Le CRI des Travailleurs
n°34
(novembre-décembre 2008)

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À bas la réforme Darcos du lycée et des concours !
Refusons les suppressions d’heures de cours, l’organisation modulaire, la remise en cause du Bac et du statut
Exigeons des directions syndicales qu’elles rompent toute négociation avec Darcos et préparent un plan d’action pour gagner !
Organisons-nous pour l’imposer !


Auteur(s) :Nicolas Faure, Antoni Mivani
Date :6 novembre 2008
Mot(s)-clé(s) :enseignants, lycéens
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Améliorer l’enseignement… en réduisant les heures de cours et supprimant les dédoublements ?

Aujourd’hui, les élèves de seconde ont en moyenne 30,5h de cours par semaine, plus 2h d’aide individualisée pour les élèves en difficulté. Le projet Darcos prévoit de limiter à 27 le nombre d’heures de cours dans les disciplines, avec en plus 3h d’« accompagnement éducatif », soit une diminution d’au moins 10 % du nombre d’heures de cours par discipline pour les élèves.

En outre, il n’est rien dit ni des dédoublements ni des TP (Travaux Pratiques), aujourd’hui nombreux en seconde. Or il est déjà difficile de faire respecter les dédoublements inscrits dans les textes. Le silence du projet sur le sujet veut sans doute dire qu’ils seraient purement et simplement supprimés.

Darcos prétend que sa réforme a pour but d’améliorer la qualité de l’enseignement. Mais en quoi la diminution du nombre d’heures de cours, donc la réduction des programmes, et la suppression des dédoublements pourraient-elles y contribuer ? Mystère. En revanche, cela diminuerait l’horaire professeur (en raison des dédoublements, 1h de cours pour les élèves peut correspondre à 2h de cours à donner pour le professeur), qui varie aujourd’hui, en seconde, entre 37,5h et 40,5h, de 7h à 13h, soit d’environ 25 %. Cela permettrait donc de supprimer 1 poste de professeur sur 4… C’est manifestement l’un des véritables objectifs de la réforme.

L’architecture « modulaire » et ses conséquences

La première version de la réforme fixait une organisation entièrement modulaire : au lieu d’avoir un certain nombre d’heures de cours obligatoires dans des disciplines variées, l’élève choisirait « librement » des modules semestriels de 50h dans 4 grandes familles (humanités, sciences, sciences de la société, technologies) pour composer son parcours individualisé. Face au tollé, la seconde version prévoit 21h de « tronc commun » (sans préciser la répartition entre les matières !), 6h d’« enseignements exploratoires » en modules semestriels et 3h d’« accompagnement éducatif » en seconde. Mais le premier projet en montre le but : Darcos a souligné que le « principe d’organisation en modules sera également au cœur de l’organisation des classes de première et de terminale » (21/10). Il s’agit donc d’un recul provisoire : faire passer le principe de l’organisation modulaire d’abord, pour la généraliser ensuite.

Quelques conséquences d’une organisation modulaire

Darcos prétend que sa réforme n’implique pas de casse du baccalauréat : faut-il le croire ?

Darcos se souvient que la volonté de supprimer le bac avait mis des centaines de milliers de lycéens dans la rue contre la réforme Fillon en 2005. En disant que « cette nouvelle organisation du lycée n’implique pas de réforme du baccalauréat, qui restera l’examen national auquel les Français sont si attachés » (21/10/08), il cherche à rassurer. Faut-il le croire ?

Pour faire avaler une réforme impopulaire, les hommes politiques de la bourgeoisie ont l’habitude de prendre des engagements qu’ils s’empressent de trahir. Ainsi Sarkozy, ministre de l’Économie, avait fait passer en 2004 la privatisation partielle d’EDF-GDF en promettant que la part de l’État ne descendrait jamais en dessous de 70 %. Le même Sarkozy, sitôt élu président, a décidé la fusion GDF-Suez qui implique la privatisation totale de GDF. Bref, les promesses n’engagent que ceux qui y croient !

