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Quel gouvernement préservera nos retraites de l'avidité capitaliste ?


Auteur(s) :Nina Pradier
Date :15 février 2003
Mot(s)-clé(s) :France
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Mais les retraites ne sont-elles pas en danger, ne faut-il pas trouver « des solutions », en raison de l’évolution démographique et des noires perspectives du fatidique « horizon 2040 »  ? Au-delà de la vraisemblance douteuse d’un certain nombre de prévisions à si long terme en la matière, il est clair que l’évolution démographique n’est nullement en tant que telle un problème, si l’on considère les capacités productives actuelles de l’humanité. En fait, les capitalistes et les gouvernements, qui nous appellent au sens des « responsabilités » en s’auto-proclamant les porte-parole des générations futures, ne se soucient pas davantage de l’avenir de nos enfants quand ils nous parlent des retraites que lorsqu’ils versent quelques larmes de crocodile à la suite du naufrage de l’Erika ou du Prestige affrétés par les multinationales dans les conditions de sécurité les plus précaires, avec leur propre complicité laxiste, puisqu’ils se refusent à prendre de vraies mesures pour protéger notre environnement, c’est-à-dire des mesures nécessairement anticapitalistes. Les attaques contre nos retraites résultent de la pression internationale accrue du capital financier, à commencer par les fonds de pension américains qui rêvent de jouer à la bourse les retraites par répartition des travailleurs européens, comme ils le font depuis des années avec les économies des salariés américains. C’est la logique du profit et l’exacerbation de la concurrence entre capitalistes qui représentent le plus grave danger pour nos retraites, comme pour notre présent et pour notre avenir en général. C’est pourquoi la question des retraites comme celle de tous les acquis arrachés par les travailleurs depuis des décennies et rognés, voire détruits, par les gouvernements actuels, pose en dernière analyse la question d’une tout autre politique. À l’heure où les gouvernements successifs ne cessent de multiplier les cadeaux aux patrons en allégeant leurs charges sociales et fiscales pour faire face aux impératifs de la compétitivité, même l’augmentation des cotisations patronales de 0,3 % par an, dont les réformistes nous disent qu’elle permettrait aux salariés du privé de partir en retraite avec 37,5 annuités de cotisation, nécessite une tout autre politique. Même une légère diminution de la part des profits dans la richesse nationale au profit des salaires (c’est-à-dire une inversion de la courbe qui, depuis vingt ans, a vu chuter de 10 points la part des salaires dans le « partage » des gains de productivité, qui ont pourtant doublé dans le même temps) exigerait une tout autre politique. Bien sûr, la mobilisation des travailleurs pourrait imposer telle ou telle mesure particulière qui leur soit favorable, mais nul doute que, quelque temps plus tard, tel ou tel gouvernement de droite ou de « gauche » repasserait alors à l’attaque, sous la pression des capitalistes pris à la gorge par la concurrence internationale. A fortiori des mesures comme l’augmentation générale des salaires (et par là même des cotisations pour les retraites), la transformation des emplois précaires en contrats à durée indéterminée et l’interdiction des licenciements (la précarité et le chômage figurant parmi les principales causes susceptibles de grever le budget des retraites) exigent une tout autre politique que celle des Chirac, Raffarin et autres Jospin, que celle des Blair, Aznar et autres Schröder.

En réalité, seul un gouvernement au service des travailleurs, réellement anti-capitaliste, pourra mener une telle politique. Mais quelle sera la nature d’un tel gouvernement ? Ce ne pourra être qu’un gouvernement des travailleurs, par les travailleurs, pour les travailleurs. Il serait temps que les organisations ouvrières et populaires de ce pays se remettent à envisager, discuter et populariser cette perspective…


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