Brève ou communiqué du 26 décembre 2008
Les troubles sociaux qui ont secoué cette région du Centre-Ouest tunisien (350 kms de Tunis) riche en phosphates, avaient été déclenchés en janvier dernier, pour cause de chômage, de la détérioration des conditions de vie, de la corruption, du népotisme. La goutte qui avait fait déborder le vase avait été la publication des résultats contestés d’un concours de la Compagnie de phosphates de Gafsa (CPG) principal employeur de la région.
Les troubles qui ont suivi ont conduit à la mort de trois personnes et l’interpellation de près d’une centaine de manifestants. Le calme n’était revenu qu’après plusieurs mois et que la ville de Redeyef, principal foyer de contestation ait été encerclé, harcelé, investi par l’armée. L’Etat policier n’a d’autres ressources que la répression et la violence.
L’autocrate Ben Ali tente de briser la contestation sociale et politique par la répression, la peur, la prison, la torture, la mort. Ce nouveau procès inique (jeudi 3 décembre) contre 38 dirigeants syndicaux interpellés à la suite des grèves, émeutes survenues dans le bassin minier de Gafsa fait partie de la longue liste qui émaille chaque année le pays du Jasmin.
Parmi les prévenus, dont la plupart sont jugés en état d’arrestation, figurent notamment les principaux leaders syndicaux du mouvement. Les chefs d’accusation sentent les remugles de toutes les dictatures "participation à une entente criminelle en vue de commettre des attentats contre les personnes et les biens, rébellion armée commise par plus de dix personnes et trouble à l’ordre public" préparé un véritable plan d’action appelant à la désobéissance civile et à la rébellion".
Il est reproché aux prévenus "d’avoir pris la tête de manifestations au cours desquelles des jets de pierres et des cocktails Molotov étaient lancés contre les forces de l’ordre"
Il leur est imputé, en outre, "l’usage de bâtons et de barres de fer, l’érection de barrages sur les routes et les lignes de chemins de fer dans le dessein de paralyser, par la violence, l’activité économique dans la région"
Pour ces motifs de classe, ils risquent de dix à 12 ans de prison ferme.
Le procès s’est ouvert sous une forte surveillance policière. Tout contestataire était refoulé comme les trois membres de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD). Pour autant, les avocats des prisonniers ont demandé le report des débats pour rendre visite à leurs clients et préparer leurs plaidoiries. Ils ont réclamé la libération provisoire d’un certain nombre de détenus, ainsi qu’une expertise médicale sur 16 prévenus qui portent encore des traces de tortures Les autorités ont démenti implicitement ces allégations, avançant que "les prévenus sont détenus dans des conditions normales garantissant leur intégrité physique et morale".
Après délibération, le tribunal a décidé le renvoi du procès au 11 décembre, et donné suite à la demande de libération provisoire de huit prévenus.
Ce recul stratégique pour cause d’élection doit donc être mise à profit pour populariser et soutenir ces combattants de classe en butte à la férocité dictatoriale de classe de la bourgeoisie tunisienne.
Un ressortissant tunisien, résidant de l’agglomération nantaise a été arrêté et expulsé le 17/12. La cause : avoir exprimé sa solidarité avec les familles et les salariés engagés dans le mouvement social et revendicatif du bassin minier de Gafsa qui viennent d’être lourdement condamnés par le tribunal de Gafsa. (10 ans pour les leaders syndicaux) Alors que l’un de ses frères fait partie des personnes condamnées, il y a tout lieu de craindre (euphémisme) qu’à son tour, il soit victime de la répression de Ben Ali.
C’est pourquoi le Groupe CRI exprime sa solidarité et son soutien total aux travailleurs et aux jeunes en lutte contre la misère, le chômage, l’exclusion et la détérioration des services sociaux et réaffirme sa détermination dans la lutte contre la dictature ; exige la libération de tous les détenus politiques, syndicaux, la satisfaction des revendication légitimes formulées ; s’engage à accentuer la lutte contre la domination impérialiste sur le Grand Maghreb ainsi que contre le projet sarkoziste « d’Union pour la Méditerranée » soutient les résistances populaires en Irak et en Palestine dans leur combat pour libérer leur pays de l’occupation anglo-américain et sioniste.
SOLIDARITÉ
AVEC LES TRAVAILLEURS EN LUTTE !
À BAS LES RÉGIMES D’OPPRESSION !
FRONT
UNIQUE CONTRE L’ÉTAT IMPÉRIALISTE FRANÇAIS QUI LES
SOUTIENT !