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Les « réformes » réactionnaires contre l'Université et la décomposition de l'UNEF rendent nécessaire la fondation d'un nouveau syndicat national etudiant


Auteur(s) :Antoni Mivani
Date :15 juin 2003
Mot(s)-clé(s) :syndicalisme, étudiants
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Malgré des acquis obtenus par la lutte, l’Université reste celle d’une société de classes

Par le passé, les luttes des étudiants et du mouvement ouvrier ont arraché à la bourgeoisie un certain nombre de droits. Tout titulaire du baccalauréat peut suivre les deux premiers cycles d’étude dans la filière universitaire de son choix. La plupart des diplômes sont encore aujourd’hui nationaux, c’est-à-dire qu’ils donnent juridiquement les mêmes droits à tous ceux qui les ont obtenus, que ce soit à Amiens ou à Marseille, à Paris ou à Brest. Ils sont reconnus dans les conventions collectives, les statuts de la fonction publique et des entreprises publiques. L’existence de conventions collectives signifie que le salaire, les conditions de travail, les congés, etc., ne sont pas fixés de façon individuelle entre le patron et chaque salarié, mais de façon collective dans le cadre d’un rapport de force entre les salariés et le patronat d’un secteur.

Mais l’égalité juridique entre les étudiants, cas particulier de l’égalité juridique entre les citoyens, acquis fondamental des luttes passées du mouvement ouvrier et des étudiants, n’empêche pas que ce système universitaire reste celui d’une société divisée en classes et qui pose nécessairement des limites drastiques à l’accès de la majorité à une formation supérieure de qualité. Les enfants d’ouvriers ont sept fois moins de chances d’accéder à l’Université que les enfants de cadres et, une fois à l’Université, les enfants d’ouvriers sont souvent concentrés dans des « filières courtes », « techniques », qui donnent accès à des emplois subalternes. La « promotion par l’école » et l’« égalité républicaine » sont des mythes de l’idéologie bourgeoise, servant à masquer les conséquences inévitables de la division de la société bourgeoise en classes. Le caractère misérable du système d’aide sociale destinée aux étudiants renforcent encore ces inégalités. Les bourses les plus élevées ne dépassent pas 350 euros et bien des étudiants recensés officiellement comme « boursiers » sont simplement exonérés de frais d’inscription. Le nombre de chambres en cité universitaire est dramatiquement insuffisant (seuls 8% des étudiants peuvent s’y loger), sans parler du délabrement de la plupart d’entre elles. Le prix du ticket de Restaurant universitaire ne cesse de s’élever, mais la part financée par l’Etat n’a pas été augmentée depuis 1984 ! Conclusion : 700 000 étudiants (soit 1 sur 3) doivent travailler pour financer leurs études et subvenir à leurs besoins. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les enfants de cadres aient vingt fois plus de chances d’accéder au troisième cycle que les enfants d’ouvriers. Enfin, l’Université française fait une situation particulièrement difficile aux étudiants étrangers, notamment à ceux qui sont originaires des anciennes colonies de l’impérialisme français. Non seulement il est difficile d’obtenir un visa pour étudier, non seulement il faut chaque année renouveler ses papiers pour poursuivre ces études, mais en outre, les étudiants étrangers subissent de plein fouet la pénurie de l’aide sociale et des services sociaux universitaires, ils se voient limiter l’accès aux chambres et n’ont qu’un accès très restreint aux bourses.

Les acquis étudiants : un obstacle à la valorisation du capital

Mais voilà, c’est encore trop pour la bourgeoisie ! Les principes sur lesquels repose encore l’Université publique en France font obstacle à l’accumulation du capital dans les conditions actuelles de la concurrence interimpérialiste. Si le patronat a — et aura toujours — besoin d’une formation de haut niveau pour une petite élite, il considère l’accès massif et surtout presque gratuit à l’enseignement supérieur comme un obstacle à la valorisation du capital : la privatisation de l’éducation promet d’ouvrir un vaste champ nouveau pour l’accumulation du capital, puisque le marché est estimé à environ 2000 milliards de dollars. Le sens des réformes engagées contre les droits des étudiants, c’est de faire sauter cet obstacle, c’est-à-dire de soumettre intégralement l’enseignement aux contraintes du marché : cela suppose le démantèlement de l’Université et de la recherche publiques, c’est-à-dire la privatisation de tout ce qui est potentiellement rentable et l’adaptation de l’ensemble des formations aux besoins du patronat.

