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Éducation nationale :
Grève le 18 mars : quels mots d'ordre, quelles perspectives ?


Auteur(s) :Antoni Mivani
Date :15 mars 2003
Mot(s)-clé(s) :France
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Raffarin veut licencier 20 000 aides-éducateurs et supprimer le statut de MI-SE

Raffarin a beau prendre une pose humanitaire en dénonçant les « patrons voyous » qui licencient à tour de bras, il fait la même chose : il soumettra le 19 mars à l’Assemblée Nationale un projet de loi licenciant 20 000 aides-éducateurs (AE, les « emplois-jeunes » dans l’Éducation Nationale) ! La gauche plurielle essayera sans doute de faire oublier sa propre responsabilité en critiquant cette « mesure antisociale de la droite » ; pourtant, c’est bel et bien le gouvernement Jospin qui, en embauchant ces jeunes sur des contrats précaires, d’une durée maximum de cinq ans, au lieu de recruter les personnels nécessaires sur des postes statutaires, avait programmé ces charettes de licenciements.

Pour pouvoir licencier plus facilement et faire des économies sur notre dos, Raffarin veut dans le même temps liquider purement et simplement le statut de MI-SE (maître d’internat, surveillant d’externat). L’existence de ces postes de fonctionnaires stagiaires permet à des milliers d’étudiants de financer leurs études en travaillant 28h par semaine. Raffarin veut y substituer des contrats précaires d’« assistant d’éducation », avec un salaire inférieur et un temps partiel imposé. Quand il s’agit d’augmenter le budget militaire, d’aller défendre les intérêts des entreprises françaises en Côte d’Ivoire, ou d’exonérer les patrons de cotisations sociales, le gouvernement a toujours de l’argent, notre argent ! Mais quand il s’agit de l’éducation de la jeunesse, là les caisses sont vides !

Régionalisation  = casse du statut de fonctionnaire d’État

Les AE et les MI-SE ne sont pas les seuls dans le collimateur de Raffarin. En fait, le statut de tous les fonctionnaires de l’État est attaqué. Le projet de régionalisation du gouvernement, qui suppose une révision de la Constitution soumise au Parlement le 10 mars, impliquerait le transfert de centaines de milliers de fonctionnaires de l’État aux collectivités territoriales. Cela signifierait pour tous ces travailleurs une réduction de leurs droits ; en particulier, les fonctionnaires territoriaux ne bénéficient pas de la même garantie de l’emploi, le paiement de leur retraite ne leur est pas assuré comme il l’est pour les fonctionnaires d’État au titre de la dette publique. En outre, cette mesure ayant pour but d’accroître la flexibilité et la polyvalence, elle accompagnera manifestement une baisse du nombre de postes de fonctionnaires, d’où résultera une aggravation des conditions de travail et, pour les usagers, une détérioration du service public dont on aura beau jeu de nous dire alors qu’il faut le transférer au secteur privé. La régionalisation n’est ainsi qu’un instrument pour préparer la privatisation. Personnels IATOSS et enseignants de l’Éducation nationale, élèves, parents d’élèves : nous sommes tous concernés.

Arrêtons les véritables casseurs : arrêtons Chirac-Raffarin !

L’heure est donc à la résistance. Des milliers de surveillants, de personnels se demandent avec angoisse : comment faire reculer Raffarin-Ferry, comment empêcher le licenciement des surveillants, comment préserver notre statut ?

Certes, devant la mobilisation massive et continue des AE et des MI-SE, pas une fédération syndicale n’a pour le moment osé approuver le projet de création d’un pesudo-« statut » assistant d’éducation se substituant au vrai statut des MI-SE, les suppressions de postes de MI-SE ou le licenciement des AE. Mais le texte d’appel « unitaire » (FAEN, FERC-CGT, FSU, SGEN-CFDT) à la grève pour le 18 mars ne peut que susciter la colère des MI-SE et des aides-éducateurs. Ce texte se contente, en effet, de demander que « des solutions soient offertes aux actuels AE » et il revendique « une véritable négociation pour que le statut de MI-SE soit amélioré ». Des solutions ? Mais encore ? Y a-t-il une autre solution que le réemploi sans condition de tous les AE et l’augmentation du nombre des MI-SE ? Quant au statut des surveillants, que signfie le « renégocier », à l’heure où le gouvernement cherche la coopération des syndicats pour mieux… le liquider ?

Il est au contraire nécessaire de défendre clairement les revendications des personnels eux-mêmes et de les faire converger dans un combat uni. La multiplication de journées d’action isolées ne peut pas permettre de gagner : c’est seulement en construisant une grève illimitée dans toute l’Éducation Nationale qu’il est possible de faire reculer le gouvernement sur tous ces projets. Dans ce contexte, ne faut-il pas se saisir de l’appel de la FNEC-FP-FO et des appels unitaires de plusieurs syndicats dans un nombre croissant de départements, appeler à organiser partout des assemblées générales pour décider tous ensemble des moyens d’action à mettre en œuvre, jusqu’à la grè ve reconductible s’il le faut ? Ne faut-il pas combattre partout pour l’unité des organisations syndicales dans chaque établissement, ville, département, et au niveau national, afin de préparer et d’imposer une riposte d’ensemble à la hauteur des attaques gouvernementales ? Tous ensemble, exigeons  :

Pas un aide-éducateur au chômage !

Retrait du projet de loi sur les Assistants d’Education, défense du statut de MI-SE  !

Maintien et augmentation des 5 600 postes de MI-SE !

Maintien dans la fonction publique d’Etat de tous les personnels  !

Plus aucun emploi précaire dans l’Education Nationale !

L’ argent pour l’école, pas pour la guerre du pétrole !


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