Le CRI des Travailleurs
n°30
(janvier-février 2008)

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Il n’y aura pas de paix tant que subsistera l’État colonial et raciste d’Israël, créature des impérialistes !
Pour une Palestine multi-ethnique, laïque, démocratique et socialiste !


Auteur(s) :Frédéric Traille
Date :24 janvier 2008
Mot(s)-clé(s) :international, Palestine, Israël
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Il y a 60 ans, les puissances impérialistes et l’URSS stalinienne se mettaient d’accord, dans le cadre de l’ONU, pour proclamer et soutenir l’État d’Israël, entérinant la colonisation sioniste des terres palestiniennes, cautionnant la destruction de plusieurs centaines de villages et l’expulsion manu militari de centaines de milliers d’habitants arabes. Depuis, tous les événements ne font que confirmer l’impossibilité, pour les Palestiniens qui combattent légitimement pour leurs droits nationaux et sociaux, de vivre aux côtés de cet État colonial et raciste, que ce soit à l’intérieur même de ses frontières, en tant que citoyens de seconde zone, ou sur les territoires morcelés de Gaza et de Cisjordanie, véritables prisons à ciel ouvert, bases territoriales supposées d’un futur « État » palestinien promis par Georges Bush (1).

Des accords d’Oslo en 1993, qui servent depuis de cadre pour tous les renoncements aux droits nationaux du peuple palestinien, à la conférence d’Annapolis, l’État d’Israël et tous ses mentors impérialistes, mais aussi les principaux dirigeants palestiniens (le Fatah) promettent une solution passant par l’établissement de deux États. Mais l’actualité ne cesse de rappeler ce qu’en serait la traduction : par sa politique de la carotte et du bâton, et avec la partition de fait des territoires palestiniens depuis l’été 2007 (2), l’État israélien montre ce que pourrait être un futur « État » palestinien, morcelé et sans souveraineté.

D’un côté, si les Palestiniens, comme Mahmoud Abbas et sa clique, acceptent de renoncer à leurs droits nationaux, ils pourront recevoir quelques miettes du banquet des sionistes et des impérialistes. C’est ainsi que Abbas et les « troupes de sécurité » du Fatah, après avoir montré leur allégeance aux plans impérialistes, ont pu recevoir une aide de la part d’Israël et de ses alliés impérialistes pour lutter contre le Hamas et pour conserver un pouvoir auquel ils s’accrochent, malgré le résultat des urnes. C’est aussi des promesses d’aides humanitaires de la part des impérialistes européens bien-pensants, qui savent récompenser ceux qui se soumettent. Le peuple palestinien, en revanche, comme le montre ce qu’il vit en Cisjordanie, n’a rien à attendre de cette voie. Il sait malheureusement depuis longtemps qu’il ne tirera aucun bénéfice des « aides », captées par une bourgeoisie palestinienne parasitaire et corrompue dans le but de maintenir sa domination. Il sait aussi que le renoncement à tout droit national est sans fin, alors qu’il voit ses habitations et ses sources de revenus détruites par le mur de la honte israélien.

De l’autre côté, s’ils persévèrent à revendiquer leurs droits légitimes, que ce soit par une lutte directe ou par un vote, les Palestiniens sont prévenus qu’ils en seront durement punis. C’est ce que vivent les Palestiniens entassés à Gaza, doublement coupables d’avoir porté leur choix démocratique vers le Hamas, puis de n’avoir pas laissé faire le coup de force engagé par les troupes de choc du Fatah. Ils ont à subir le bouclage de leur territoire, les humiliations aux points de contrôle, les raids terroristes de l’armée israélienne et la suspension de l’approvisionnement pour leurs besoins les plus vitaux. Si des plans d’intervention à Gaza sont déjà prêts, les dirigeants sionistes pensent toutefois encore pour le moment que ce traitement de choc suffira à ôter aux Palestiniens toute volonté de résistance.

Si le Fatah collaborationniste et corrompu est discrédité, le Hamas, organisation petite-bourgeoise réactionnaire qui avait ces dernières années symbolisé la résistance, ne montre pas non plus la voie aux Palestiniens pour une lutte victorieuse. Ses dirigeants, depuis leur arrivée au pouvoir, n’ont cessé de multiplier les déclarations de bonne volonté, de respect des accords signés, de recherche d’une « unité nationale » avec les forces collaborationnistes de Mahmoud Abbas. De plus, ils n’ont évidemment aucune intention de mettre en cause la propriété privée et défendent un programme intégriste que les communistes révolutionnaires combattent.

Ce n’est qu’en s’organisant de manière indépendante de toutes les forces bourgeoises et petites-bourgeoises incapables de mener un combat victorieux contre le projet sioniste, par peur de déchaîner des forces qu’elles ne sauraient contrôler, que la classe ouvrière palestinienne pourra être le moteur d’une lutte nationale victorieuse et, au-delà, d’une lutte révolutionnaire pour la satisfaction de ses revendications sociales. Mais cette lutte ne peut se mener qu’en liaison avec les classes ouvrières des autres pays de la région, y compris dans l’État d’Israël, où les travailleurs juifs exploités doivent d’abord et avant tout rompre avec le sionisme. C’est ainsi qu’il sera possible de construire une République multi-ethnique, laïque, démocratique et socialiste sur tout le territoire de la Palestine historique, vers les États-Unis socialistes du Moyen-Orient.

Du côté des forces révolutionnaires et ouvrières en France et dans les autres pays impérialistes, il est de notre devoir de dénier à « nos » dirigeants le droit de sanctionner un peuple pour son choix démocratique légitime et de soutenir la résistance du peuple palestinien. C’est le sens de la signature par le Groupe CRI, dans la continuité de sa participation au « Collectif de soutien aux peuples du Moyen-Orient contre l’impérialisme et le sionisme » en 2006, de l’appel publié ci-dessous pour une campagne de soutien à la résistance palestinienne tout au long de l’année 2008.


1) Cf. nos articles antérieurs sur la Palestine, http://groupecri.free.fr/search.php?keyword=Palestine (notamment l’article de Laura Fonteyn dans Le CRI des travailleurs n° 23, sept.-oct. 2006).

2)  Cf. la tribune de Pierre-Yves Salingue reprise dans Le CRI des travailleurs n° 27 (été 2007).


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