Le CRI des Travailleurs
n°27
(été 2007)

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Appels d'AG et activité du Groupe CRI et de quelques autres organisations pour préparer la résistance sociale


Auteur(s) :AG, Groupe CRI
Date :20 juin 2007
Mot(s)-clé(s) :résistance-Sarkozy
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Le Groupe CRI n’a pas de très grands moyens, mais il fait tout ce qui est en son pouvoir pour concrétiser ses propositions en aidant à la préparation de la résistance sociale contre le programme du MEDEF. Pendant la campagne présidentielle, il a combattu pour l’unité des organisations qui se réclament de l’anti-capitalisme, à commencer par LO et la LCR, sur la base d’un programme anti-capitaliste cohérent et conséquent, seul apte à nourrir et préparer la résistance de la classe ouvrière et la jeunesse aux projets de la bourgeoisie, qui étaient portés avant tout par Sarkozy, Bayrou et Royal. Analysant la large victoire électorale de ces candidats au premier tour de la présidentielle, nous avons confirmé notre appel au boycott du second tour en raison de la similitude des programmes proposés par Sarkozy et par Royal. La clarté sur cette question était en effet une condition politique fondamentale pour aider les travailleurs et la jeunesse à se préparer au combat contre le gouvernement qui devait de toute façon sortir des urnes avec un mandat du MEDEF, quel que soit le vainqueur officiel. (Cf. sur ce point notre déclaration d’entre-deux-tours ci-dessous, ainsi que nos articles sur le PS dans les deux précédents numéros du CRI des travailleurs.) Après le 6 mai, le Groupe CRI a fait tout ce qui était en son pouvoir pour participer à la mobilisation contre les projets de Sarkozy et proposer une orientation politique aux jeunes et aux militants décidés à montrer sans attendre leur volonté de préparer la résistance sociale. Nous avons ainsi aidé à faire connaître largement les appels d’Assemblées générales et les informations sur la répression des manifestations spontanées après les résultats du second tour, et avons proposé des initiatives unitaires dès que c’était possible.

Les deux premières Assemblées générales qui ont eu lieu, dès le lendemain du second tour, sont celles de Lyon et de Tolbiac. L’AG de Lyon a adopté l’Appel suivant :

Appel d’une AG de jeunes réunie à Lyon le 7 mai

Dès l’annonce de la victoire électorale de Sarkozy, des milliers de personnes ont manifesté spontanément dans les quartiers populaires comme dans les centres des grandes villes de France. Le lendemain, ce sont les lycéens qui sont descendus dans la rue pour exprimer leur révolte. Et le soir, les manifestations ont continué.

C’est la première fois de toute l’histoire de la Ve République que des manifestations massives s’opposent à la légitimité d’un président avant même qu’il ne soit investi. Et c’est justifié ! Le mode de scrutin, l’existence même d’un président de la république qui concentre entre ses mains des pouvoirs énormes, les manipulations et connivences médiatiques évidentes qui ont soutenu Sarkozy, sont fondamentalement antidémocratiques et évacuent de la représentation une large part de la société.

La réponse du pouvoir a été immédiate : des centaines d’arrestations, des dizaines de blessés. Nous exigeons la libération des emprisonnés, la levée immédiate des poursuites. Nous avons raison de nous révolter, car ce que nous promet Sarkozy, c’est :

• les cadences infernales du « travailler plus pour gagner moins »

la liquidation du droit de grève (service minimum, vote majoritaire dans les entreprises et les universités)

la liquidation du contrat de travail (contrat unique sur le modèle du CPE/CNE refusé par la jeunesse et les salariés l’année dernière)

• la casse des retraites, du service public (santé, éducation, culture, etc.)

la chasse accrue aux sans-papiers et à leurs familles

l’alignement de la politique internationale de la France sur celle des U.S.A., en plus de la continuation du pillage néo-colonial en Afrique

Et pour faire passer tout cela, le renforcement de tous les dispositifs policiers et sécuritaires et la suppression des libertés publiques et des possibilités d’expressions.

Comme la majeure partie des travailleurs, des jeunes et des quartiers populaires qui n’ont pas voté pour lui, nous ne reconnaissons aucune légitimité à l’État Sarkozy. Les opprimés de ce pays doivent surmonter leur démoralisation présente pour faire face aux batailles à venir, qui seront décisives. Et ce n’est pas en négociant avec le futur gouvernement Sarkozy, que nous pourrons le mettre en échec.

Les manifestations spontanées ne suffiront pas pour mettre un coup d’arrêt aux attaques et faire tomber le pouvoir. Sur nos lycées, nos universités, dans nos entreprises et nos quartiers : organisons nous !