Mais il y a plus : l’organisation modulaire du cycle terminal est incompatible avec le bac comme examen national, anonyme et terminal. En effet, chaque élève pourrait choisir 36 modules sur deux ans. Il serait impossible d’organiser des épreuves nationales identiques pour les centaines de milliers d’élèves ayant construit un parcours individuel et suivi des modules différents déclinés diversement selon leur établissement. De Gaudemar (chargé de « piloter » la réforme) n’a pas caché qu’il lui semblerait logique de passer à un CCF (Contrôle en Cours de Formation) semestriel. C’est le sens des réformes depuis des années. Déjà les oraux de langues en série technologique sont faits localement, en cours d’année.

En ce sens, même si le mot « baccalauréat » restait, il ne s’agirait plus d’un examen national, anonyme et final, mais d’un CCF : le bac du lycée X n’aurait alors plus la même valeur que celui du lycée Y… Darcos vise ainsi à introduire la sélection à l’entrée de l’université via la prise en compte du lycée d’origine et des modules suivis.

Casse du bac + autonomie + parcours individualisés = des programmes nationaux purement décoratifs

Pour rassurer, Darcos clame que les programmes resteront nationaux. Mais que vaut cette affirmation ? Ce qui garantit aujourd’hui le caractère national de l’enseignement, c’est l’existence d’un examen terminal, national et anonyme, reposant sur des programmes nationaux. Cela permet aux enseignants d’exiger de leurs élèves qu’ils s’élèvent au niveau de l’examen (fût-il de plus en plus bas en raison d’années de contre-réformes destructrices s’ajoutant à la dégradation des conditions de vie, notamment pour les classes populaires). Si cela ne supprime guère les inégalités de fait entre établissements, reflet des inégalités sociales, produit de la société de classes, cela contribue à élever globalement le niveau d’instruction de la population. Or, en cas de passage au CCF, les programmes nationaux deviendraient une référence formelle : chaque lycée corrigerait lui-même ses épreuves, selon la progression choisie, selon des exigences variables, etc.

Darcos laisse entendre que sa réforme n’implique pas de casse du statut des enseignants : faut-il le croire ?

Darcos dit que la réforme ne met pas en cause « le caractère hebdomadaire du travail des enseignants ». Mais il ne dit pas que cela ne cassera pas le statut des enseignants. Et pour cause ! Dans sa déclaration du 17 juillet, il expliquait que sa réforme impliquait de « repenser de manière assez substantielle l’organisation des enseignements et des services ». Cette orientation figure dans les points de convergence signés par la direction de certaines organisations syndicales d’enseignants et de chefs d’établissement (SNES, SNEP, SNALC, SGEN-CFDT, ID-FAEN, SNPDEN-UNSA ; la CGT Éduc’Action a finalement retiré sa signature) : « C’est pourquoi le service des enseignants devra mieux intégrer, en les articulant, la diversité des situations éducatives : cours, soutien et remise à niveau, projets interdisciplinaires, aide personnalisée, contribution au suivi et à l’orientation, préparation méthodologique aux études supérieures » (point 11).

La réforme du lycée est incompatible avec le maintien des décrets de 1950 et de 1992 régissant le statut des enseignants de collège et de lycée. Cela nous concerne donc tous. Deux exemples :

Le projet de réforme des concours de recrutement des enseignants

Aujourd’hui, la majorité des enseignants du second degré est recrutée par un concours nommé CAPES (Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement du Second degré), qui comporte deux parties. L’une est théorique, composée d’épreuves écrites et orales, l’autre est pratique, consistant en un stage d’un an, sous la direction d’un professeur expérimenté, à raison de 8h de cours par semaine, complété par une formation professionnelle à l’IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres). C’est seulement à la fin de cette année que la titularisation comme fonctionnaire est prononcée. Les écrits visent à apprécier les connaissances du candidat dans sa discipline et les oraux, ses capacités à construire des leçons. Le jury est composé d’enseignants.

Le nouveau CAPES comporterait 2 épreuves de connaissances (écrits), comptant pour 40 % des points et 2 épreuves « pédagogiques et didactiques» (oraux) comptant pour 60 %. L’un des axes de la réforme est d’«impliquer dans le recrutement des personnels de direction, des membres de l’administration et de la hiérarchie de l’E.N., ainsi que des membres de la société civile » (13/10/08). Les lauréats du concours commenceraient à enseigner à plein temps dès la première année.