Les « réformes » pour liquider ces acquis

C’est en particulier le sens des décrets Lang ECTS-LMD (Système Européen de Transferts de Crédits- Licence/Master/Doctorat) et de son indispensable complément institutionnel, le projet Ferry dit « d’autonomie des Universités », préparés par les réformes précédentes de Bayrou-Allègre, Savary, Faure, etc. Sous couvert d’« harmonisation européenne », c’est la mise en place du modèle déjà en vigueur aux États-Unis, c’est-à-dire du modèle le mieux adapté aux besoins de la classe capitaliste : Universités privées et semi-privées se faisant concurrence sur le marché de l’éducation et de la formation afin d’attirer capitaux et cerveaux. Formellement, la réforme ECTS-LMD maintient le cadre national des diplômes ; mais, en réalité, elle le détruit. Aujourd’hui, en effet, les diplômes sont constitués dans chaque discipline selon une maquette nationale qui fixe les volumes horaires d’enseignements par matières et les modalités d’examens. Or, si la réforme s’applique, les diplômes seront constitués d’unités de valeur, appelés « crédits », qui pourront être aussi bien, comme aujourd’hui, des unités d’enseignement sanctionnées par des examens, que des stages en entreprise validés par le patron et toutes sortes d’« activités » (humanitaires, associatives, syndicales, etc.) dont le Conseil d’administration jugera qu’elles peuvent être source de « crédits ». C’en sera fini du contenu strictement disciplinaire des diplômes. La délivrance de savoirs dans le cadre de cours et de travaux dirigés sera réduite à la portion congrue, avec à la clé de belles économies réalisées par la diminution corrélative du nombre d’enseignants. En même temps, c’en sera fini des diplômes nationaux et de l’égalité en droits des étudiants : les diplômes seront non seulement locaux, mais aussi individualisés : l’employeur, grâce à la « mention complémentaire » (licence) ou à « l’annexe descriptive » (master) qui accompagneront le diplôme individualisé de chacun, pourra savoir exactement quels cours l’étudiant aura suivi et quels stages il aura faits, et pourra établir ainsi une hiérarchie entre les étudiants ayant théoriquement le « même » diplôme.

La mise en place des licences professionnelles par Allègre était un premier pas important dans cette direction. Les licences professionnelles sont en effet des diplômes formellement nationaux, mais sans maquette nationale, comportant obligatoirement un stage en entreprise de trois à quatre mois, portant de fait, sinon de droit, l’estampille de l’entreprise locale, comme l’éphémère licence « Philipps » qui a existé au Mans jusqu’à ce que l’entreprise ne ferme. Les décrets Lang, appliqués par les Conseils d’administration des Universités sous l’égide de son successeur Ferry, sont une tentative de généraliser progressivement à toute l’Université ce qu’a mis en place l’arrêté d’Allègre sur les licences professionnelles : liquidation des diplômes nationaux, « professionnalisation » généralisée de l’enseignement supérieur, transformation progressive des Universités en centre de ressources et pourvoyeuse de main d’œuvre jeune, qualifiée, gratuite ou très bon marché pour les capitalistes.

En outre, la « professionalisation » des études est un instrument pour baisser les salaires des travailleurs et un mécanisme qui va accroître le chômage, puisque les entreprises profiteront de l’effet d’aubaine ainsi créé pour faire effectuer par les étudiants en stage les travaux normalement accomplis par des salariés. Comme il y a aujourd’hui deux millions d’étudiants en France, la généralisation du système déjà appliqué aux licences professionnelles tournant à plein fournirait aux entreprises l’équivalent du travail de 500 000 à 630 000 salariés à plein temps !

