Les 24 et 25 mars 2007 se tenait une conférence internationale contre la guerre et l’occupation organisée par le Camp Anti-Impérialiste à Chianciano Terme en Italie. Le camarade Hanifullah Hanif (Rahim Ramim) était invité depuis l’Afghanistan à cette conférence pour représenter le mouvement anti-occupation et de résistance révolutionnaire en Afghanistan, mais du fait du risque immédiat de détention qu’il encourt de la part du régime de Karzai, son voyage a été annulé et deux autres camarades ont rejoint la conférence à sa place.

L’Independente, un journal italien, a publié un article le 16 mars, écrit par M. Salvatore Dama, où il rangeait comme le gouvernement d’Afghanistan Rahim Ramim parmi les Talibans, pour assombrir son rôle indépendant et révolutionnaire et pour semer la confusion parmi les opinions publiques à propos du mouvement de résistance en Afghanistan. M. Salvatore Dama a également critiqué le camarade Leonardo Mazzei (l’organisateur de la conférence) pour avoir invité Ramim et soutenu la résistance révolutionnaire de gauche en Afghanistan contre l’occupation et contre les forces du régime fantoche de Karzai. C’est un trait commun de tous les régimes impérialistes et fascistes comme celui de Karzai que d’étiqueter leurs opposants de « rebelles » ou de « terroristes » qu’il faut traquer et tuer, afin de légitimer leur présence illégale au pouvoir ! D’un autre côté, tous les soutiens de la guerre sanglante en Afghanistan essaient de montrer au monde entier que seuls les Talibans s’opposent au régime de Karzai. Mais en fait, ils essaient de cacher le caractère populaire de la résistance contre l’occupation en Afghanistan, où les forces de gauche ont joué un rôle significatif. Il suffit de souligner les grosses manifestations anti-américaines de Jalalabad (mai 2005) et de Kabul (29 mai 2006), où plusieurs de nos militants ont été arrêtés, et certains d’entre eux comme les camarades Noor, Hanif, Nasir, Inam, Saifullah, Ezat, Farda, Safiullah, Redwanm, Fazal Rabi... sont encore poursuivis par le « régime démocratique de Karzai », le symbole du rétablissement de la démocratie de Bush dans la région ! Cela vaut la peine de mentionner qu’il y a seulement quelques semaines, le régime a détenu un journaliste officiel (Nang), qui a touché les origines de Karzai, et mené une enquête contre lui, et qu’un autre journaliste indépendant (Mir Hazir) a été détenu et menacé pour avoir révélé la corruption de personnes de haut rang du régime.

M. Dama argue que la coalition États-Unis/OTAN, incluant les troupes italiennes, ont mené une « mission de paix » en Afghanistan, où le peuple afghan les soutient ! Mais maintenant je voudrais attirer l’attention de M. Dama et de ses amis au moins sur les deux dernières expressions de M. Massimo D’Alema où il a demandé la fin de la « mission de paix » et l’a déclarée « inacceptable et désastreuse » ! Rangera-t-il également D’Alema avec Leonardo Mazzie, les Taliban et Rahim Ramim (Hanifullah Hanif) ?

Nous demandons au Premier Ministre Romano Prodi et au ministre Massimo D’Alema d’oser davantage et d’avancer concrètement en retirant leurs 200 hommes des troupes d’invasion d’Afghanistan et en arrêtant leur coopération avec la mission « inacceptable » et « désastreuse » des États-Unis et de l’OTAN en Afghanistan. 

Gauche Radicale d’Afghanistan
29 juillet 2007, Afghanistan
lr_afg@yahoo.com