Article du CRI des Travailleurs n°17

L'objectif du printemps : infliger des défaites à Chirac-Raffarin-Hollande, dans la rue et dans les urnes

Début janvier, dans le précédent numéro du CRI des travailleurs, prenant acte des appels syndicaux à manifester, voire à faire une journée de grève dans certains secteurs, et constatant en même temps la poursuite éhontée de la collaboration des dirigeants (CFDT, CGT, FO, FSU, etc.) avec le gouvernement sous prétexte de « négocier », nous nous demandions : « Sommes-nous (…) à la veille d’un changement de la situation sociale et politique dans ce pays ? À quelles conditions un nouveau cycle ascendant de lutte de classe redeviendrait-il possible, après dix-huit mois de quasi-léthargie ? »

Deux mois après, s’il est clair que la situation politique et sociale n’a évidemment pas été bouleversée — on n’a pas assisté à un déferlement de la classe ouvrière, pour ne même pas parler de contre-offensive —, il n’en demeure pas moins qu’une nouvelle période semble bien s’être ouverte dans la lutte de classe, même si c’est encore sous une forme limitée et fragile, à cause avant tout des appareils bureaucratiques qui cadenassent les mobilisations.

D’un côté, en effet, les travailleurs conscients de leurs intérêts de classe, prenant au mot les dirigeants syndicaux, ont répondu de manière massive à leurs appels : le 18 janvier, entre 15 % et 25 % des postiers ont fait grève ; le 19, 40 % des cheminots les ont imités ; le 20, 300 000 fonctionnaires ont manifesté, les taux de grévistes atteignant 40 % chez les enseignants, 45 % au ministère des Finances, 20 % en moyenne dans la Fonction publique d’État ; le 5 février, ce sont 500 000 travailleurs, y compris un certain nombre du privé, qui sont descendus dans les rues pour exiger des augmentations de salaires et refuser l’augmentation du temps de travail (ce qui ne signifie nullement, de leur part, un soutien aux lois Aubry d’annualisation et de flexibilité, contrairement à ce qu’ont voulu faire croire les dirigeants du PS et de certains syndicats !) ; enfin, un mouvement lycéen de grande ampleur se développe dans tout le pays depuis début février, avec notamment 100 000 lycéens dans la rue le 10 et le 15 février, et 200 000 le 8 mars, pour exiger le retrait de la réforme Fillon

Mais, de l’autre côté, malgré la volonté manifeste des travailleurs avancés de renouer avec le fil des grandes mobilisations de 2003, il n’y a pas eu de raz-de-marée dans la lutte de classe en janvier-février et, en particulier, on n’a pas assisté à des débordements significatifs du cadre extrêmement restrictif imposé aux mobilisations par les dirigeants du mouvement ouvrier syndical et politique. Ces derniers ont donc pu persister dans leur refus d’engager une épreuve de force décisive avec le gouvernement, continuant dans tous les secteurs à demander des « négociations » avec lui, et ne donnant aucune suite à leurs propres appels ponctuels et dispersés à la « mobilisation ». Dans ce cadre, la nouvelle « journée d’action » convoquée par les directions syndicales pour le 10 mars (nous bouclons de journal le 9) ne s’annonce pas sous un jour différent.

Cependant, il n’en reste pas moins que les contradictions entre la colère — manifestée ou latente — des salariés et des jeunes, d’une part, et la collaboration masquée des dirigeants du mouvement ouvrier avec Chirac-Raffarin-Fillon, d’autre part, se sont accumulées, rendant la situation sociale et politique plus instable qu’auparavant : désormais, le spectre de la victoire du « Non » hante la bourgeoisie, accélérant la fragilisation politique du gouvernement.

La décision du CCN de la CGT renforce le camp du « Non » ouvrier

Ce spectre, qui semblait s’être amenuisé après le référendum interne du PS le 1er décembre, est réapparu tout particulièrement le 3 février, là où l’on n’osait espérer le revoir : sous la forme d’un amendement, ajouté à une résolution, lors du Comité Confédéral National (CCN) de la CGT. Cet amendement se prononce en effet pour le rejet du Traité constitutionnel (1). Adopté par 74 voix contre 37 et 5 abstentions, c’est une défaite cinglante pour la direction centrale qui, réunie derrière Thibault, Le Duigou, Dumas, etc., voulait imposer que la CGT ne prenne pas position contre le Traité constitutionnel, sous prétexte de ne pas faire de politique (2) …

Quelle est la signification de cet amendement ? Il ne signifie évidemment pas que les bureaucrates qui composent cette instance suprême de la CGT (l’ensemble des secrétaires généraux des fédérations et des unions départementales et régionales) aient cessé d’être des bureaucrates ou même décidé d’en découdre avec le gouvernement... Il faut rappeler, en effet, que les secrétaires généraux des fédérations et des unions départementales sont ceux-là mêmes qui ont organisé le sabotage de la montée vers la grève générale en 2003, et qui impulsent et imposent quotidiennement la politique de collaboration de la CGT avec le MEDEF et le gouvernement dans tous les secteurs. C’est ainsi qu’un Le Reste, par exemple, secrétaire général de la CGT-cheminots, qui a voté pour l’amendement rejetant la Constitution européenne, est en même temps celui qui a signé l’accord scélérat du 28 octobre contre le droit de grève à la SNCF (cf. le précédent numéro du CRI des travailleurs)…

Une résolution social-capitaliste de bureaucrates collaborateurs...

