Article du CRI des Travailleurs n°31

Pour vaincre Darcos, les journées d’action ne suffiront pas !
Il faut la grève jusqu’à satisfaction !
(Tract du CILCA)

Une offensive d’une brutalité sans précédent

C’est le début d’une offensive sans précédent contre l’enseignement public, le statut des personnels et les conditions d’enseignement pour les élèves. Ici comme ailleurs, le mandat donné par le MEDEF à Sarkozy-Fillon est de pulvériser les acquis de la lutte des classes pour améliorer la compétitivité des patrons français sur le marché mondial.

Les 30 000 suppressions de postes dans l’Éducation Nationale entre 2003 et 2008, ont déjà gravement dégradé les conditions de travail et d’enseignement. Pourtant, le gouvernement veut supprimer plus de 20 000 postes par an, soit 80 000 entre 2009 et 2012, un rythme trois fois supérieur à celui des 5 dernières années. Il commence avec 11 000 suppressions cette année. Si les statuts des enseignants et les horaires-élèves n’étaient pas modifiés, des suppressions de postes aussi massives empêcheraient dès la rentrée de septembre 2008 de mettre un enseignant devant chaque classe.

C’est pourquoi le gouvernement décide des réformes très brutales : suppression des BEP et généralisation des bac pro en 3 ans, réforme du statut des enseignants et du système scolaire sur la base du rapport Pochard : annualisation et allongement des obligations de service, signature d’un contrat avec l’établissement, notation exclusivement par le proviseur, individualisation des salaires, suppression des concours, réduction des horaires-élèves, autonomie accrue des établissements, etc.

La volonté de résistance se heurte à la politique collaboratrice ou résignée des directions syndicales

Dès cette année, les suppressions de postes sont si massives qu’elles provoquent un mouvement généralisé de refus des DHG et de nombreux conflits locaux dans toutes les académies : motions de CA, manifestations, blocages d’établissements, grèves reconductibles… La suppression des BEP et le rapport Pochard, encore insuffisamment expliqué par les syndicats, sont très largement rejetés. Mais que proposent les directions syndicales aux enseignants ?

Certaines collaborent ouvertement. Dans le primaire, le SE-UNSA et le SGEN-CFDT ont signé un protocole avec Darcos. La direction nationale du Snuipp-FSU a couvert cette trahison, avant que la révolte de ses sections départementales ne la contraigne à reculer. Mais, sauf dans le 93, le Snuipp a décidé d’appeler à la grève le 19 mars, c’est-à-dire de séparer les enseignants du primaire et du secondaire ! Dans le secondaire, le SGEN juge que le rapport Pochard « reste un livre ouvert qui renferme les éléments permettant une vraie négociation » et le SE prétend que, « si certaines ébauches de solution sont intéressantes, d’autres n’échappent pas aux contradictions ».

Le SNES, SUD, FO et la CGT-Éducation, quant à eux, rejettent ces mesures. Pour eux, le rapport Pochard « ne peut en aucun cas être une base de discussion ». Cependant, la direction du SNES n’affiche même pas clairement les revendications minimum dans l’appel à la grève du 18 mars : aucune suppression de poste, retrait de la suppression des BEP, abandon du rapport Pochard ! Elle semble craindre que, si elle le faisait, l’inconsistance de son prétendu « plan d’actions pour gagner » (grève nationale le 18 mars, manifestation le 29 mars sur les retraites… puis plus rien jusqu’à une « manifestation nationale » de l’Éducation le 17 ou 18 mai !) n’apparaisse au grand jour. En effet, comment la tactique des journées d’action sans lendemain, qui a prouvé son inefficacité face à la politique de contre-réformes de Chirac-Jospin, Chirac-Raffarin et Chirac-Villepin, pourrait-elle être plus efficace face à la politique de contre-réformes de Sarkozy-Fillon, alors que celles-ci sont encore bien pires que les précédentes ? Cette orientation exprime la résignation des chefs syndicaux réformistes : pour eux, il ne saurait être question de se battre pour gagner, mais seulement de « limiter les dégâts ». Comme si l’on pouvait « limiter les dégâts » en subissant passivement une attaque d’une telle envergure !

Seule la grève générale de l’Éducation peut stopper le plan Sarkozy-Darcos

L’expérience montre que seule la grève généralisée et reposant sur des AG coordonnées à tous les niveaux sont capables de faire reculer les gouvernements. Cela a été le cas de la grève des étudiants contre le plan Devaquet et de celle des cheminots en 86, des grandes grèves de 95 contre le plan Juppé, de la lutte déterminée des étudiants, soutenus par les salariés, contre le CPE, lutte partiellement victorieuse après deux mois de grève totale avec occupation des universités en 2006. La seule façon réaliste d’espérer vaincre le plan de Sarkozy-Darcos, c’est donc de réussir à atteindre un tel niveau de mobilisation. Comment y parvenir ?

Il faut tout à la fois organiser les luttes contre les suppressions de postes, les coordonner, expliquer patiemment les réformes, et proposer des motions adressées aux syndicats pour l’organisation d’un véritable plan de bataille afin de gagner. C’est la condition pour pouvoir espérer faire triompher dans nos syndicats l’exigence d’un appel à la grève jusqu’à satisfaction. Il faut également penser à définir des plate-formes de revendications qui incluent l’exigence d’une hausse de salaire de 300 euros pour tous et le refus de l’allongement de la durée de cotisation pour les retraites à 41 ans : c’est ouvrir la voie à une jonction avec les autres travailleurs, qui ont manifesté leur mécontentement dans de nombreuses grèves.

Le texte de l’AG du 93 du 11 mars ayant regroupé 18 lycées et 16 collèges constitue un point d’appui en ce sens. Il appelle à assurer le succès du 18 mars, à reconduire la grève et à manifester le 20 mars au Ministère. Pour avancer dans la coordination des établissements en lutte, l’AG du 93 invite à participer à une AG après la manifestation parisienne du 18 mars.

Pour préparer ensemble la suite de la lutte, participons tous à l’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE de grévistes le 18 mars à 17h 30 à la Bourse du Travail.

CILCA
17 mars 2008

Qu’est-ce que le CILCA ?

Le Comité pour un Courant Lutte de Classe Antibureaucratique, fondé en février 2006, vise à regrouper les syndicalistes de lutte de classe, pour rompre l’isolement et agir ensemble contre la « négociation » des reculs sociaux, contre la collaboration de classe, pour la réappropriation de nos syndicats. Il est co-organisateur des Forums du syndicalisme de classe et de masse et co-éditeur du Bulletin du syndicalisme de classe et de masse.

Site : http://courantintersyndical.free.fr Courriel : courantintersyndical@free.fr Tél. : 06 66 25 16 65