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Enquête officielle sur la réforme LMD
Des résultats édifiants qui confirment les analyses de la FSE


Auteur(s) :Un syndicaliste de la FSE
Date :14 novembre 2005
Mot(s)-clé(s) :FSE, LMD, étudiants, tribune-libre
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Le Comité de suivi de la licence a mené une enquête sur la mise en œuvre de la réforme LMD de 2002 à 2004, dans les formations de « sciences et technologies » et « lettres et langues ». Un questionnaire a été envoyé à 59 universités ayant basculé dans le système LMD entre 2002 et 2004 ; 45 universités ont répondu.

Le document complet (17 pages) se trouve à l’adresse http://www.amue.fr/Telecharger/LMD/QuestLMD_res.pdf

Ce comité officiel n’a évidemment pas pour but de souligner les conséquences négatives du LMD. Il ne peut pourtant pas les camoufler – comme nous allons le voir – malgré des questions souvent biaisées. Un exemple de question : « La proportion de TD par étudiant a-t-elle été augmentée, maintenue, diminuée ? » Le résultat fait apparaître que cette proportion a été plus souvent augmentée que réduite. Qu’en conclure ? Que les étudiants sont mieux encadrés et bénéficient de plus d’heures de TD ? C’est ce qu’on voudrait nous faire croire, mais la bonne question n’a pas été posée : « Les heures de TD par étudiant ont-elles été augmentées, maintenues, diminuées ? » Les résultats auraient sans doute été très différents, car beaucoup d’universités ont compensé l’ouverture de nouveaux TDs par la diminution des heures d’enseignement par TD. En outre, une autre question (cf. ci-dessous) indique le nombre d’heures global d’enseignement par étudiant a baissé.

Voici quelques résultats instructifs de cette enquête :

Un tronc commun de plus en plus réduit

Dans 14 universités sur 29 (pour les licences de sciences et technologies) et 5 universités sur 11 (pour les licences de lettres et langues), le tronc commun du cursus licence représente moins de 30 ECTS (c'est-à-dire moins de 1/6 du total).

Cela signifie que dans près de la moitié des cas, le tronc commun a quasiment disparu ! Le diplôme de licence est ainsi de plus en plus individualisé. Chaque étudiant possédera son propre « diplôme ». Or, jusqu’à maintenant, un diplôme – commun à un ensemble d’étudiants – fondait la reconnaissance de droits collectifs (garantis par des conventions collectives) sur le marché du travail. La réforme LMD vise à casser ces droits collectifs, et donc à laisser chacun négocier seul (et donc en position de faiblesse) le prix de sa force de travail.

Diminution des heures d’enseignement

Par étudiant, le volume horaire en « présentiel » (sic) a été réduit dans 13 universités (et augmenté dans 3) pour les licences de Sciences et technologies, a été réduit dans 8 universités, augmenté dans 3 pour les licences de lettres et langues.

Si l’on comprend bien ce charabia technocratique, cela signifie que les étudiants ont moins d’heures de cours (cours magistraux et TD cumulés). Cela est d’autant plus grave que ces diminutions touchent en priorité les matières fondamentales, les universités se vantant de développer les modules de « compétences transversales » (re-sic) – un des objectifs de la réforme LMD – comme l’informatique ou la « création d’entreprises ».

La part du contrôle continu augmente, le nombre d’épreuves terminales baisse

Conformément à l’esprit du LMD – mais aussi de la loi Fillon sur l’école –, la part du contrôle continu tend à augmenter partout. Dans 3 universités, la part du contrôle continu dans le cursus licence est même de… 100% !!

Le nombre d'épreuves terminales a été augmenté dans 7 universités, diminué dans 17 pour les licences de Sciences et technologies, et a été augmenté dans 4 universités, diminué dans 14 pour les licences Lettres et langues.

Ainsi, les universités suppriment de plus en plus de partiels, y compris sur les matières fondamentales ! Un exemple frappant est celui de l’histoire à Paris I : les étudiants d’histoire ne passeront plus qu’une unité d’enseignement fondamentale en examen terminal chaque semestre (au lieu des deux aujourd’hui), les étudiants tirant au sort – au dernier moment – laquelle des épreuves ils vont passer !

C’est une manifestation, qui ne trompe pas, du délaissement croissant des formations générales non sélectives à l’entrée, aux diplômes dévalorisés, alors que les universités mettent le paquet (financier) pour promouvoir leurs nouvelles formations sélectives. Le LMD renforce la dualisation de l’Université, avec d’un côté des filières générales délaissées pour la  « masse », et des filières « hautement compétitives » pour une petite minorité.

Les Universités achètent la paix sociale

Les « initiatives étudiantes » sont rémunérées de crédits ECTS dans 15 universités pour les licences de Sciences et technologies, et dans 15 universités pour les licences de Lettres et langues.

Cela signifie concrètement que les universités ont la possibilité de récompenser les « gentils » élus (cf. l’exemple de l’université Paris V : http://oxygenefse.free.fr/lettres/lettre-info-70.htm).

Cela ne fera qu’amplifier un phénomène déjà bien réel : la pléthore d’élus étudiants lêche-cul qui renoncent à défendre les intérêts étudiants pour leurs petits intérêts personnels. Il va sans dire que les militants de la FSE refuseront bien évidemment tout crédit ECTS pour leur activité militante.

En outre, cette enquête confirme d’autres tendances, qui sont déjà bien identifiées : la suppression de la compensation annuelle (qui n’est plus garantie par les décrets), la suppression de la session de septembre (une « anomalie » dans le système complètement semestrialisé du LMD – mais une anomalie bien utile pour les étudiants qui ont ainsi le temps de rattraper leurs lacunes).


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