De fait, la résolution générale sur le projet de Traité constitutionnel européen, dans laquelle est venu s’inscrire cet amendement, reste un texte social-capitaliste pur jus, de variante « altermondialiste » : elle soutient le capitalisme européen tout en prétendant vouloir lui donner un visage humain. On y lit par exemple : « L’Europe doit s’affirmer comme un puissant moyen de régulation et de réorientation de la mondialisation vers un développement durable et des droits fondamentaux pour tous, partout dans le monde. » On y trouve aussi la reprise de la résolution adoptée par le congrès de la CGT en 2003, qui préconisait notamment « d’intégrer la Charte des droits fondamentaux, les services d’intérêt général et le principe du respect de la diversité culturelle dans les nouveaux traités » — points sur lesquels la CGT a obtenu satisfaction, puisque tous figurent justement en bonne place dans le projet de Traité constitutionnel ! C’est pourquoi la résolution adoptée par le CCN du 3 février se félicite que « les exigences syndicales et les luttes sociales ont permis d’inscrire dans la partie II du Traité, les droits fondamentaux, individuels et collectifs, contenus dans la Charte proclamée au Sommet de Nice en décembre 2000. Certains deviennent, de ce fait, contraignants. » Et, en ce qui concerne les « services d’intérêt général », la résolution du CCN les réclame à cor et à cri, regrettant notamment qu’ « une possible directive sur les services d’intérêt général (soit) enterré(e) par la commission européenne »…

De plus, il faut souligner que l’amendement ajouté par le CCN à la résolution n’est nullement une décision que la CGT appelle explicitement à voter « Non » et fasse campagne en ce sens : il dit en effet simplement que « le CCN se prononce pour le rejet de ce traité constitutionnel » ; même s’il est intégré dans un chapitre titré : « Le référendum en France », il est donc clair que cet amendement est en somme le maximum de ce que pouvaient faire les bureaucrates, qui ont évidemment refusé d’aller jusqu’au bout dans leur bras de fer ponctuel avec la direction centrale, refusant d’ouvrir une crise au sommet de la CGT. Le résultat est donc que, malgré cet amendement, la confédération en tant que telle ne fera absolument pas campagne pour le Non. De ce point de vue, aujourd’hui comme hier, tout repose sur les épaules des militants lutte de classe, qui ne peuvent en aucun cas compter sur un quelconque secteur de la bureaucratie pour préparer la victoire du Non, mais qui doivent rester aux avant-postes pour mener et amplifier la campagne, en ne comptant que sur la mobilisation des syndiqués et de tous les salariés.

Mais, si l’amendement ajouté par le CCN ne signifie en aucun cas une radicalisation des bureaucrates qui dirigent les fédérations et les unions départementales de la CGT et continuent de collaborer tous les jours avec le gouvernement, comment l’apprécier et l’expliquer ?

... mais un amendement qui résulte d’un combat de classe et le nourrit

En fait, sous peine de tomber dans le sectarisme et de ne rien comprendre à la dynamique de la lutte politique, il faut dire clairement que, quelles que soient la nature et les motivations des bureaucrates qui l’ont décidé, le vote du CCN de la CGT pour le rejet du Traité constitutionnel est un point d’appui pour la campagne contre Chirac, Hollande, l’Union européenne et leur référendum, donc pour la lutte de classe.

De ce point de vue, tout militant communiste révolutionnaire qui aurait pu être mandaté pour participer à une discussion comme celle du CCN de la CGT, aurait dû se battre contre la résolution générale social-capitaliste proposée par la direction et proposer une motion à part exigeant que la CGT appelle expressément à voter « Non » et prenne la tête de la campagne en ce sens. Battu sur cette orientation, il aurait évidemment voté pour l’amendement proposé dans le cadre de la résolution générale (évitant le gauchisme), tout en votant contre la résolution générale dans laquelle cet amendement a été inséré (car l’acceptation d’un compromis ponctuel n’implique évidemment en aucun cas une capitulation opportuniste sur les principes).

