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« Sans-papiers » : Halte à la répression ! Régularisation collective et immédiate !


Auteur(s) :FSE
Date :8 juin 2004
Mot(s)-clé(s) :société
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En plein accord avec son contenu, nous publions ci-dessous la lettre que nos camarades de la FSE (Fédération Syndicale Étudiante) ont adressée au préfet de Lille suite à la brutale répression dont ont été victimes des travailleurs sans-papiers de cette ville le 2 juin dernier. Cette prise de position n’est-elle pas conforme à ce que l’on est en droit d’attendre de la part de tout syndicat étudiant et de tout syndicat de salariés dignes de ce nom ? Comme nous ne cessons de le répéter dans ce journal, le combat contre la répression et pour la régularisation collective des travailleurs « sans papiers » doit être pris en charge comme un axe fondamental du mouvement ouvrier, et tous les militants communistes révolutionnaires doivent se battre pour l’imposer aux bureaucrates syndicaux qui portent une responsabilité majeure dans l’affaiblissement de cette lutte.

Lettre de la FSE (Fédération syndicale étudiante) au préfet du Nord (8 juin 2004)

« Monsieur,

La Fédération Syndicale Étudiante (FSE) a pris connaissance avec indignation de la répression brutale que vous avez ordonnée à l’encontre de sans-papiers de Lille, qui ont engagé avec le CSP 59 une lutte pour la régularisation collective de tous les sans-papiers.

D’après les éléments dont nous disposons, les services de police ont procédé à votre demande le mercredi 2 juin 2004 à une véritable de rafle de travailleurs, de femmes et jeunes sans-papiers en grève de la faim, venus consulter pour leur état de santé à l’hôpital du CHRU de Lille. Les forces de l’ordre ont également procédé à l’arrestation de militants venus apporter leur soutien à la lutte des travailleurs sans-papiers. Depuis le 2 juin, ces mêmes travailleurs sont en proie à un véritable harcèlement de la part de la police. A l’heure où nous écrivons, plus de 14 travailleurs sans-papiers sont maintenus en rétention administrative dans des conditions inhumaines, suite à ces opérations.

Pour notre fédération, la revendication de régularisation immédiate de tous les sans-papiers, à commencer par ceux qui ont engagé la lutte dans ce but dans la région lilloise, qu’ils soient travailleurs ou étudiants, est pleinement légitime.

Vous ne pouvez ignorer que ces travailleurs aujourd’hui sans-papiers n’ont eu d’autre choix que de prendre tous les risques pour venir chercher un travail en France, parce qu’ils ne voyaient d’autre issue à leur situation misérable et à celle de leur famille. Or, le gouvernement français, dont vous êtes le représentant, porte une responsabilité écrasante dans cette situation, car elle est le produit de la poursuite du pillage des anciennes colonies, entre autres par l’intermédiaire du système de la dette et de l’exploitation directe de leurs richesses naturelles par des entreprises au capital majoritairement français. Vous êtes par ailleurs particulièrement bien placé pour savoir que le vaste arsenal de lois discriminatoires et racistes mises en place par les gouvernements successifs de droite comme de gauche est une véritable machine à fabriquer de toute pièce des sans-papiers avec des personnes entrées régulièrement sur le territoire français. Ces lois ne profitent qu’au patronat qui dispose ainsi d’un important réservoir de main d’œuvre très bon marché et corvéable à merci, parce que pèse sur ces travailleurs de façon constante la menace de l’arrestation, du placement en centre de rétention et de l’expulsion.

Pourquoi, au lieu de vous attaquer aux véritables négriers qui font leurs profits en employant en toute illégalité, au vu et au su de tous, à commencer par les plus hautes autorités de l’État, des dizaines de milliers de travailleurs sans-papiers pour des salaires de misère sans le moindre droit à l’organisation syndicale, vous en prenez-vous à ces travailleurs sans-papiers déjà terriblement exploités et opprimés qui, par la lutte qu’ils mènent dans les conditions les plus difficiles, font la preuve d’un courage digne d’admiration ?

Pour notre fédération, à l’opposé de tout corporatisme, la lutte des étudiants pour une université publique, laïque, gratuite, de qualité et ouverte à tous est inséparable de la lutte de l’ensemble des travailleurs et des opprimés pour une existence digne.

C’est pourquoi, Monsieur, la Fédération Syndicale Étudiante exige que vous cessiez de criminaliser et harceler ce mouvement et revendique la libération immédiate et inconditionnelle des sans-papiers raflés mercredi, ainsi que leur régularisation collective, comme elle revendique d’une façon plus générale la régularisation collective de tous les sans-papiers.

Dans l’attente de votre réponse,

Pour la FSE,

le secrétaire : Stéphane Rey,

le porte-parole : Laurent Vergne. »


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