Manifestons massivement pour avertir le gouvernement à venir que nous ne laisserons rien passer, et pour redonner le moral à ceux qui l’ont perdu. Et, surtout, dès à présent, tissons les liens nécessaires pour l’avenir : c’est dans l’unité de la jeunesse et des salariés, avec toutes leurs organisations, et par la coordination nationale, que l’on pourra les faire plier ! L’exemple du CPE nous le montre.

Assemblée générale des lycéens, étudiants et jeunes travailleurs (adopté à l’unanimité)

De son côté, le syndicat étudiant FSE Paris-I/Paris-IV (auquel participent des militants du Groupe CRI), avant même le résultat du second tour, avait lancé un appel à des Assemblées générales dès le 7 mai, quel que soit ce résultat. L’Assemblée générale proposée par la FSE à l’Université de Tolbiac a fortement contribué à enclencher une dynamique de mobilisation dans plusieurs Universités, avec des AG rassemblant plusieurs centaines d’étudiants — jusqu’à 700 à Tolbiac. La volonté de combat des jeunes, qui s’exprimait en même temps par de multiples manifestations quasi-quotidiennes dans les grandes villes, s’est traduite au plus haut point dans l’appel à la grève lancé par l’AG des étudiants de Tolbiac alors même que la situation n’était pas mûre pour sa réalisation et son extension :

Appel de l’AG de la fac de Tolbiac en grève le 9 mai

Voté à une très large majorité par les 700 étudiants réunis en Amphi N.

Dès l’annonce de la victoire électorale de Sarkozy, des milliers de personnes ont manifesté spontanément. Les médias aux ordres ont sciemment minoré la révolte pour faire croire à l’unité nationale derrière Sarkozy. Révolte violemment réprimée par la police sarkozyste qui a procédé à des centaines d’arrestations. Nous exigeons la libération de tous nos camarades et l’arrêt de toutes les poursuites.

Nous avons raison de nous révolter car Sarkozy, à l’instar de Thatcher, veut briser le mouvement ouvrier, liquider les derniers acquis sociaux, et s’attaquer aux libertés démocratiques.

Dès juillet 2007, Sarkozy veut que le parlement décide : la destruction de l’université publique : sélection à l’entrée de l’université, sélection à l’entrée du master, hausse des frais d’inscription, attaques contre le statut des personnels. la liquidation du droit de grève : service minimum, obligation de voter à bulletins secrets pour décider de la continuation de la grève. Le durcissement des conditions du regroupement familial la mise en place de peines planchers pour les récidivistes

Et ce n’est qu’un début. Car Sarkozy a annoncé des conférences sociales en septembre pour associer les syndicats à la destruction du code du travail, avec notamment la mise en place du contrat de travail unique, instaurant la précarité pour tous.

Les manifestations spontanées, les luttes isolées, ne suffiront pas à stopper les mesures de Sarkozy. Nous lançons un appel à tous ceux qui veulent s’opposer à la politique de Sarkozy : ne cédons pas à la démoralisation ! Organisons nous dans nos lycées, dans nos universités, dans nos quartiers, dans nos entreprises, et construisons tous ensemble la grève générale qui seule peut empêcher Sarkozy d’appliquer son programme.

Nous appelons l’ensemble des étudiants à se réunir au plus vite en Assemblée générale et à nous rejoindre dans la grève, avec piquets de grève.

Nous lançons un appel à toutes les directions syndicales : il est de votre responsabilité de refuser toute concertation avec ce gouvernement, d’appeler les travailleurs à se réunir en Assemblée générale, et de dresser la perspective de la grève générale.

Nous saluons les travailleurs d’Airbus à Saint-Nazaire et à Nantes, qui sont en grève contre l’avis des principaux syndicaux. Nous lançons un appel à tous les travailleurs : rejoignez nous dans la grève, venez nous rencontrer à Tolbiac.

Nous sommes également solidaires des révoltes qui ont éclaté dans les quartiers populaires. Unissons nos forces pour combattre la politique patronale, autoritaire, raciste de Sarkozy !

Le mercredi 9 mai 2007 à 22h 46.