Les membres du CCN eux-mêmes ont justifié leur vote de l’amendement par le fait qu’ils étaient dûment mandatés en ce sens par les instances suprêmes de leurs syndicats respectifs (3). Or la décision de ces dernières était elle-même non pas la conséquence d’une pression directe des « masses » (comme le croient les spontanéistes de tout poil), mais le produit d’un combat de plusieurs mois, mené à tous les niveaux des syndicats CGT, par les militants et les cadres intermédiaires. En effet, ces organisateurs directs de la classe ouvrière — quoi qu’on en pense par ailleurs d’un point de vue communiste révolutionnaire — refusent de laisser transformer la principale confédération de ce pays en simple courroie de transmission de l’État et de l’Union européenne. Sans aller jusqu’à mobiliser massivement les adhérents de base, ces militants et cadres, souvent membres et surtout ex-membres du PCF (voire dans certains cas de l’extrême gauche) se sont battus au sein des structures syndicales pour qu’elles prennent position pour le rejet de la « Constitution » européenne et, souvent, pour qu’elles appellent clairement au vote Non (4). La direction centrale de la CGT ne s’est donc pas trompée d’adversaire lorsqu’elle a attaqué avec une grande violence ces militants et ces cadres intermédiaires, avant, pendant et après le CCN.

Le combat de Thibault contre les militants syndicaux et contre les principes de la démocratie ouvrière

C’est ainsi que Thibault, dans son discours devant le CCN avant le vote, brandissant (comme tous les bureaucrates confrontés à une opposition) la menace d’une explosion de l’organisation, a dénoncé « la place qu’a pu occuper ce point de notre ordre du jour [le débat sur le Traité constitutionnel] dans l’activité de certains militants ». S’auto-proclamant porte-parole des syndiqués non consultés, le chef de la CGT a ainsi fustigé le fait que, au cours des quatre mois de débat, « progressivement, l’attention s’est surtout concentrée sur le référendum. Il s’est alors produit ce qui était prévisible : la grande masse des syndiqués est restée en dehors du processus de réflexion sur les enjeux européens pendant que les militants "les plus branchés" ont cherché à conforter leurs convictions personnelles en les faisant labelliser par des prises de positions devenant officiellement celles d’organisations de la CGT. Ces démarches ont été, dans certains cas, des occasions inespérées pour instrumentaliser la démarche syndicale à d’autres fins que de servir nos objectifs. » Autrement dit, Thibault conteste le droit imprescriptible, pour les militants et pour tout membre du syndicat, de défendre son orientation et d’essayer de la faire partager par ses camarades !

Quant aux adhérents du syndicat, ce n’est évidemment qu’un prétexte : s’il est vrai que les bureaucrates et bien des cadres intermédiaires ne réunissent guère les syndiqués pour éviter de rendre des comptes et préserver leurs propres positions, ce n’est absolument pas cela que Thibault veut combattre ! Ce qu’il conteste, c’est le fait même qu’un syndicat repose nécessairement sur les militants et les cadres organisateurs qui l’animent, non sur une somme d’individus atomisés. De ce point de vue, il est bien évident que ce ne sont jamais tous les syndiqués qui participent aux discussions et à l’activité du syndicat. D’ailleurs, en l’occurrence, Thibault reconnaît lui-même que « peu de questions [autres que celle du Traité constitutionnel et du référendum] auront été précédées d’autant d’attention avant que le CCN n’en débatte, peu de sujets auront provoqué autant de réunions pour réfléchir à nos responsabilités sur les enjeux européens »… En fait, le chef de la CGT va jusqu’à contester le principe démocratique qu’une décision, prise par vote après discussion, implique qu’il y ait une majorité et une minorité : « Qu’est ce qu’on fait, a-t-il dit, de ceux qui, prenant parfois leur courage à deux mains, ont laissé entendre qu’ils pourraient voter oui ! On les bannit ? » Rendre hommage à la petite minorité de ceux qui, dans la CGT, veulent voter Oui avec Chirac et Hollande, et vouloir à cause d’eux empêcher la grande majorité de ceux qui veulent voter Non de faire adopter cette position par leur propre organisation — n’est-ce pas le comble du déni de la démocratie, le comble du bureaucratisme patenté ?

En fait, Thibault ne s’en prend ici à rien de moins qu’aux principes de la démocratie ouvrière : celle-ci — même si elle est loin d’être pleinement réalisée à l’intérieur de la CGT — repose théoriquement sur les assemblées générales, la discussion collective, le vote majoritaire et le mandat. Or Thibault voudrait que les adhérents soient considérés au contraire comme de simples individus atomisés qu’il faudrait se contenter de « consulter », comme c’est le cas dans le cadre de la démocratie bourgeoise et du suffrage universel fondé sur l’atomisation des « citoyens » et sur l’isoloir. C’est ainsi qu’il a présenté le référendum comme étant seulement une question de « citoyens », et non de travailleurs : « Il n’y aura pas de vote syndical, a-t-il notamment déclaré, mais des votes de citoyens, qu’ils soient ou non adhérents de la CGT. » (5) En somme, Thibault reprend à son compte le mythe typiquement bourgeois selon lequel l’appartenance de classe disparaîtrait comme par enchantement quand on pénètre dans l’isoloir !