Selon Darcos, la réforme viserait à instaurer un mode de recrutement permettant de juger réellement l’aptitude des candidats à enseigner. Est-ce le cas ? Tout d’abord, les concours actuels comportent une immense partie pratique, le stage d’un an en situation, complété par la formation professionnelle. Ensuite, on voit mal comment il serait possible de juger des capacités supposées des candidats à enseigner grâce à « un entretien » visant à « vérifier les connaissances du candidat relatives aux valeurs et exigences du service public, au système éducatif et à ses institutions ». Réciproquement, cela revient à oublier que la première condition pour assurer un enseignement de qualité consiste à bien maîtriser sa discipline. Enfin, envoyer les candidats fraîchement reçus enseigner immédiatement à plein temps, c’est préparer de multiples catastrophes pédagogiques (du côté des élèves) et des drames personnels (du côté des enseignants). En effet, toute personne connaissant le métier d’enseignant sait que les premiers cours sont longs et difficiles à préparer et que la gestion d’une classe est quelque chose qui s’apprend peu à peu, sur le terrain, avec l’aide d’enseignants expérimentés.

Si donc les prétextes « pédagogiques » ne sauraient justifier la réforme, quelles sont ses motivations profondes ? Il s’agit d’essayer de modifier la nature même du corps enseignant pour faciliter la casse de l’enseignement. La bourgeoisie veut mieux adapter l’école à ses besoins. Tout en assurant dans la société capitaliste un rôle de sélection correspondant à la division sociale du travail, le collège et le lycée actuels restent, du point de vue du capital, encore excessivement organisés autour de la transmission des savoirs et de la formation du jugement. Darcos veut un système éducatif proposant une formation fortement idéologique, réduite au strict nécessaire pour la production, afin de former les futurs travailleurs les plus dociles possibles. L’un des obstacles à cette transformation, à laquelle aspirent tous les ministres capitalistes depuis plusieurs décennies, est la volonté des enseignants d’enseigner. Or celle-ci est liée à la forme de leur recrutement : sélectionnés sur leur savoir et leur savoir-faire intellectuel, les enseignants développent au cours de leurs études à la fois un goût pour le savoir et un certain sens de l’indépendance intellectuelle. L’importance de l’entretien avec le jury, un véritable entretien d’embauche, permettra de sélectionner les futurs enseignants sur des critères idéologiques. C’est le sens de l’apparition dans les jurys des chefs d’établissements, des chefs d’entreprise et des responsables administratifs du ministère.

La réforme de l’agrégation obéit à la même logique. Il est aussi prévu d’y introduire cet entretien avec le jury et de revoir la composition de ce dernier.

Enfin, cette réforme permettrait aussi de faire une économie importante de postes : en envoyant directement les lauréats du concours enseigner à plein temps, le ministre récupère un nombre de postes Équivalent Temps Plein égal à la moitié des lauréats.

Quel plan d’action pour faire échouer les « réformes » de Darcos-Sarkozy ?

La réforme du lycée, les suppressions de postes massives, la réforme des concours, les attaques contre l’enseignement primaire constituent un terrible plan d’ensemble contre l’enseignement public. Une très large majorité des enseignants y est opposée. Mais, dans un contexte d’offensive tous azimuts de la bourgeoisie, le poids des défaites successives de différents secteurs isolés, notamment celle de 2003 qui a beaucoup marqué les collègues, chacun s’interroge. Le SNES s’en fait l’écho : « Les débats sont vifs dans les réunions syndicales sur les modalités d’action face aux conditions de la rentrée, au projet de budget 2009 avec des nouvelles suppressions d’emplois, aux discussions qui s’annoncent sur le lycée ou sur la revalorisation tant attendue de nos métier. Refus de grèves de 24 heures espacées pour certains, refus de grève reconductible vidant le porte monnaie pour d’autres, recherche de modalités alternatives, volonté d’agir avec les autres salariés et avec les parents » (18/09/08).