La présidence ayant fermé l’Université, les piquets de grève n’ont finalement pas pu être mis en place le jeudi matin. Puis la présidence a fait rentrer massivement les non-grévistes, et un vote a décidé la levée de la grève dans l’après-midi. Mais la situation n’était de toute façon pas mûre pour une grève durable : il s’agissait avant tout d’engager une dynamique politique de préparation de la résistance sociale. De fait, la mobilisation de Tolbiac a joué un rôle moteur, en permettant la tenue d’AG, réunissant parfois plusieurs centaines de personnes (Nanterre, Lyon, Toulouse…) dans une dizaine d’Universités, où l’idée de préparer de grandes manifestations politiques contre les projets de Sarkozy a fait son chemin. C’est ce début de mobilisation qui a conduit des organisations politiques et syndicales de jeunesse à appeler aux manifestations du 16 mai :

Appel unitaire d’organisations de jeunesse : Préparons dès maintenant la riposte à Sarkozy et son projet

Nous, organisations de jeunesse, nous opposons à Nicolas Sarkozy et à son projet. L’expulsion massive de sans-papiers, le projet d’un « ministère de l’immigration et de l’identité nationale » nourrissent le racisme et font passer les immigrés pour responsables de tous les maux. Le projet de mise en place d’un contrat unique de travail sur le modèle du CNE ne ferait que généraliser la précarité. Le renforcement de l’autonomie des universités et la sélection à l’entrée des facs seraient une nouvelle attaque contre l’éducation. L’objectif de Sarkozy est de remettre en cause l’essentiel des droits sociaux et démocratiques acquis depuis des dizaines d’années.

Face à ces attaques programmées contre les salariés et les jeunes, nous appelons les jeunes à s’organiser pour préparer la riposte, qui sera nécessaire. Nous nous battons pour une éducation ouverte à tous, quelle que soit l’origine sociale et quelle que soit la nationalité.

Nous nous battons pour que chaque jeune ait un emploi, un droit à l’avenir, un droit à un environnement vivable. Nous nous opposons à la criminalisation des mouvements sociaux et nous demandons l’amnistie des jeunes arrêtés arbitrairement alors qu’ils étaient descendus dans la rue contre Sarkozy et son projet.

Des milliers de jeunes ont manifesté dès le dimanche soir et des centaines d’étudiants et de lycéens se sont réunis en Assemblées Générales à Nanterre, Tolbiac, Toulouse…

C’est pourquoi nous exigeons :

L’arrêt des expulsions et la régularisation de tous les sans-papiers

Non au Contrat Unique et abrogation du CNE : un CDI pour tous

Pas touche au droit de grève !

• Non à la sélection et à l’augmentation des frais d’inscription à l’université

Nous appelons à la constitution de Comités de Résistance ouverts à tous, dans toutes les facs, tous les lycées et quartiers, et nous appelons à des Assemblées Générales et à des réunions dans tous ces lieux.

Nous appelons à des manifestations dans toutes les villes de France le Mercredi 16 mai.

Nous invitons les organisations de salariés, les organisations politiques et associatives, à une réunion unitaire le Mardi 22 mai à 19 h à la Bourse du Travail à Paris, pour discuter de la perspective d’une grande manifestation.

Alternative Libertaire (AL)

Confédération Nationale du Travail (CNT) – secteur Supérieur/Recherche RP

Fédération Syndicale Etudiante (FSE)

Jeunesses Communistes Révolutionnaires (JCR)

Mouvement des Jeunes Communistes de France (MJCF)

SUD-Étudiant

Le Groupe CRI, qui n’avait pas été invité à la réunion de ces organisations, a signé cet Appel dès qu’il en a eu connaissance, tout en regrettant l’horaire choisi pour la manifestation parisienne qui, en plein après-midi, empêchait la venue massive de travailleurs (en revanche, les manifestations de province étaient convoquées pour la plupart en début de soirée, avec dans certains cas la participation de militants syndicaux, de la LCR, etc.). Nous avons ensuite participé à la préparation et à l’organisation de la manifestation parisienne, qui a rassemblé plus de 2000 jeunes et militants, pendant que celles de province en réunissaient plusieurs centaines dans une dizaine de grandes villes. À la fin de la manifestation parisienne, des représentants du MJCF, des JCR, d’AL et du Groupe CRI ont pris la parole à la fin de la manifestation parisienne. Lors de l’Assemblée générale qui a suivi, réunissant 150 manifestants, un militant CRI a proposé le texte de synthèse des débats et propositions qui a été amendé et adopté (après vote contradictoire sur l’idée de « préparer la grève générale » et sur l’interpellation des organisations syndicales et politiques du mouvement social).

Appel de l’AG parisienne du 16 mai

L’Assemblée générale se félicite du succès de la manifestation qui a réuni 2 000 étudiants, jeunes, travailleurs contre le programme de régression sociale de Nicolas Sarkozy.

L’AG appelle à la poursuite de la mobilisation pour préparer la résistance sociale sans attendre : contre la casse des acquis sociaux ; contre la mise en cause du droit de grève ; contre le contrat de travail unique qui généraliserait la précarité ; contre la privatisation de l’éducation et les « pôles d’excellence » ; contre l’élévation de la productivité, pour les 300 euros pour tous ; contre les expulsions de sans-papiers, pour la régularisation de tous ; contre la répression des jeunes qui se mobilisent, militants, manifestants, pour l’amnistie de tous.