De manière parfaitement logique, le principal ennemi de Thibault est le fédéralisme syndical lui-même. Pendant la réunion du CCN, il a ainsi stigmatisé avec une grande véhémence ce qu’il a appelé les « réflexes d’autonomie » des syndicats confédérés : « Nous nous retrouvons, a-t-il regretté, avec une série de textes, de délibérations, de prises de position d’organisations, plus ou moins représentatives de l’opinion des syndiqués d’une fédération ou d’une union départementale, qui figent les positions avant la réunion du CCN. J’entends même dire aujourd’hui, "nous, de toute façon, nous avons décidé". (…) Je crois qu’il est de ma responsabilité de vous faire mesurer que les réflexes d’autonomie de nos organisations sont en train de prendre insidieusement le pas sur la volonté de construire des réponses rassemblant toute la CGT. » Autrement dit, Thibault conteste le droit pour chaque syndicat de définir ses propres positions, alors que c’est un fondement du syndicalisme ouvrier ! Et il va jusqu’à contester le principe même du mandat, appelant explicitement les membres du CCN, sous prétexte d’éviter une crise, à trouver une solution contradictoire avec leur mandat : « Bien que la direction confédérale ait alerté en son temps sur les risques de se retrouver dans cette situation, les membres du CCN sont désormais en présence d’une juxtaposition de délibérations d’organisations qui ont comme conséquence, pour certaines, de figer les positions avant que le débat n’ait lieu entre les organisations. Je rappelle donc que nos statuts (6) (…) précisent que le CCN est constitué des secrétaires généraux des fédérations et des unions départementales ou de leur représentant mandaté par leur organisation. C’est donc à vous qu’incombe la responsabilité de gérer cette situation. »

À cette occasion, Thibault a d’ailleurs révélé combien est vive la résistance à laquelle se heurte son orientation destructrice du syndicat, notamment la mise en pratique du « fédéralisme nouveau » qu’il avait fait adopter par le 47e congrès confédéral en 2003 pour mieux imposer sa ligne de transformation de la CGT en syndicat d’accompagnement : « On comprend mieux, a-t-il lâché, pourquoi, au delà du débat d’aujourd’hui, nous avons tant de mal à mettre en œuvre réellement les transformations de notre organisation dont les principes sont pourtant décidés dans nos congrès. Continuons dans cet état d’esprit à faire la CGT chacun dans son coin et il ne faudra pas s’étonner que rien ne puisse changer en matière de système de cotisation, de mode de fonctionnement et d’organisation de nos structures. Continuons à privilégier les postures là où il faut construire une démarche et nous ne pourrons pas nous étonner que la CGT perde en cohésion donc en efficacité. » Les militants « lutte de classe » le savent bien : la dénonciation des « postures » au nom de la « démarche » est toujours le moyen qu’utilisent les bureaucrates pour combattre les principes — ou en l’occurrence la résistance à la destruction du syndicat — sous prétexte des prétendues nécessités de l’ « action » — ou en l’occurrence du « syndicalisme rassemblé »… c’est-à-dire « rassemblé »… dans la CES, la « Confédération européenne des syndicats », véritable institution de l’Union européenne dont la CGT est membre depuis deux ans (aux côtés de FO, de la CFDT et de l’UNSA)...

Enfin, pour couronner le tout, après le vote du CCN, Thibault n’a pas hésité, au mépris des règles de la démocratie syndicale, à contourner les structures de la confédération, officiellement pour s’adresser aux syndiqués, en réalité pour rassurer la bourgeoisie. Soulignant son désaccord avec l’amendement voté par le CCN, il a prétendu que la démocratie n’aurait pas été respectée ! En réalité, c’est bien dans le respect des principes élémentaires de fonctionnement du syndicalisme confédéré qu’il a été battu !

Cette défaite infligée à Thibault par les militants et les cadres intermédiaires de la CGT ne suffira certes pas pour vaincre son orientation. Le renversement de la direction actuelle n’est pas encore à l’ordre du jour des militants « lutte de classe » : pour briser l’obstacle de l’appareil — dont les sommets, quelle que soit leur position d’aujourd’hui sous la pression des circonstances, font et feront tout pour éviter la crise —, il faut construire une tendance organisée dans la CGT, avec tous ceux qui veulent rester fidèles à la lutte de classe et refusent la collaboration avec le patronat et l’État.

Mais, par leur combat de quatre mois à l’intérieur de la CGT — combat qui continue et qu’il faut tout faire pour amplifier —, les militants et cadres intermédiaires ont montré que le mouvement ouvrier, malgré sa crise historique profonde depuis un quart de siècle, est encore bien vivant, animé par des dizaines de milliers de militants qui veulent rester des militants ouvriers, se battre pour leurs convictions, et non être réduits au rôle d’anti-chambres de Matignon ou de Bruxelles. C’est en ce sens que l’amendement voté le 3 février par le CCN, qui reflète la volonté largement majoritaire des structures syndicales de la CGT à tous les niveaux, est aujourd’hui un point d’appui d’une importance cruciale pour le renforcement du camp du « Non » ouvrier au référendum de Chirac-Hollande. De fait, c’est bien ainsi que la bourgeoisie elle-même l’a compris — avec la lucidité qui la caractérise quand elle se sent menacée...

