Article du CRI des Travailleurs n°31

Solidarité avec le peuple tchadien !
Front unique pour combattre l’intervention française au Tchad !

Au moment où la presse a révélé la nouvelle intervention de l’armée française aux côtés du dictateur tchadien Idriss Déby, le Groupe CRI s’est adressé aux organisations qui se réclament de l’anti-impérialisme pour leur proposer une protestation commune dans un cadre de front unique, avec l’objectif d’une manifestation. Seuls le Comité Communiste Internationaliste (trotskyste), le groupe Union Pour le Communisme, le Mouvement pour l’Égalité, la FSE Paris-I/IV et le Groupe bolchevik ont répondu. Le texte suivant est une prise de position commune de ces organisations, à l’exception du Groupe bolchevik, qui n’a pas souhaité parvenir à un accord en vue d’une initiative commune.

Au moment où nous bouclons ce journal, les modalités exactes de la campagne prévue restent en cours de discussion, mais deux premières réunions publiques, co-organisées avec des forces supplémentaires, auront lieu le mercredi 2 avril à Lyon et le jeudi 10 avril à l’Université de Paris-I Tolbiac. Les lecteurs intéressés sont invités à nous contacter.

Alors qu’ils multiplient les attaques contre les travailleurs en France (contrat de travail, retraites, Sécurité sociale, traque et expulsion des sans-papiers, loi Pécresse, rapport Attali, rapport Pochard, nouveau traité européen, etc.), Sarkozy et son valet Kouchner prétendent œuvrer pour la paix au Tchad. Comme en 2006, il s’agit en fait de sauver le régime dictatorial, criminel et corrompu d’Idriss Déby. C’est pour cela que l’armée française est intervenue directement : « Dans le cadre d’un Détachement d’assistance militaire et d’intervention (Dami) envoyé quelques semaines plus tôt au Tchad, des officiers français ont notamment coordonné l’attaque menée le 1er février par l’armée tchadienne contre la colonne rebelle à Massaguet. (…) Dès le lendemain, des éléments du Commandement des opérations spéciales (Cos) français s’impliqueront dans les combats de N’Djamena, avec une stratégie qui se révélera payante : épuiser les rebelles, bientôt à court de munitions. » (La Croix, 8 février.)

Depuis sa mise en place par Mitterrand-Rocard en 1990, Idriss Déby opprime le peuple tchadien au compte des entreprises françaises et autres multinationales pillant ce pays, notamment son pétrole. Avec le soutien de l’ONU, de l’Union européenne et de l’Union africaine, l’impérialisme français cherche en fait à garder sa place forte stratégique au cœur de l’Afrique, pour maintenir sa tutelle colonialiste et notamment son dispositif militaire de la Côte d’Ivoire à Djibouti et du Gabon au Centrafrique.

Bien évidemment, on ne doit se faire aucune illusion sur les intérêts des forces armées rebelles : leurs dirigeants combattent aujourd’hui Idriss Déby après avoir fait partie de son régime pendant des années. S’ils arrivaient au pouvoir, ils poursuivraient une politique de pillage des richesses naturelles et d’oppression de la population, que ce soit au compte de l’impérialisme français ou de ses rivaux. Mais par sa vieille tutelle coloniale et son soutien à bout de bras du régime honni et usé de Déby, l’impérialisme français reste le principal responsable des violences, dont la première victime est le peuple tchadien.

Aujourd’hui, pour assurer une certaine stabilité du Tchad qui leur est indispensable, les principales puissances impérialistes trouvent des compromis. Ainsi, à l’initiative du gouvernement français, le Conseil de Sécurité de l’ONU a voté une résolution condamnant « fermement les attaques perpétrées par des groupes armés contre le gouvernement tchadien », et appelé « les États membres à apporter leur soutien au gouvernement du Tchad ». Comme toujours, les mêmes prétextes sont avancés pour justifier un « droit d’ingérence », cher au ministre Kouchner : rapatriement des ressortissants occidentaux, mission humanitaire en faveur des populations de la région... C’est sous ce même prétexte que l’Union Européenne a décidé, fin janvier, le déploiement d’une force militaire de 3 700 hommes à la frontière tchadienne, l’Eufor. Moins hypocrite mais plus maladroit, Déby explique les véritables objectifs de cette force dans sa lutte contre les rebelles : « Cela nous aurait aidés si l’Eufor avait déjà été installée. »

Les travailleurs et les jeunes de France n’ont aucun intérêt commun avec la politique de Sarkozy, que ce soit en Afrique ou en France, car elle est intégralement au service du grand patronat. Or une défaite de l’impérialisme français au Tchad, et notamment un effondrement du régime de Déby, ne serait pas seulement une bonne nouvelle pour le peuple tchadien, qui mesurerait mieux la relative fragilité d’un pouvoir tenant avant tout sa force de l’impérialisme. En outre, cela affaiblirait Sarkozy en France même et, après les luttes de l’automne, contribuerait à relancer la lutte de classe contre toute sa politique.

Les organisations syndicales et politiques qui se réclament de la défense des travailleurs et de la solidarité avec les peuples dominés devraient donc dénoncer et combattre l’intervention française au Tchad. Il est plus que temps de rompre le silence et d’agir pour mobiliser les travailleurs contre la politique impérialiste de Sarkozy. Ces organisations en ont la capacité, elles peuvent créer les conditions politiques nécessaires à des actions de blocage des transports et télécommunications de l’armée et du patronat vers l’Afrique. Dans l’immédiat, elles ont le devoir d’organiser au minimum, dans l’unité, une grande manifestation de solidarité anti-impérialiste :

Pour populariser ces mots d’ordre et combattre pour la convocation d’une telle manifestation, de premières réunions publiques sont en préparation à Paris et à Lyon.

Comité Communiste Internationaliste (trotskyste) (CCI-T)
FSE Paris-I/IV
Groupe CRI
Mouvement pour l’Égalité (MPE)
Union Pour le Communisme (UPC)