Il n’y a donc rien à négocier dans le programme de Sarkozy, mais il s’agit de le mettre en échec par un mouvement d’ensemble, de préparer la grève générale. C’est pourquoi l’AG

- appelle à une nouvelle manifestation des jeunes et des salariés le SAMEDI 2 JUIN, suivie d’une nouvelle AG régionale ;

- appelle les organisations syndicales et politiques du mouvement social à se joindre à cet appel ;

- appelle à la tenue d’AG et de Comités de préparation de la résistance sociale partout où c’est possible (universités, lycées, quartiers, entreprises) et à leur coordination.

Par son orientation politique claire et son adoption en AG, cet appel fournissait un point d’appui important à la mobilisation commencée. Mais c’est alors que les organisations qui avaient convoqué les manifestations du 16 mai ont montré leur vrai visage : après avoir pourtant voté l’Appel de l’AG, notamment la décision de manifester le 2 juin (elle-même proposée au préalable par l’AG des étudiants mobilisés de Nanterre), elles ont capitulé sous la pression des gros appareils des syndicats, du PCF et des organisations d’extrême gauche, tous d’accord pour refuser la moindre mobilisation avant les législatives. Les organisations de jeunesse ont en effet renoncé l’une après l’autre, le MJCF et les JCR ouvrant le bal, suivis par la CNT-FTE, AL, SUD-Étudiants, etc., à appeler à la manifestation du samedi 2 juin, violant ainsi le mandat de l’AG du 16 mai approuvé par leurs propres militants et dirigeants présents ! Au-delà des prétextes, ces organisations ont montré ainsi leur manque de volonté politique, en étant incapables d’assumer jusqu’au bout leurs responsabilités en l’absence des principales directions du mouvement ouvrier.

Cependant, parmi les organisations qui avaient appelé au 16 mai, quelques-unes ont maintenu l’appel à manifester le 2 juin. Cela a été le cas à Limoges, où l’appel suivant a été lancé :

Appel de Limoges à la manifestation du 2 juin

La Fatalité n’existe pas ! Seule la lutte paie !

Dès l’annonce de la victoire électorale de Sarkozy, des milliers de personnes ont manifesté spontanément dans les quartiers populaires comme dans les centres des grandes villes de France. Le lendemain, ce sont les lycéens qui sont descendus dans la rue pour exprimer leur révolte. Et le soir, les manifestations ont continué. Rapidement, les étudiants se sont organisés en assemblées générales dans les facs parisiennes (Paris 1, Paris 4, Paris 10…) et en province (Lyon, Marseille, Toulouse Mirail…) en vue de débattre et de s’organiser face aux politiques réactionnaires promises par le gouvernement.

La réponse du pouvoir a été immédiate : déchaînement des forces de l’ordre, résultats : plus de 600 arrestations, des dizaines de blessés. Ces arrestations arbitraires entraînent des peines visant à criminaliser tous les manifestants et à décrédibiliser leurs révoltes (comparutions immédiates avec des peines de prison ferme dans toutes les villes …)

Nous exigeons la libération des emprisonnés, la levée immédiate des poursuites. Nous avons raison de nous révolter, car ce que nous promet Sarkozy, c’est :

• Les cadences infernales du « travailler plus pour gagner moins » ;

• La liquidation du droit de grève (service minimum, vote majoritaire dans les entreprises et les universités).

• La liquidation du contrat de travail (contrat unique sur le modèle du CPE/CNE refusé par la jeunesse et les salariés l’année dernière).

• La casse des retraites, du service public (santé, éducation, culture, etc.).

• Rafles des sans-papiers et de leurs familles, création du ministère de l’identité nationale.

• Aggravation du partenariat économique, qui sous couvert de développement, impose une politique impérialiste qui organise le pillage économique, culturel et intellectuel.

Pour faire passer tout cela, nous assistons depuis plusieurs années au renforcement de tous les dispositifs policiers et sécuritaires et la suppression des libertés publiques et des possibilités d’expressions.

Les acquis sociaux (santé, retraite, éducation, droit du travail…) ont été à chaque fois le résultat de luttes et de mots d’ordres portés par des mouvements populaires suffisamment massif pour les imposer et donc faire plier le patronat et le gouvernement à sa botte. Nous ne nous faisons aucune illusion sur ces élections.

Les opprimés de ce pays doivent surmonter leur démoralisation présente pour faire face aux batailles à venir, qui seront décisives. Et ce n’est pas en négociant avec le futur gouvernement Sarkozy, que nous pourrons le mettre en échec.