Le spectre de la victoire du « Non »

et la fragilisation du gouvernement

Tout le monde a compris, le 3 février, que la décision du CCN de la CGT pourrait peser lourd, très lourd dans la balance référendaire. Bayrou, par exemple, a exprimé la frayeur éprouvée par les uns et les autres après le vote du CCN de la CGT : frayeur que « le camp du non s’organise et prenne désormais de la force ». De fait, le souffle du Non a atteint même les Verts, réputés pourtant si « europhiles », puisque le référendum interne a vu le Oui ne passer qu’à 53 %, 41 % allant pour le Non — soit autant qu’au sein du PS…

D’ailleurs, avant même la décision du CCN de la CGT, constatant une inquiétante multiplication des appels à voter Non chez les syndicats CGT, la direction du PS avait manifesté de vifs signes d’inquiétude. C’est ainsi que, dès le 12 janvier, Strauss-Kahn déclarait au Figaro : « Ce référendum est une connerie. Nous avons fait la connerie de le demander et Chirac a fait la connerie de le convoquer. » Les dirigeants de ce parti s’étaient alors lancés dans une campagne d’intimidation publique contre leurs propres « camarades » partisans du Non, brandissant même des menaces d’exclusion pour essayer de mettre tout le monde au pas. Depuis lors, ils s’efforcent par tous les moyens de passer par dessus les directions fédérales partisanes du Non — au mépris des statuts du parti —, en imposant partout des « Comités pour le Oui »...

Mais ce sont surtout les manifestations massives du 20 janvier et du 5 février qui ont fait monter d’un cran la peur de la bourgeoisie et ses représentants de droite comme de « gauche ». Bien évidemment, ces « journées d’action », soigneusement dispersées et sans lendemain, n’ont pas effrayé en elles-mêmes le gouvernement : il sait bien que les dirigeants syndicaux maîtrisent pour le moment la situation, qu’ils n’ont aucunement l’intention d’en découdre avec lui ! Mais elles ne l’ont pas moins inquiété par la colère latente qu’elles ont révélée — colère d’autant plus dangereuse, voire explosive, qu’elle s’est accumulée sourdement depuis la défaite-trahison de mai-juin 2003. De fait, les médias eux-mêmes ont tous expliqué que les manifestants et grévistes avaient le soutien d’une large majorité de la population : Le Monde du 19 janvier, par exemple, titrant sur la « sinistrose des Français » (constatée et « mesurée » en long, en large et en travers par un très officiel rapport préfectoral !), faisait état de leur soutien aux grèves depuis 2000 et maintenant même à 65 % !

De son côté, Le Figaro du 7 février soulignait lucidement le caractère paradoxal de la situation sociale et politique : d’un côté, le gouvernement sait qu’il peut tenir ferme sur son projet d’augmenter le temps de travail en « assouplissant » les lois Aubry (arguant notamment de l’assez faible participation des salariés du privé, alors que la Fonction publique, fortement mobilisée, ne serait pas concernée par le projet de loi) ; mais, d’un autre côté, il est évident que « le mécontentement social fait peser une menace sur l’issue du référendum (...). Dans plusieurs défilés, on a vu des manifestants brandir des pancartes appelant à dire non à la Constitution européenne. Devedjian a reconnu que "cette coagulation des mécontentements" représente "un souci" pour le gouvernement. » Ce ministre de Chirac, annonçant que la campagne serait « difficile », a même appelé le PS (dont les cortèges étaient cependant tout à fait insignifiants le 5 février !) à se conduire de manière plus responsable : « Je trouve que François Hollande, qui est pour le succès du référendum sur la Constitution, joue avec le feu lorsqu’il attise les manifestations. »

De fait, cette « coagulation des mécontentements » dont parle Devdjian, et notamment la montée du Non ouvrier, rend possible d’envisager une défaite électorale de Chirac-Hollande. Ce faisant, elle accroît encore la faiblesse sociale du gouvernement, déjà manifestée lors des élections régionales de 2004. D’ailleurs, c’est sans doute dans ce contexte qu’il faut replacer l’ « affaire » Gaymard, avec  le scandale provoqué par les révélations concernant son appartement de fonction et, plus encore, par ses mensonges éhontés : la démission forcée, en quelques jours, du ministre de l’Économie, n’est pas un événement banal. C’est un événement qui révèle sur le plan politique la fragilisation sociale du gouvernement, d’autant plus que Gaymard était l’un des soutiens les plus proches et les plus « prometteurs » de Chirac. C’est par là même un prodrome de la crise gouvernementale qui éclaterait en cas de victoire du Non au référendum.

L’objectif que doivent se fixer les militants ouvriers pour la prochaine période est donc tout tracé : il s’agit de tout faire pour utiliser la brèche ouverte dans la lutte de classe, pour affaiblir encore plus le gouvernement, pour lui infliger des défaites, par la grève et la manifestation dès que c’est possible, et bien sûr lors du référendum.