Le complément nécessaire de ces réformes, c’est l’aggravation de l’« autonomie » des Universités dans le cadre de la régionalisation, ce dont se charge le projet Ferry sur « la modernisation des Universités » qui, présenté en mai, a été reporté à septembre face au tollé qu’il a soulevé parmi les étudiants, les enseignants et les personnels. Il programme en particulier la soumission accrue des Universités aux régions et au patronat local par l’intermédiaire du désengagement financier de l’État et, par là même, de l’obligation de trouver des ressources propres. Le projet Ferry prévoit également la possibilité pour toutes les Universités de devenir des Universités technologiques et par là de fixer elles-mêmes le montant des droits d’inscription et de sélectionner les étudiants à l’entrée. Enfin, le projet implique la casse des statuts de fonctionnaire d’État des personnels IATOS.

La responsabilité des appareils réformistes dans la situation faite aux étudiants

Les conditions de vie et d’études déplorables faites à la majorité des étudiants sont encore aggravées par la trahison des luttes des étudiants et des salariés par les directions des organisations syndicales étudiantes et ouvrières. Les deux syndicats qui ont pendant des années dominés l’Université, l’UNEF-ID et l’UNEF, étaient dirigés respectivement par le PS et le PCF. Au lieu d’impulser les luttes contre les plans de casse de l’Université Publique et de l’aide sociale aux étudiants, au lieu de lier les mobilisations étudiantes à celles des travailleurs salariés, ils ont encadré les puissantes explosions de colère des étudiants pour en limiter la portée. Ce fut le cas en particulier lors des gigantesques mobilisations de 1986 contre le plan Devaquet, ministre de Mitterrand et de Chirac, qui voulait instaurer la sélection à l’Université et privatiser. Ce fut le cas de nouveau en 1994, lorsque par dizaines de milliers les étudiants sont descendus dans la rue contre le projet de CIP du gouvernement Balladur, qui revenait à instaurer un sous-SMIC pour les jeunes. Les directions de l’UNEF et de l’UNEF-ID ont accompagné les réformes toujours plus ouvertement, travaillant eux-mêmes à leur propre affaiblissement. Cette évolution s’explique essentiellement par la crise des partis ouvriers-bourgeois (PS et PCF), l’un se transformant en parti bourgeois, l’autre entrant dans la phase finale de sa décomposition. Elle a conduit à l’effondrement des effectifs militants et à une série de ruptures d’AGE entières. (les AGE, Assemblées Générales des Étudiants, sont les sections d’Université des UNEF). Pour faire face à cette crise mettant en cause leur capacité même de contrôler les masses étudiantes en les enfermant dans le cadre de la cogestion (c’est-à-dire de la prise en charge par les organisations syndicales elles-mêmes des réformes voulues par la bourgeoisie dans le cadre des conseils de gestion des Universités), les appareils affaiblis n’ont vu d’autre issue que d’imposer une réunification des deux UNEF contre la volonté de la base. Cela a conduit à l’explosion de l’UNEF, nombre d’AGE refusant la pseudo-réunification décidée au sommet. La persistance d’un certain nombre de syndicats locaux de lutte, dus à la volonté acharnée de militants de continuer à combattre, ne pesait certes en elle-même pas bien lourd à l’échelle nationale, mais c’était là préserver certains gages pour l’avenir. En attendant, les étudiants restaient une grande masse d’individus, atomisés alors même que les gouvernements de « gauche » comme de droite au service du patronat accéléraient leur offensive contre leurs droits.

Les luttes étudiantes entravées par l’absence d’un syndicat de lutte de classes au niveau national