Les manifestations spontanées ne suffiront pas pour mettre un coup d’arrêt aux attaques et faire tomber le pouvoir. Sur nos lycées, nos universités, dans nos entreprises et nos quartiers : organisons-nous !

Mobilisons-nous massivement pour avertir le gouvernement à venir que nous ne laisserons rien passer, et pour redonner le moral à ceux qui l’ont perdu. Et, surtout, dès à présent, tissons les liens nécessaires pour l’avenir : c’est dans l’unité de la jeunesse et des travailleurs, avec toutes leurs organisations, et par la coordination nationale, que l’on pourra les faire plier !

Nous ne perdrons que les luttes que nous ne mènerons pas !

Rassemblement Samedi 02 Juin à 15h, Place d’Aine

AGEL-FSE, CGT-Jeunes, Groupe Jeunes LCR

À Paris, ce sont la FSE et le Groupe CRI qui ont maintenu l’appel à manifester le 2 juin, bientôt relayés par la tendance intersyndicale Émancipation, le CILCA, la tendance PSL de la FSU et le syndicat SUD-Étudiants de l’École normale supérieure. Il s’agissait à la fois de respecter la décision de l’AG du 16 mai et d’assurer la continuité de la mobilisation qui, quelles soient ses fluctuations, ne doit pas s’arrêter si l’on veut que les travailleurs et les jeunes puissent faire face aux premières mesures du nouveau gouvernement en juillet. Le Groupe CRI a diffusé massivement un tract (disponible sur son site Internet) et fait circuler un courriel collectif et une lettre ouverte spécifique aux JCR :

Communiqué du Groupe CRI appelant à manifester le 2 juin

Le Groupe CRI appelle tous les étudiants, jeunes, travailleurs et organisations qui veulent préparer sérieusement la résistance aux projets de Sarkozy, à manifester SAMEDI 2 JUIN à 14 h 30, Paris, Place Blanche, M° Blanche

Cette manifestation a été proposée par l’AG des étudiants de Nanterre le 16 mai et décidée par l’AG qui a suivi la manifestation parisienne du 16 mai.

Rappelons l’appel adopté par cette AG de 150 personnes, y compris les militants des organisations qui avaient convoqué la manifestation du 16 mai (JCR, SUD-Etudiants, CNT, FSE, AL, CRI...) (…)

Le Groupe CRI s’indigne de l’attitude des organisations qui, après avoir voté l’Appel de l’AG du 16 mai, ont fait volte-face quelques jours plus tard en annonçant qu’elles n’appelleraient plus à la manifestation du 2 juin.

Il les appelle à reconsidérer leur position pour tenir leur engagement pris le 16 mai et respecter la décision d’une AG souveraine à laquelle elles ont elles-mêmes participé.

Dans le cas contraire, ces organisations auraient la lourde responsabilité d’avoir entravé un début très prometteur de mobilisation (manifestations spontanées après les résultats du second tour, AG dans plusieurs Universités,

succès des manifestations du 16 mai appelées par les organisations de jeunesse dans plusieurs villes de France...).

A moins de poursuivre des intérêts qui ne sont pas ceux de la mobilisation contre les projets de Sarkozy, il n’y a aucune raison de reporter sine die (voire « en septembre » comme le proposent certaines organisations !) la décision de préparer immédiatement, pierre à pierre, la résistance sociale.

Tout au contraire, le nouveau gouvernement a annoncé clairement que plusieurs de ses projets passeront dès l’été (mise en concurrence des universités, mise en cause du droit de grève, mesures répressives...).

Comme le dit l’Appel du 16 mai, il est donc indispensable de convoquer des AG dès maintenant, partout où c’est possible, et de constituer des Comités de préparation de la résistance sociale, afin de pouvoir faire face à ces attaques dès qu’elles seront annoncées.

Les manifestations permettent de centraliser et de rendre publique régulièrement, dans chaque ville, ces indispensables premiers pas concrets vers la grande mobilisation qui surviendra tôt ou tard, avec d’autant plus de chances de succès qu’elle aura été préparée sans attendre.

Groupe CRI

Lettre ouverte du Groupe CRI aux JCR

Camarades,

Nous avons contribué de façon unitaire avec d’autres organisations à appeler, organiser et assurer le succès de la manifestation du 16 mai contre la politique de régression sociale programmée par Sarkozy-Fillon. Cela partait du constat qu’il était nécessaire de commencer à construire « une opposition politique et sociale » à cette politique.

