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Bolivie : Manifeste de la révolte des étudiants de l'U.T.O.

« Pour une université au service des exploités et des étudiants, imbriquée dans la production sociale et dirigée vers la révolution prolétarienne !

Nous sommes à bout. La décadence de la société capitaliste actuelle a entraîné avec elle l’université, qui est l’une de ses créatures. Elle se manifeste en l’occurrence par le fait que les enseignants se sont transformés en négation de la science et du savoir. Telle est l’amère réalité !

Nous, étudiants de l’université, nous ne pouvons pas rester silencieux lorsque tout avenir nous est bouché. Nous déclarons notre révolte au monde entier. Et nous appelons tous la jeunesse estudiantine et tous les exploités de Bolivie à se joindre à notre lutte, si nous voulons voir la lumière de la science et de la connaissance (union de la théorie et de la pratique), si nous voulons atteindre l’homme nouveau, libre de toute exploitation, de toute oppression et tout besoin. L’heure est venue d’enterrer la vieille université, le capitalisme devenu caduc. Engageons-nous sur la voie de la transformation radicale de l’Université pour la mettre au service de la révolution sociale.

Notre lutte s’insère dans la lutte des masses ; à leurs côtés, nous poursuivons nous aussi l’objectif que les hydrocarbures ainsi que les autres ressources et moyens de production passent dans les mains de l’État Ouvrier ; nous combattons nous aussi pour le salaire minimum vital avec une échelle mobile ; pour que tous les chômeurs aient un travail grâce à une diminution de la journée de travail mais non du salaire, pour une assurance sociale financée par l’État patronal pour toute la population ; pour l’autodétermination (États propres) des quechuas, aymaras et tupiguaranis [peuples indigènes victimes de la colonisation, NDT], pour le gouvernement direct du peuple dans les mairies par l’intermédiaire des assemblées ouvertes du conseil municipal (cabildos abiertos), et enfin pour tous les besoins ouvriers et populaires, posés comme revendications de transition vers la révolution prolétarienne (gouvernement ouvrier et paysan), point de départ du communisme (propriété sociale, auto-gouvernement des masses sans État).

Nous lions la lutte pour la nouvelle réforme universitaire avec la lutte des exploités parce que « dans l’université comme dans tous les phénomènes sociaux il existe deux tendances opposées : la tendance révolutionnaire et la tendance réactionnaire. La réforme universitaire comme phénomène historique et considéré en son essence véritable n’est rien d’autre que la lutte entre le prolétariat et les agents autochtones de l’impérialisme pour entraîner derrière eux l’ ‘intelligentsia’ petite-bourgeoise » (Assemblée Populaire, 1971).

Nous déclarons que le mouvement étudiant de Oruro se laisse conduire par la politique révolutionnaire de la classe ouvrière.

« On ne peut sous aucun prétexte parler d’une autonomie de l’Université en référence au mouvement ouvrier. Si nous sommes révolutionnaires, nous devons conclure que l’Université est soumise au prolétariat et n’est pas autonome par rapport à lui. La politique révolutionnaire de la classe ouvrière considère que l’activité et la lutte universitaire sont seulement une de ses manifestations et par conséquent réclame que l’hégémonie du prolétariat devienne effective » (Assemblée Populaire, 1971)

Nous sommes conscients que « la nouvelle université ne peut être créée dans de petits laboratoires, que la misère et l’exploitation ne pourront être réellement liquidées par l’intermédiaire de plans d’assistance sociale isolés. Il faut liquider la division de la société en classes et enterrer l’actuelle société et pour cela la masse étudiante doit se tourner vers la lutte révolutionnaire sous la direction du prolétariat, en se tenant à l’écart de toute aventure ou provocation. Les étudiants de l’université doivent tendre à adopter les habitudes prolétariennes, leur sérénité et leur lutte systématique et patiente » (Ass. Pop., 1971).

Nos décrets révolutionnaires, qui sont des mesures pour transformer cette Université qui agonise au milieu de la médiocrité, de la corruption, et des filets de camarillas de petits groupes d’enseignants, ont été proclamés.

Nous devons maintenant mettre à exécution à partir de la base les décrets révolutionnaires approuvés par l’assemblée universitaire du 2 septembre, en commençant par consolider la non-reconnaissance déjà réalisée de toutes les autorités (Recteur, Doyen, Directeur) et la destitution de tous les professeurs et la sélection des meilleurs par les assemblées étudiantes de chaque filière ! 

Objectifs de notre lutte :

1) Incorporer l’université à la production sociale pour unir la théorie à la pratique ;

2) Examen de compétence pour les enseignants tous les trois ans. Non aux chaires à vie ;

3) Suffrage universel plein : démocratie réelle, une voix étudiante vaut une voix enseignante : non au droit de vote privilégié des enseignants ;

4) Gouvernement universitaire tripartite des étudiants, des ouvriers et des enseignants, avec majorité estudiantine à tous les niveaux ; on ne peut se passer de la participation ouvrière comme direction politique révolutionnaire ;

5) Annulation des frais d’inscription payés par les étudiants et baisse du salaire des enseignants. Arracher un budget plus important à l’État bourgeois ;

6) Appliquer le gouvernement tripartite dans la Direction Administrative et Financière (DAF). Diffusion publique et permanente de la situation financière de l’université ;

7) Inscription libre à l’université, toute la jeunesse a le droit aux études et au travail.

Vive la nouvelle réforme universitaire !

Vive l’autonomie universitaire au service des exploités ! 

Vive le gouvernement universitaire tripartite (étudiants-ouvriers-enseignants) !

L’Université nouvelle sera le produit de la société nouvelle !

La société nouvelle (Communisme) sera le produit de la révolution prolétarienne !

Oruro, 9 septembre 2004 »


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