L’année 2002-2003 a démontré avec une acuité terrible que, face à l’offensive bien organisée du patronat et du gouvernement et à la collaboration complète des appareils sans troupes, les mobilisations des étudiants ne pourraient se développer largement sans véritable syndicat de lutte organisant la défense de leurs intérêts matériels et moraux et que, même si elles se développaient de façon importante sur certaines Universités, elles ne pourraient, sans un tel syndicat, gagner que des miettes. En effet, d’un côté, le gouvernement a recours à une méthode désormais largement éprouvée contre la classe ouvrière (en particulier avec les lois Aubry conçues pour s’appliquer entreprise par entreprise)  : il se borne à fixer un cadre national et fait appliquer sa réforme réactionnaire Université par Université, atomisant la résistance des étudiants tout en aggravant l’« autonomie ». De l’autre, les bureaucrates de l’UNEF (réduite aux débris des appareils du PS et du PCF — sans oublier la LCR) et du SNESup (le syndicat co-gestionnaire des enseignants du supérieur dirigé par le PCF), ont aidé le gouvernement à faire passer son plan  : en refusant d’exiger l’abrogation des décrets Lang ECTS-LMD et en demandant au lieu de cela des « garanties » directement contradictoires avec ces décrets (notamment le maintien du cadre national des diplômes), ils ont laissé croire aux étudiants qu’il serait possible d’amender cette réforme réactionnaire, entravant leur mobilisation. Pratiquant le double langage, ils n’ont le plus souvent même pas mis en œuvre leur « ligne » nationale officielle (non-application des décrets ECTS-LMD), refusant de voter dans les conseils d’administration les motions qui demandaient la non-application. Finalement, ils ont gauchi brusquement leur discours lorsque les étudiants ont commencé à se mobiliser en mai dans le cadre de la montée vers la grève générale, pour mieux participer au contrôle et à canalisation de celle-ci.

La mobilisation étudiante contre les réformes avait commencé à se développer sur plusieurs Universités en novembre-décembre 2002, en particulier à Besançon, Montpellier-III, Toulouse-Le Mirail et Paris-I-Tolbiac, en relation avec les premières mobilisations enseignantes et la lutte des étudiants-surveillants contre la destruction de leur statut (MI-SE). Le 25 octobre, les étudiants de Montpellier-III parvenaient à empêcher la tenue d’un Conseil d’administration qui devait voter l’application de la réforme, notamment à l’initiative du SEUL-FSE (Syndicat Étudiant Unitaire et Laïque- Fédération Syndicale Étudiante de Montpellier). Des actions similaires furent réalisées ensuite dans d’autres Universités, notamment à Dijon, à Paris-I et à Besançon. Le 5 novembre, les étudiants de Toulouse-Le Mirail, réunis à l’appel de l’AGET-SE (Assemblée Générale des Etudiants de Toulouse-Solidarité Etudiante) votaient la grève. Les Assemblées générales réunirent entre 1000 et 2000 étudiants. Ce fut une grève avec des piquets de grève durs (bloquant l’Université). La plate-forme de revendications votée à Toulouse exigeait notamment : « Contre la privatisation en cours de l’enseignement supérieur. Pour un véritable service public d’éducation. Abrogation des ECTS et du 3/5/8. Maintien du cadre national des diplômes et leur reconnaissance au niveau européen. Gratuité de l’enseignement. Maintien et embauche massive de MI-SE (surveillants). Construction conséquente de logements étudiants. » La grève, qui aura duré en tout plus d’un mois et demi et entraîné des milliers d’étudiants, aura permis d’obtenir un moratoire de deux ans sur l’application de la réforme ECTS-LMD à Toulouse-Le-Mirail. Cela montre à la fois qu’il est possible, en construisant un rapport de force massif, d’imposer des reculs à l’administration, mais aussi à quel point, en l’absence d’un vrai syndicat étudiant de lutte de classes au niveau national, il ne sera possible que de retarder l’échéance, et non de gagner sur l’abrogation des décrets ECTS-LMD et de toutes les réformes.

Les mobilisations de mai-juin 2003 contre la réforme des retraites, la réforme ECTS-LMD et la réforme Ferry, ont touché un nombre plus important d’Universités qu’en novembre-décembre, notamment Perpignan, Nice, Rennes I et II, Brest, Paris I, Toulouse-Le Mirail, Toulouse-Paul-Sabatier, Aix-Marseille, Avignon, etc. Toutes ces mobilisations de 2002-2003 montrent que les étudiants sont prêts à combattre en masse pour leurs droits, pour défaire les réformes réactionnaires du gouvernement, pour lier leur combat à celui des travailleurs salariés. Mais toutes se sont heurtées aux mêmes obstacles : les appareils de l’UNEF, du SNESup et des syndicats IATOS. Pour que les étudiants puissent surmonter ces obstacles, ils doivent combattre tous ensemble à l’échelle du pays aux côtés du prolétariat. Pour cela, il leur faut un syndicat, un vrai syndicat indépendant et démocratique, un syndicat national de lutte de classes.