Le communiqué élaboré et signé au soir de la manifestation par toutes les organisations qui y avaient appelé traçait une perspective claire : « Nous pensons qu’il est de la responsabilité des organisations politiques, syndicales et associatives de préparer la résistance sociale. C’est pourquoi nous les invitons à une réunion unitaire le mardi 22 mai à 19h à la Bourse du Travail de Paris, pour discuter de la perspective d’une grande manifestation. »

De son côté, l’AG réunie au CICP avec 150 participants, dont les militants des organisations en question, a adopté un texte qui appelle notamment à une manifestation unitaire samedi 2 juin. Et vos militants ont voté cet appel.

Dans ces conditions, nous avons été abasourdis par la position que vos mandatés ont défendu lors de la réunion du 22 mai. Ils ont indiqué que les JCR n’appelleraient pas à la manifestation du 2 juin et ont proposé d’organiser une manifestation au mois de… septembre ! Cela nous semble une décision politiquement incompréhensible de votre part.

Vous savez très bien, comme nous, puisque Sarkozy l’avait annoncé dès son élection et que cela a été confirmé et précisé depuis, que le gouvernement a prévu de faire adopter toute une série de contre-réformes dès l’été lors d’une session extraordinaire du Parlement : cadeaux fiscaux aux riches, abaissement de la majorité pénale à 16 ans, peines automatiques pour les « multirécividistes », durcissement des lois contre les étrangers et les immigrés, contre-réforme de l’université pour avancer dans sa soumission aux intérêts patronaux et sa privatisation, etc.

Vos mandatés ont invoqué comme seul argument pour justifier leur position la crainte qu’une nouvelle manifestation le 2 juin réunisse moins de monde que la première, ce qui serait « contre-productif ».

Pour notre part, nous ne voyons aucune raison pour qu’une nouvelle manifestation réunisse moins de jeunes et de travailleurs, sauf si moins d’organisations y appellent, la préparent et l’organisent. De ce point de vue, les choix de la LCR, votre organisation " mère ", sont essentiels. En effet, la candidature d’Olivier Besancenot, qui s’est positionné comme l’un des opposants le plus déterminés au programme de Sarkozy, a recueilli 1,4 million de voix. Il est clair que, si elle se joignait à l’appel, il y aurait à coup sûr non pas moins, mais plus de manifestants le 2 juin que le 16 mai.

Or, selon une dépêche AFP du 9 mai, « l’ancien candidat LCR à la présidentielle, Olivier Besancenot, a déclaré mercredi qu’il désapprouvait les violences qui ont suivi l’élection de Nicolas Sarkozy, appelant plutôt à une journée de vigilance unitaire, fin mai, début Juin, pour contrer la politique de la droite ». Sans nous attarder ici sur la première partie de la citation, que nous désapprouvons, pourquoi la LCR n’a-t-elle même pas envoyé un représentant à la réunion du 22 mai qui avait justement pour perspective de « discuter de la perspective d’une grande manifestation » ?

Nous ne pouvons attendre ni du PS, ni des dirigeants des grandes confédérations syndicales, qui sont d’accord avec Sarkozy pour des réformes sous réserve de « concertation », qu’ils prennent l’initiative pour stopper la casse sociale qui s’annonce. Il y a à cela une raison de fond : le programme de Royal, soutenu par les principales directions syndicales, était sur la plupart des points très proche de celui de Sarkzoy. Seuls les anticapitalistes peuvent prendre l’initiative, constituer un pôle de regroupement pour tous ceux qui veulent combattre cette politique destructrice (et ils sont nombreux) et par là préparer les nécessaires luttes de masses.

C’est pourquoi nous vous demandons de reconsidérer votre décision et d’appeler avec les organisations déjà signataires à la manifestation du 2 juin. Et nous pensons que vous avez un rôle crucial à jouer pour convaincre vos camarades de la LCR d’y appeler aussi.

Dans l’attente de votre réponse, salutations révolutionnaires,

Groupe CRI

Cette lettre ouverte et la pression de nombreux militants a permis que la direction des JCR revienne finalement sur sa décision en annonçant in extremis, moins de trois jours avant le jour dit, son appel à la manifestation du 2 juin. Cependant, il n’y a pas eu de tract JCR mobilisant réellement pour cette manifestation et cet appel n’a guère été diffusé (sauf par… le Groupe CRI !). En fait, seule une dizaine de militants des JCR sont venus manifester, ce qui est d’ailleurs tout à leur honneur individuel.