Les tâches des révolutionnaires et des militants « lutte de classe »

Avec les lycéens, infliger une défaite à Chirac-Fillon... et préparer les luttes de classe à venir

Du point de vue des mobilisations, c’est évidemment le mouvement lycéen qui montre la voie : nous y revenons ci-dessous dans un article spécial. Mais il est clair qu’il ne pourra pas gagner tout seul : par son caractère massif et sa détermination, il pose très concrètement la question de l’unité des lycéens, des enseignants et des étudiants, qui doivent, avec le soutien des parents d’élèves, eux-mêmes salariés pour la plupart, imposer une bataille décisive pour le retrait pur et simple de la « réforme » Fillon. Dans ce but, les militants combatifs n’ont pas d’autre solution, pour réunir les conditions de la victoire possible, et notamment pour obliger les directions syndicales à rompre toute collaboration avec le gouvernement (la loi Fillon n’est évidemment ni amendable, ni négociable (7)), que de prendre l’initiative, partout où c’est possible, d’Assemblées générales qui mettent à l’ordre du jour le combat pour la grève illimitée jusqu’au retrait pur et simple du projet Fillon, incluant une manifestation centrale à l’Assemblée nationale.

Dans les autres secteurs, par contre, il n’y a pas à ce jour d’équivalent du mouvement lycéen. En conséquence, nul ne peut dire que la possibilité pratique d’infliger des défaites au gouvernement soit à l’ordre du jour immédiat — et, à cet égard, il n’y a rien à attendre des directions syndicales qui appellent toutes à une nouvelle « journée d’action » le 10 mars, consistant uniquement en « manifestations locales », en « moments de coordination » et en « arrêts de travail » dont le nom même indique le refus de la grève — le pluriel symbolisant quant à lui sans doute la dispersion... Mais il n’en faut pas moins intervenir (y compris dans le cadre même de cette journée du 10 mars et de sa préparation) en réunissant dès que possible les travailleurs dans les entreprises et les établissements, en mettant en évidence la duplicité des bureaucrates syndicaux qui lancent régulièrement de vrais-faux appels à la « mobilisation », mais qui refusent d’en découdre avec le gouvernement et même collaborent avec lui dès qu’ils en ont l’occasion, sous prétexte de « négociations ». Et il faut tout particulièrement continuer de mettre à l’ordre du jour, partout où c’est possible, la discussion sur le bilan de la défaite-trahison du grand mouvement du printemps 2003, et sur la question de la grève générale comme seul moyen pour vaincre le gouvernement sur le terrain de la lutte de classe directe.

Imposer aux syndicats qu’ils fassent campagne pour le Non

En ce qui concerne le référendum, tout reste à faire. En effet, c’est pour le moment une abstention populaire massive qui semble se profiler, comme cela a été le cas en Espagne (où 58 % des électeurs n’ont pas participé à la consultation électorale) ; et, parmi les Français qui déclarent vouloir aller voter, c’est le Oui qui reste largement majoritaire, selon les sondages (même s’il est en baisse constante, descendu à 58 % début mars). La raison en est évidemment que les principales forces politiques du pays, relayées par tous les grands médias et couvertes d’une manière ou d’une autre par une bonne partie des directions syndicales, ont réalisé une union sacrée pour faire passer coûte que coûte le Traité constitutionnel.

Dès lors, tout reste à faire pour que le Non l’emporte au référendum de Chirac-Hollande. Pour les militants communistes révolutionnaires, ce combat doit se mener d’abord et avant tout au sein du mouvement ouvrier. Nous ne nous attarderons pas ici sur la CFTD et l’UNSA, dont les dirigeants se sont depuis longtemps prononcés pour le Oui, avec la CES, sans attendre quant à eux le moindre débat interne. Le combat doit se poursuivre et s’amplifier à l’intérieur de la CGT, pour que l’amendement voté au CCN ne reste pas lettre morte et pour que le maximum de structures syndicales fassent une vraie campagne pour convaincre les syndiqués et les salariés d’aller voter « Non ». Ce combat doit être conduit également dans les autres organisations syndicales, dont les dirigeants font tout, eux aussi, pour ne pas prendre de position claire, pour ne surtout pas appeler les travailleurs à voter Non. Ainsi, du côté de FO, on sort le même argument que Thibault : donner une consigne de vote, ce serait faire de la politique et cela nuirait à la prétendue « indépendance syndicale » ! (8) À la FSU et dans ses syndicats nationaux, on « condamne » le plus souvent le projet de Traité constitutionnel... mais on refuse d’appeler clairement au vote Non et de faire campagne dans ce but, en se réfugiant derrière les statuts, qui imposent qu’une décision de cette nature soit prise à 75 % des voix ! Enfin, l’Union syndicale solidaire (ex-G 10 : SUD, etc.), soi-disant plus « radicale », ses dirigeants ne se comportent guère autrement : ils condamnent « fermement » le projet de Constitution européenne… mais refusent d’appeler à voter Non, sous prétexte que quelques syndicats fédérés ne seraient pas d’accord ! Autrement dit, dans la FSU comme dans l’USS, c’est la minorité qui impose sa ligne à la majorité ! Et elles nous parlent de « démocratie » !

