Le CRI des Travailleurs
n°31
(mars-avril 2008)

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Appel de la Left Radicals of Afghanistan

On trouvera ci-dessous notre traduction, due au camarade Frédéric Traille, de l’appel envoyé par la Left Radicals of Afghanistan (LRA, Gauche radicale d’Afghanistan).

« La liberté d’expression et la liberté d’opinion dans un régime installé par les États-Unis : Kambakhsh, un jeune étudiant-journaliste, condamné à mort !

Parviz Kambakhsh est une des toutes dernières victimes de la République Islamique d’Afghanistan qui, à cause de ses croyances et opinions personnelles et de son opposition politique au régime installé par les États-Unis en Afghanistan, a été maintenu dans une détention horrible au centre du Département de la Sécurité Nationale (SND) à Marzar e Sharif ces trois derniers mois.

Parviz Kambakhsh, jeune étudiant de 23 ans en troisième année à la faculté de journalisme de Marzar e Sharif, était reporter pour le journal « Jahan e Naw ». Il est issu d’une famille pauvre de la province pauvre de Saripul en Afghanistan.

Durant sa période de détention, il a été constament torturé physiquement et mentalement ; il a même été menacé de mort s’il n’avouait pas. Pendant cette période, il n’a pas eu accès à un avocat et n’a pas pu recevoir la visite de ses amis et de ses proches. Même la peine de mort prononcée par le procureur général et le tribunal l’a été en son absence et secrètement.

Kambakhsh a été arrêté après que les services de renseignements du régime de Karzai (SND) l’eurent identifié comme « laïque, marxiste et oppositionnel » au régime. Il a été accusé d’avoir imprimé quelques articles athées depuis Internet et de les avoir distribués à ses camarades de classe.

Selon l’acte d’accusation officiel du procureur général de Mazar e Sharif, Hafizullah Khaligyar, « Kambakhsh a profané l’Islam, le Coran et Mahommet et contredit la Constitution ». Lors d’une interview à la radio Kelid le 23 janvier 2008, il a affirmé que « non seulement il a imprimé et écrit des articles anti-religieux, mais il était aussi un activiste marxiste qui faisait de la propagande pour ses opinions ». Le procureur général a brandi victorieusement le fait que le SND avait trouvé un livre de Wel Durant et d’autres livres anti-religieux à son domicile.

Le Ministère de l’Information et de la Culture, par une déclaration du 23 janvier, n’assume aucune responsabilité quant au cas du jeune journaliste de 23 ans Parviz Kambakhsh, en affirmant qu’« il n’était pas un journaliste, mais un étudiant » !

M. Babak, éditeur en chef de « Jahan e Naw », où Parviz Kambakhsh travaillait, rejetant les accusations du procureur général de Mazar e Sharif, a argumenté en disant que lire des documents et les copier depuis Internet n’était pas un acte illégal.

Le Conseil Ulama (le conseil des experts religieux), le Conseil Provincial de Mazar e Sharif, le SND et le procureur général ont tous ensemble condamné Parviz Kambakhsh et réclamé la peine de mort à son encontre (par lapidation selon la Charia islamique). Et finalement le tribunal moyenâgeux a annoncé sa décision de la peine de mort pour Kambakhsh le 23 janvier 2008.

Oui, tels sont la pratique et le visage réels de la démocratie en Afghanistan, un gouvernement créé par les États-Unis et l’OTAN comme un modèle de démocratie dans la région !

Selon l’article 3 de la nouvelle Constitution d’Afghanistan : « Aucune autre loi ne peut être faite qui contredise les croyances et les lois de la sainte religion de l’Islam en Afghanistan », et l’article 33 de la loi sur les médias affirme qu’il n’est pas permis à la presse et aux médias de toucher à l’Islam et à ses principes.

Ainsi, comme nous le notons, il y a beaucoup d’autres articles dans la Constitution, la loi sur les médias, la loi sur les partis politiques et la loi sur les organisations culturelles et sociales qui interdisent aux forces dont les croyances, les perspectives et les objectifs sont différents de la Charia et de l’Islam, de pouvoir s’établir, d’avoir des activités, d’exprimer leurs opinions et de propager leurs objectifs dans le paysage politique afghan.

C’est pourquoi, depuis le renversement du régime sombre et oppressant des Talibans, nous n’assistons à l’établissement d’aucun parti ou organisation laïque, marxiste et socialiste, alors que plus de 95 partis islamiques-nationalistes ont été établis et enregistrés par le gouvernement. Mais parmi les forces de gauche, à l’exception de quelques éléments collaborateurs, la plupart continuent leur lutte et leurs activités politiques clandestinement, comme au temps des Talibans, et souffrent de la persécution constante de la part des chiens de garde du régime.

Tout le monde sait que la République Islamique d’Afghanistan actuelle et le gouvernement Karzai – le président Karzai a lui aussi une origine jihadiste et talibane – consistent principalement en des forces jihadistes qui possèdent les mêmes croyances, les mêmes objectifs et la même nature que les Talibans, mais qui, compte tenu de leurs obligations et de leurs intérêts spécifiques, continuent leur collaboration avec le régime et dansent au rythme de l’impérialisme américain comme avant. Ces forces collaborationnistes comme les Talibans partagent la même nature anti-démocratique et barbare et ne respectent jamais la démocratie et les droits de l’homme.