Dans ces conditions, préparée par une poignée de petites organisations, la manifestation parisienne du 2 juin ne pouvait être nombreuse… Mais elle a tout de même réuni 150 personnes (des étudiants, mais aussi des lycéens et des militants syndicaux de la CGT et de la FSU), ce qui constitue un succès pour ses organisateurs et un acte politique d’autant plus important qu’il s’est heurté à un sabotage en règle de la part des organisations plus grosses. De plus, la détermination politique des manifestants a permis que la manifestation se déroule sans le moindre incident, déjouant les prédictions effrayées de certains groupes habitués à masquer sous l’accusation de « gauchisme » leur propre incapacité à prendre des initiatives indépendantes des appareils bureaucratiques… Pourtant, le déploiement policier considérable constituait une véritable provocation : le cortège était intégralement encadré par un cordon de gendarmes mobiles armés jusqu’aux dents (ils portaient même le fusil mitrailleur de l’armée française en bandoulière !)… et bien plus nombreux que les manifestants ! Dans les quartiers populaires choisis pour la manifestation, de Place Blanche au Père-Lachaise, où vivent de nombreux travailleurs d’origine immigrée, il s’agissait de dissuader toute volonté de rejoindre les rangs des manifestants. Mais les passants, sidérés par un tel dispositif, n’en exprimaient pas moins leur sympathie en entendant les mots d’ordre qui exprimaient leurs propres revendications : « À ceux qui veulent virer les ouvriers, les ouvriers répondent : Résistance ! », « À ceux qui veulent karchériser les jeunes, les jeunes répondent : Résistance ! », « Non, non, non aux expulsions ! Pour tous, régularisation ! », etc.

Dépêche de l’AFP sur la manifestation du 2 juin

« Une centaine d’étudiants manifestaient samedi à Paris contre les projets annoncés ou pressentis sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a constaté une journaliste de l’AFP. "Résistons aux projets Sarkozy", affirmait une banderole en tête du cortège, parti peu après 15h de la place Blanche (IXe) en direction du cimetière du Père Lachaise, entouré d’une très importante présence policière.

Le cortège, très calme, a défilé en scandant des slogans tels que "À ceux qui veulent virer les sans-papiers, les travailleurs répondent: Résistance !". Les manifestants entendaient également protester contre "la privatisation de l’éducation", "la remise en cause du droit de grève par un service minimum" et "le contrat de travail unique".

L’appel a été lancé lors d’assemblées générales d’étudiants, notamment par la FSE, la PSL-FSU ou encore le Groupe CRI (Communiste Révolutionnaire Internationaliste). L’Unef, principal syndicat étudiant, n’avait pas appelé à manifester. »

Arrivés au Père-Lachaise, les manifestants se sont réunis devant le Mur des fédérés, ont écouté les interventions des organisateurs et, obligés d’interrompre l’AG plus tôt que prévu en raison de la fermeture du cimetière, ont néanmoins adopté le communiqué suivant, appelant notamment à une autre AG le 8 juin :

Appel de l’AG des manifestants du 2 juin

L’Assemblée générale réunie devant le Mur des fédérés suite à la manifestation parisienne du 2 juin se réjouit que 150 jeunes et travailleurs aient défilé conformément à la décision de l’AG précédente (16 mai), malgré la défection d’un certain nombre d’organisations.

Encadrés par un intolérable dispositif policier visant à empêcher tout contact entre les manifestants et la population de Place Blanche au Père Lachaise, les manifestants ont scandé notamment les mots d’ordre suivants :

• Ni concertation, ni négociation ! Dès maintenant, mobilisation !

• Service minimum ? Non, non, non ! Grève au maximum ? Oui, oui, oui !

• À ceux qui veulent briser le droit de grève, les travailleurs répondent : Résistance !

• À ceux qui veulent casser l’Code du travail, les travailleurs répondent : Résistance !

• À ceux qui veulent virer les ouvriers, les ouvriers répondent : Résistance !

À ceux qui veulent karchériser les jeunes, les jeunes répondent : Résistance !

À ceux qui veulent virer les sans-papiers, les travailleurs répondent : Résistance !

Non, non, non aux expulsions ! Pour tous, régularisation !

• Sarko, démago, valet de Parisot !

Sarko, Parisot, ne touchez pas aux acquis sociaux !

Heures supplémentaires ? Non, non, non ! Augmenter les salaires ? Oui, oui, oui !

Police partout, justice nulle part !

Etc.

L’AG appelle à poursuivre la dynamique d’auto-organisation et de préparation de la résistance sociale. Elle reprend à son compte l’appel du 16 mai et propose qu’une nouvelle AG se réunisse VENDREDI 8 JUIN à 17 h 30 à l’Université de Tolbiac.

L’AG appelle l’ensemble des organisations qui affirment vouloir combattre les projets de Sarkozy à se réunir au plus vite pour discuter des perspectives de lutte, qui ne sauraient attendre septembre, mais exigent de préparer la résistance aux premières mesures du nouveau gouvernement dès juillet.