Il est donc urgent de continuer le combat dans tous les syndicats pour qu’ils s’engagent dans la campagne pour le Non. Cela suppose de mener un travail commun, dans l’unité la plus large, avec tous les militants « lutte de classe » déterminés à affronter les appareils. Et cela pose une nouvelle fois la question, déjà soulevée dans ces colonnes, de la nécessaire constitution d’une tendance commune de lutte de classe, antibureaucratique et anti-collaborationniste, à l’intérieur des différents syndicats, pour coordonner l’intervention des militants les plus combatifs et aider les travailleurs à surmonter l’obstacle des appareils (9).

Notre ligne dans la campagne pour le « Non » de classe :  « Frapper ensemble, marcher séparément »…

Mais le combat pour infliger une défaite électorale à Chirac-Hollande doit être également mené dans une perspective ouvertement communiste révolutionnaire. Car, contrairement à ce que prétendent tous les opportunistes d’ « extrême gauche » qui ne pensent qu’à ranger leur drapeau officiellement révolutionnaire dans la poche sous prétexte de ne pas effrayer les masses (mais surtout, en fait, dans l’objectif de se rendre « fréquentables » par les réformistes et autres « forces de gauche »), le combat pour un Non communiste révolutionnaire est la meilleure contribution que les militants d’avant-garde puissent — et doivent — apporter au combat du mouvement ouvrier pour la victoire du « Non » de classe au référendum. C’est ainsi que l’Internationale communiste, puis l’Opposition de gauche et la IVe Internationale, concevaient le « front unique ouvrier », qui n’a rien à voir avec une capitulation devant les réformistes et autres bureaucrates ! En effet, jamais le fait de « frapper ensemble » (d’avoir le même objectif particulier à un moment donné) ne doit empêcher de « marcher séparément », c’est-à-dire de mettre en avant ses propres analyses et perspectives, y compris la critique implacable de ceux qui, ponctuellement, se trouvent poursuivre le même objectif partiel pour des raisons qui leur sont propres. Enfin, il est clair que la seule voie possible pour mobiliser les travailleurs pour le « Non » et, en même temps, pour développer les conditions d’une véritable résistance et d’une contre-offensive contre le patronat et le gouvernement sur le terrain de la lutte de classe directe, c’est celle de l’auto-organisation.

Le Groupe CRI mène donc maintenant campagne sur la base de sa déclaration politique dont une première version avait été publiée dans Le CRI des travailleurs n° 15 (novembre-décembre 2004), qui a été largement reformulée suite à la discussion avec d’autres groupes et militants et que l’on trouvera ci-après (pour se procurer le « 4-pages » tiré à part, nous écrire ou consulter notre site http://groupecri.free.fr). Cette déclaration politique est désormais co-signée par deux autres groupes politiques : Les Amis de l’égalité (association de Blois) et l’Alternative révolutionnaire pour le socialisme (ARS, groupe de jeunes militants qui éditent le journal Combat). C’est donc avec ces camarades que nous allons mener campagne pour mobiliser les travailleurs et les jeunes pour un Non de classe au référendum, pour le front unique ouvrier, pour une alternative communiste et révolutionnaire à l’Europe du capital.


1) Cette décision a été une véritable douche froide pour la bourgeoisie : la veille encore, Le Monde titrait : « La CGT ne devrait pas donner de consigne de vote pour le référendum sur la constitution européenne. »

2) Le Duigou, « n° 2 » de la CGT, annonçant le vote du CCN, a ainsi déclaré : « Il s’agit d’un échec pour la direction, ce n’est pas la peine de se le cacher. » Celle-ci, en effet, « ne voulait pas qu’il y ait de consigne de vote, et souhaitait que la CGT s’en tienne à une appréciation syndicale sur les différents aspects du traité, sans par conséquent une formulation qui finalement induise une position sur la consultation référendaire elle-même ».

3) Annonçant la décision du CCN à la presse le 3 février, Le Duigou, furieux, a dénoncé le fait que « les représentants d’une série d’organisations, au terme d’un débat ayant réuni 3 à 4 % de syndiqués, étaient venus avec la demande expresse d’obtenir une prise de position du CCN sur le référendum ».

4) Sans pouvoir cautionner l’orientation opportuniste du PT ou de la LCR, qui se félicitent unilatéralement du vote du CCN de la CGT sans rappeler ce que sont ces bureaucrates et sans dénoncer le caractère social-capitaliste de leur résolution globalement ralliée à l’Union européenne, on ne peut pas non plus approuver la position gauchiste de LO, qui ne décèle de son côté aucune « pression de la base » dans le vote du CCN — celui-ci se réduisant selon elle à un règlement de compte entre bureaucrates (Lutte ouvrière, 11 février 2005, p. 4). En fait, dans le même article, LO n’hésite pas à qualifier la question de la consigne de vote au référendum comme… une « question annexe » ! La victoire du Non au référendum, une « question annexe » ? ! On comprend mieux pourquoi cette organisation n’a toujours pas commencé (au 9 mars) la moindre campagne en faveur du Non, malgré son engagement officiel à le faire !