Qu’est-ce que la direction du SNES propose aux enseignants pour gagner ? « Continuer la campagne d’opinion avec les rendez-vous hebdomadaires des jeudis de l’éducation, investir par la grève la journée unitaire interprofessionnelle du 7 octobre, se mobiliser pour la réussite de la manifestation nationale du 19 octobre pour l’école ». Est-ce la bonne voie ? « La campagne d’opinion » est utile, mais impuissante à imposer un véritable recul au ministre. « Le 7 octobre » aura été une nouvelle journée de grève pour rien : appelée alors que la direction du SNES se concertait avec Darcos, elle a été très peu suivie : voilà une confirmation que les journées d’action sans revendications claires et sans perspectives sont une voie de garage. Enfin, si la manifestation du dimanche 19/10 a été un relatif succès, rassemblant près de 80 000 personnes, elle n’a pas conduit Darcos à renoncer à sa réforme.

Les directions syndicales doivent rompre toute négociation avec Darcos, informer, préparer la mobilisation

Il n’y a rien à négocier avec un gouvernement qui a déjà montré que les « concertations » visaient uniquement à donner une caution sociale à ses projets réactionnaires : précarisation du travail, remise en cause du droit syndical, allongement de la durée de cotisation pour les retraites, etc. En participant aux concertations sans exiger comme condition préalable que soient satisfaites les revendications qui ont fédéré les luttes l’année dernière (la restitution des milliers de postes supprimés, l’augmentation des salaires, le retrait du rapport Pochard, etc.), les principales directions syndicales entretiennent l’illusion que Darcos aurait pour objectif d’améliorer la qualité de l’enseignement. En réalité, les pseudo-négociations servent à essayer de donner au projet la caution des directions syndicales. Elle montre a contrario que les syndicats sont une force crainte par le gouvernement. Mais les directions syndicales sont avant tout déterminées par la préservation de leur appareil : elles s’imaginent donc qu’en acceptant de « négocier », elles obtiendront en échange le sauvetage de leurs prérogatives. Cependant, comme elle n’existe en dernière analyse que par sa base, face au mécontentement des enseignants et au combat de militants au sein des syndicats et par peur aussi d’être désavouée lors des élections professionnelles du 2 décembre, la direction du SNES s’est retirée des « négociations ». Cette lutte exemplaire menée à la base doit être poursuivie.

En effet, non seulement certains dirigeants n’excluent pas de reprendre les négociations, mais surtout le SNES n’a toujours pas retiré sa signature des 15 points de convergence pour la réforme du lycée, où elle figure au côté de celle de Darcos et du syndicat majoritaire des chefs d’établissement. Or le ministre ne cesse de s’appuyer sur cet accord pour légitimer sa réforme, comme lors de sa conférence de presse du 21/10. Conscient qu’il ne peut faire passer son texte sans la collaboration de la direction du SNES, Darcos lui a fait un appel du pied pour qu’elle revienne à la table des négociations : « Je veux dire aux syndicats d’enseignants et de chefs d’établissement que notre discussion n’est pas achevée. Je ne crois pas, notamment, que le SNES puisse rester durablement absent d’une discussion qui va permettre de dessiner le nouveau lycée et dans laquelle je veux aussi aborder la question de la revalorisation morale et matérielle des enseignants du lycée. » La position des directions syndicales, à commencer par celle du SNES, est un enjeu de la lutte. Il ne faut donc pas se détourner des syndicats, outil important des luttes victorieuses, mais se battre pour se les réapproprier par la base, afin qu’ils jouent leur rôle, celui de la lutte et non de la collaboration de classe. Dans les établissements, il convient de réunir des AG pour informer sur la réforme, définir les revendications, préparer l’affrontement.

Quelles alliances stratégiques pour un combat victorieux ?

Avant la bataille, on doit se demander : par quelle coalition de forces peut-on gagner ?

Toute lutte sérieuse contre la réforme repose sur les épaules de ceux qui font fonctionner le système éducatif (enseignants, CPE, surveillants, personnel ouvrier et administratif), car ils possèdent la capacité de le bloquer. Même si cela n’a pas d’effets directs sur l’économie, cela a un impact politique considérable, si c’est réalisé nationalement de façon prolongée.