Les étudiants ont besoin d’un syndicat de lutte de classes : vers un nouveau syndicat étudiant

Les deux millions d’étudiants recensés en France sont en grande majorité des travailleurs intellectuels et/ou manuels en formation : leurs intérêts sont donc indissolublement liés à ceux des travailleurs salariés. Par exemple, lorsque le gouvernement attaque les retraites des travailleurs salariés, il s’attaque également à la plupart des étudiants, qui sont de futurs travailleurs salariés ; lorsqu’il s’en prend au caractère national des diplômes, il frappe de plein fouet les étudiants en tant que tels et en tant que futurs travailleurs salariés, car il existe un lien essentiel entre les diplômes nationaux et les conventions collectives, statuts de la fonction publique et des entreprises publiques. Les acquis des étudiants comme ceux des travailleurs salariés sont en permanence remis en cause par la logique même du mode de production capitaliste et en particulier violemment attaqués par les contre-réformes en cours. C’est pourquoi les étudiants ont, comme les travailleurs salariés, besoin d’une organisation pour défendre leurs intérêts matériels et moraux, d’une organisation qui puisse les rassembler en masse, donc d’une organisation qui les unisse indépendamment de leurs opinions politiques, philosophiques ou religieuses. Mais en même temps cette organisation ne saurait prétendre défendre réellement les intérêts matériels et moraux des étudiants, si elle ne s’inscrit pas clairement dans la lutte de classes du côté du prolétariat et de tous les opprimés, si elle ne fait pas de l’unité des luttes étudiantes avec celles des travailleurs une orientation permanente — en un mot si elle n’est pas clairement anti-capitaliste et, par conséquent, internationaliste.

Bien évidement, s’il existait déjà un syndicat étudiant de masses, même dirigé par des bureaucrates réformistes comme c’est le cas chez les salariés, il serait assurément du devoir des communistes révolutionnaires internationalistes d’intervenir dans ce syndicat pour contribuer à développer des luttes étudiantes en relation avec les luttes ouvrières et pour aider les étudiants à affronter et à vaincre les bureaucrates dirigeant le syndicat. Mais il n’y a plus aujourd’hui chez les étudiants un tel syndicat de masse. La crise de décomposition des ex-partis ouvriers bourgeois et leur politique de trahison ont abouti à détruire comme syndicats les ex-syndicats étudiants qu’ils dirigeaient. Aujourd’hui, l’Unef se réduit aux débris d’un appareil bureaucratique, composé principalement d’élus dans les conseils de co-gestion, sans aucune base de masse réelle parmi les étudiants. Il n’y a dès lors plus aucun sens à intervenir dans une telle organisation désertée par les étudiants eux-mêmes. Car, si c’est assurément inadmissible pour des révolutionnaires d’abandonner les masses à l’influence des bureaucrates, il ne serait pas plus acceptable pour eux de perdre leur temps dans un face à face stérile avec ces bureaucrates : on ne peut en aucun cas convaincre les bureaucrates, mais seulement aider les masses à les vaincre. C’est pourquoi, avec des dizaines d’autres militants de sensibilités politiques diverses, les militants étudiants du Groupe CRI ont décidé de contribuer énergiquement à la construction d’un nouveau syndicat étudiant de lutte de classes, anti-capitaliste, de masse — comme les militants marxistes ont jadis travaillé dans chaque pays à la construction de syndicats ouvriers de masse, quand il n’y en avait pas encore, par exemple en France, où ils ont joué aux côtés d’autres militants ouvriers un rôle important dans la fondation de la CGT en 1895.

C’est dans le but de poser les bases d’un tel syndicat que les sections de la FSE (Fédération Syndicale Etudiante) en particulier Caen, Paris-III, Besançon et Montpellier, de SE (Solidarité Etudiante) Toulouse, Limoges et Pau, ainsi que Oxygène-Résistance Syndicale-Paris I, se sont réunis à trois reprises en intersyndicale à Toulouse (février), Limoges (avril), et Caen (mai). Le Congrès de fondation de ce nouveau syndicat de lutte devrait avoir lieu les 5 et 6 juillet prochain à Limoges.


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