5) Dans le même sens, Maryse Dumas, secrétaire confédérale, après avoir dénoncé à la télévision les militants qui ne veulent pas « changer de culture », a expliqué que le vote du CCN « est davantage le reflet d’un souhait des militants que celui des syndiqués même si beaucoup d’entre eux voteront probablement Non dans le secret de l’isoloir. Ce n’est pas le rôle de la CGT de leur dire ce qu’ils ont à faire. » (L’Humanité hebdo, 5-6 février.)

6) En invoquant les statuts pour essayer d’imposer frauduleusement sa ligne, Thibault n’a pas hésité à mentir purement et simplement. Il a déclaré notamment : « La CGT est ouverte à tous les salariés, femmes et hommes, actifs, privés d’emploi et retraités, quels que soient leur statut social et professionnel, leur nationalité, leurs opinions politiques, philosophiques et religieuses. C’est l’article 1. Il n’a jamais été changé dans toute l’histoire de la CGT et ce n’est certainement pas par le biais d’un référendum, fût-il sur un traité européen, qu’on le modifiera. Dès lors que l’on accepte ce qui fonde notre identité, on doit aussi en tenir compte dans notre activité. » Or, en réalité, l’article 1 des statuts a bien été modifié... et précisément par Thibault lui-même ! En effet, le 45e Congrès confédéral, en décembre 1995 — donc à une époque où Thibault était déjà le « n° 2 » de la CGT —, a supprimé de l’article 1 le passage disant que « ... la CGT s’assigne pour but la suppression de l’exploitation capitaliste, notamment par la socialisation des moyens de production et d’échange » (formulation datant du 27e Congrès réuni à Vitry en novembre 1969 ; pour plus de précisions historiques sur ce point, cf. Le CRI des travailleurs n° 7, sept. 2003, p. 12). Bien sûr, il y a une continuité logique entre le renoncement au combat pour le socialisme et le refus de lutter contre l’Union européenne et d’infliger une défaite à la bourgeoisie !

7) En ce qui concerne le contenu du projet de loi, cf. Le CRI des travailleurs n° 15 de novembre-décembre 2004 (analyse du Rapport Thélot) et n° 16 du janvier-février 2005 (texte du courant Front unique de la FSU), ainsi que notre tract du 15 février reproduit ci-après.

8) En ce qui concerne FO, notons que le degré de couverture de cet appareil bureaucratique par le PT atteint en ce moment des sommets incroyables : alors que le parti lambertiste mène une vigoureuse campagne pour le Non (selon l’orientation républicaine petite-bourgeoise qui lui est propre : cf. Le CRI des travailleurs n° 15) et ne cesse de dénoncer — à juste titre — la direction centrale de la CGT parce qu’elle refuse d’appeler au vote Non, il se garde en revanche de dénoncer ou même de critiquer l’orientation de FO, qui refuse pourtant elle aussi de se prononcer pour le Non ! Pire : lorsqu’un lecteur d’Informations ouvrières (dans le n° 679 du 17 février, p. 8) s’étonne de ce silence apparemment si surprenant (pour qui ignorerait que la direction du PT se couche constamment devant celle de FO), Daniel Gluckstein daigne à peine lui répondre ! En effet, alors qu’il argumente longuement au sujet de la CGT, le secrétaire national du PT répond simplement à son lecteur étonné qu’il doit se reporter à une prise de position du CCN de FO publié dans le numéro précédent d’Informations ouvrières (n° 678, p. 9). Or cette prise de position (qui date de… septembre) fait à peine quelques critiques fort générales, sans condamner le projet de « Constitution » et évidemment sans appeler à voter Non au référendum. Les militants du PT accepteront-ils longtemps de se faire mener en bateau par leurs dirigeants qui prétendent d’un côté tout faire pour assurer la victoire du Non, mais qui, d’un autre côté, refusent de dénoncer la direction de FO qui refuse d’appeler à voter Non ? Accepteront-ils longtemps d’être soumis à une orientation, absurde en apparence, qui conduit dans la pratique à ce que les militants du PT intervenant dans la CGT se battent pour que leur syndicat appelle à voter Non, alors que les militants du PT qui interviennent dans FO (de loin les plus nombreux) ne combattent manifestement pas pour que leurs structures syndicales appellent au vote Non...

9) Nous donnons plus loin l’exemple le plus récent de cette intervention des militants du Groupe CRI dans les syndicats, en publiant la contribution de deux de nos camarades enseignants-chercheurs soumise à la discussion dans le cadre du débat interne du SNESup-FSU.