L’expérience récente a montré le poids des lycéens dans le rapport de force avec le pouvoir. En 2005, leur mobilisation a contraint Fillon à renoncer à la suppression du bac. En 2006, ils ont participé à la lutte victorieuse contre le CPE. En 2008, leur lutte puissante en banlieue parisienne et dans quelques autres régions a été le facteur décisif obligeant Darcos à repousser l’annonce de sa réforme. Le soin apporté par ce dernier aux « syndicats » lycéens en est un autre témoignage. Il a même prévu d’annoncer la mouture définitive de sa réforme devant un parterre de 500 à 600 lycéens triés sur le volet le 15 novembre, afin de se donner la caution « des lycéens » devant l’opinion publique. Il est donc essentiel pour les enseignants de nouer une alliance stratégique avec les lycéens. Cela suppose q’ils commencent par se mobiliser eux-mêmes : en 2008, le mouvement lycéen a été particulièrement fort là où les enseignants se sont les premiers lancés dans la bataille. Mais il faut aussi expliquer la réforme prévue aux lycéens, et non les laisser se faire manipuler par Darcos et les médias. Il faut les aider à obtenir le droit de se réunir entre eux au lycée pour discuter de la réforme.

Il ne faut évidemment pas ignorer les parents d’élèves, mais ils ne peuvent jouer un rôle de soutien significatif que si les enseignants et les lycéens sont déjà en lutte. Il s’agit avant tout de leur expliquer la nocivité de la réforme pour leurs enfants et de gagner leur soutien à la lutte. En outre, ils sont aussi en majorité salariés d’autres secteurs, également touchés par les contre-réformes de Sarkozy et déjà ou bientôt par la crise économique. À ce titre, ils sont les alliés potentiels les plus précieux, s’il est vrai que seul un mouvement d’ensemble, une grève générale, peut permettre d’infliger enfin une défaite à l’arrogante offensive capitaliste contre tous les acquis sociaux.

Seule la grève générale de l’Éducation, ouvrant la voie à d’autres secteurs, peut permettre de gagner

C’est pourquoi la plate-forme de revendications ne doit pas être corporative, mais préparer par son contenu la jonction entre le premier et le second degré, entre l’Éducation et le reste de la Fonction publique, entre le public et le privé. Le gouvernement Sarkozy, a trouvé, avec la complicité du PS, des centaines de milliards pour sauver les banques, les compagnies d’assurance, les grands groupes capitalistes. Cela prouve que l’argent existe : il est possible de remplacer tous les fonctionnaires partant à la retraite, de payer des salaires décents à tous les travailleurs, de donner du travail à tous. Si ces milliards coulent aujourd’hui dans les poches des patrons et des banquiers, c’est une pure question de rapports de force : l’État est entre leurs mains, que ce soit Sarkozy ou Hollande au pouvoir. Pour vaincre, il faut une grève générale de l’Éducation, susceptible d’entraîner d’autres secteurs, vers une grève générale pouvant faire tomber le gouvernement. Car la bourgeoisie recule de façon significative seulement lorsque son propre pouvoir est menacé. Plus fondamentalement, seul un gouvernement des travailleurs serait à même de réorganiser le système éducatif de façon progressiste en lui attribuant tous les moyens nécessaires pour fonctionner et en donnant à l’enseignement et au savoir un caractère vraiment émancipateur.

Aucun doute n’est possible : toute l’expérience des dernières années montre que les manifestations symboliques du dimanche et les journées d’action dispersées et sans lendemain sont impuissantes. Alors si nous refusons de nous résigner à voir l’enseignement public détruit, il faut nous préparer à un combat difficile, à une grève longue et déterminée. L’opposition très majoritaire des collègues aux réformes, tout comme la participation importante à la manifestation du 19 octobre, sont les premiers signes clairs des potentialités de mobilisation. Pour qu’elle devienne une réalité, il faut que les directions syndicales préparent, organisent, puis appellent à la grève générale de l’éducation jusqu’à la victoire, dans la perspective de la grève générale contre Sarkozy. On ne saurait s’en remettre pour la lutte au seul bon vouloir des directions syndicales : il faut que les militants combatifs de toutes tendances impulsent à la base des AG permettant de coordonner la lutte à tous les niveaux, dans la perspective d’un comité national de grève. C’est à la fois un moyen de faire pression sur les appareils pour qu’ils rompent avec le gouvernement et s’engagent sur la voie du combat, et la condition pour que les travailleurs eux-mêmes puissent contrôler leur propre mouvement.


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