La République Islamique d’Afghanistan a interdit l’hebdomadaire « Aftab » en 2002 et condamné à mort ses éditeurs. En 2005, elle a arrêté et prononcé la peine de mort contre Ali Mohaqiq Nasab pour avoir exprimé ses croyances. Elle a emprisonné et condamné à mort M. Abdul Raham qui s’était converti au christianisme en 2005. Elle a retenu en détention M. Ghaws Zalmai ces quatre derniers mois et le dernier événement est la détention et la peine de mort contre Parviz Kambakhsh.

Le régime de Karzai, comme le régime iranien, à travers le SND, le Ministère de l’Enseignement Supérieur, le Ministère de l’Éducation, le Ministère du Travail et des Affaires Sociales..., envoie des lettres offcielles aux institutions qui leur sont liées comme les universités, les lycées, les centres de travail..., dans la capitale et dans les provinces, pour les prévenir de ne pas autoriser d’activités politiques dans leurs domaines respectifs et de rapporter immédiatement au SND tout mouvement qu’elles constatent.

Depuis l’installation du régime fantoche en Afghanistan, tout mouvement d’opposition est conscienceusement persécuté et supprimé encore plus durement qu’au temps des Talibans. En 2002 et 2003, les manifestations des étudiants de l’Université de Kaboul ont été réduites au silence par le langage des armes et les manifestants ont été détenus comme marxistes, Talibans, membres d’Al-Qaida ou activistes anti-gouvernement. En 2005, pendant les manifestations contre l’occupation et le régime partout dans le pays, en plus de tuer et de blesser, la police du régime d’oppression a emprisonné des dizaines de manifestants, dont 3 militants de la LRA, en tant que révolutionnaires de gauche et pour avoir participé aux manifestations de Jalalabad le 20 mai 2005. Le 29 mai 2006, à la suite des grosses manifestations contre l’occupation à Kaboul, impitoyablement réprimées par la police, M. Majadid, président du Sénat et figure jihadiste, a accusé les communistes de porter de telles manifestations.

Les marxistes, les communistes et les Kafer (les infidèles) sont les mots choisis par les fascistes jihadistes et nationalistes actuellement au pouvoir pour persécuter et chasser leur opposition politique en toute légalité, à la lumière de la nouvelle Constitution soi-disant démocratique.

Certes, le programme des socialistes, des communistes et de tous les marxistes, en réclamant la fin de la propriété privée et de l’exploitation de l’homme par l’homme, l’égalité rélle entre les hommes et les femmes, la suppression du droit à l’héritage... est en contradiction avec l’Islam et avec toute autre religion, mais cela ne signifie pas que les communistes soient contre l’Islam et contre les religieux comme l’était Bismarck. Ils ont une attitude scientifique envers les religions et traitent cela comme une affaire personelle de chacun.

Mais les sentiments anti-communistes et anti-marxistes dans le monde musulman et particulièrement parmi les forces politiques islamistes comme les fondamentalistes et les extrémistes, ont été développés et encouragés par l’impérialisme américain pendant la guerre froide pour être utilisés contre le « danger du communisme ». Aujourd’hui encore, l’impérialisme américain a les deux comportements : s’il en a besoin pour combattre ses ennemis, il soutient chaudement les forces extrémistes islamiques sous le prétexte de défendre les droits de l’homme et la démocratie, comme en Chine et en Asie centrale ; mais si ces forces touchent aux intérêts de l’impérialisme américain, il les ajoute à la liste noire des terroristes. Par exemple, il a aidé à la création et à l’arrivée au pouvoir des Talibans en Afghanistan et n’a pas montré la moindre objection avant septembre 2001, mais quand ils ont refusé de livrer Oussama, ils sont soudain devenus des terroristes !

Mais aujourd’hui encore, l’Islam est aussi un bon moyen pour les régimes non démocratiques de supprimer leurs oppositions en tant qu’éléments contre l’Islam, et ainsi se protéger contre toute opposition et toute critique.

La Gauche Radicale d’Afghanistan (LRA), en tant qu’organisation de gauche révolutionnaire qui souffre constamment de la persécution du régime d’oppression actuel et qui continue sa lutte politique clandestinement, condamne fermement l’acte barbare de détention et de condamnation à mort par le régime d’oppression envers un très jeune intellectuel et demande sa libération immédiate. Nous croyons que les impérialistes et leurs marionnettes tout autour du monde, contrairement à leur affirmation stupide sur la mort du « communisme », ressentent toujours le danger de la part des forces marxistes et essaient par différents moyens de saper ces forces.

La LRA demande à tous les partis progressistes et anti-impérialistes du monde de soutenir la campagne pour la libération de Parviz Kambakhsh et d’envoyer des lettres de protestation aux ministères des Affaires Étrangères des États-Unis et de l’OTAN pour qu’ils interviennent et le libèrent des mains de la justice du régime qu’ils ont créé. Car les États-Unis et l’OTAN sont responsables de tous les crimes et du chaos qui existent en Afghanistan et ces gouvernements impérialistes, comme « anges gardiens » de l’Afghanistan occupé, ont créé une nouvelle Constitution et un régime fantôche de mafieux et de criminels de guerre pour nous en Afghanistan.