C’est cette AG du 8 juin qui a adopté l’Appel au Forum de la résistance sociale publié ci-dessus. Le même jour, le journal de la bourgeoisie Le Figaro publiait un article ignoble contre « l’extrême gauche radicale » et notamment contre la manifestation du 2 juin. Les organisateurs de celle-ci (à l’exception des JCR, confirmant leur refus d’assumer leur « appel ») lui ont adressé la lettre suivante, demandant un droit de réponse, le 12 juin :

Lettre des organisateurs de la manifestation du 2 juin demandant un droit de réponse au Figaro

Monsieur le Directeur,

Organisateurs de la manifestation du 2 juin à Paris, nous sommes scandalisés de ce qu’en écrit votre journal du 8 juin, sous la signature de Jean Chichizola. Nous sommes connus dans le mouvement ouvrier et démocratique comme des partisans de la lutte de classe et de masse, prônant l’objectif de la grève générale, l’organisation démocratique par les Assemblées générales et les Coordinations (comme lors du mouvement anti-CPE). Nos publications respectives et nos actions sont publiques. Et nous défendons en toutes les libertés démocratiques, à commencer par le droit de s’organiser et de manifester.

Or, sous le titre « L’extrême gauche radicale tentée par la violence », votre article, affirmant s’appuyer sur des sources policières, se livre à toute une série d’amalgames entre « militants qualifiés d’"anarcho-autonomes" par les services de police », « bastions du mouvement anti-CPE », auteurs de « deux tentatives d’attentat, avec des engins incendiaires du même type, contre un pylône EDF dans les Bouches-du-Rhône et un relais TDF à Lyon », sur lesquels enquête « la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire », etc. Par la confusion entretenue entre les différents types d’actes énumérés, il s’agit manifestement de provoquer chez le lecteur l’idée d’une identité entre « extrême gauche radicale », « criminels » et « terroristes ».

En ce qui concerne le 2 juin, l’article prétend que les individus qui ont « fait dégénérer des manifestations comme ce fut le cas les 6 et 16 mai dernier » auraient commis une nouvelle « tentative en ce sens (…) samedi dernier. C’était à Paris entre la place Blanche et le cimetière du Père Lachaise. » Puis il poursuit immédiatement : « Changeant de stratégie, ces partisans de l’action directe ont tout d’abord privilégié l’attaque de locaux de partis politiques toutes tendances confondues. En région parisienne, 35 permanences ont été prises pour cible (…). Seconde méthode (…) : l’incendie volontaire. La section antiterroriste de la brigade criminelle est ainsi saisie de près de cent incendies de ce type (…). » Bref, l’article identifie tout ou partie des manifestants du 2 juin à des individus ayant attaqué des locaux de partis et à des incendiaires criminels.

Nous dénonçons solennellement cette contrevérité. La manifestation du 2 juin, autorisée par la Préfecture de police, organisée par nos soins, s’est déroulée sans le moindre incident. Une dépêche AFP du 2 juin le confirme [citation de la dépêche reproduite ci-dessus — NDR]. D’autres journalistes étaient présents, et aucun n’a fait état de quelque incident que ce soit.

Nous sommes donc fondés à affirmer que votre article contient des amalgames et des contrevérités relevant de la désinformation. Par la gravité de ses allégations diffamatoires, il constitue un appel à la répression et dresse l’opinion publique contre ceux qui ont manifesté le 2 juin, particulièrement contre nous, organisateurs. C’est pourquoi nous vous prions de publier dans un prochain numéro de votre journal, au titre de notre droit de réponse, la présente lettre.

Veuillez croire, Monsieur le Directeur, en notre attachement aux libertés démocratiques et à la vérité des faits.

Courant Intersyndical Lutte de Classe Antibureaucratique (CILCA),

Émancipation Tendance Intersyndicale,

Fédération Syndicale Étudiante (FSE),

Groupe Communiste Révolutionnaire Internationaliste (CRI),

Pour un Syndicalisme de Lutte (PSL, tendance de la FSU),

Syndicat SUD-Étudiant de l’École normale supérieure (ENS-Paris)

À lui seul, l’article du Figaro suffirait à prouver que la bourgeoisie ne craint rien tant que l’activité des « minorités agissantes », c’est-à-dire en fait des militants, car ceux-ci peuvent jouer un rôle majeur quand ils s’unissent non pour des actes isolés sans perspective, mais pour essayer de mobiliser les masses. Cela passe par une clarification politique, la critique de l’orientation des principales directions syndicales et politiques du mouvement ouvrier (« extrême gauche » comprise), mais aussi par la capacité à prendre ses responsabilités par des propositions et initiatives concrètes visant à rassembler les organisations et à aider les travailleurs et les jeunes à s’auto-organiser sur une base politique la plus avancée possible.


Le CRI des Travailleurs n°27     << Article précédent | Article suivant >>