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Un militant démissionne du PT et rejoint le Groupe CRI


Auteur(s) :Camarade L.
Date :3 septembre 2007
Mot(s)-clé(s) :PT
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Nous publions ici la lettre de démission du PT adressée le 3 septembre par le camarade L. à la direction de ce parti et aux adhérents de son département, le Jura. Travailleur métallurgiste et syndicaliste CGT, L. leur annonce sa décision de rejoindre le Groupe CRI. Il a ajouté les notes, destinées à éclairer le lecteur sur certains passages, pour la publication de cette lettre dans notre journal.

« Chers camarades,

Je me décide à écrire ce courrier afin de tenter de vous faire comprendre les raisons qui me poussent aujourd’hui à démissionner du PT et du CCI (1).

Avant tout, sachez que je ne regrette rien des années passées à vos côtés et que je ne suis en aucun cas amère ou nostalgique.

Cette décision est mûrement réfléchie (depuis de longs mois) et n’est en aucun cas un caprice, toutes les réunions passées à tenter de remettre tout le monde dans la ligne ne m’ont pas convaincu de rester parmi vous, je dirais même, au contraire !

Pour revenir une dernière fois en arrière, je maintiens que la dissolution de la fraction métallo (2) a été une erreur politique majeure, et j’insiste sur le mot dissolution puisque qu’il m’a été reproché de l’utiliser. Peut-être que certains cadres organisationnels statutaires n’étaient pas respectés, et alors ? Peut-être que tout n’était pas parfait ? Peut-être… mais en tout cas une chose fonctionnait : l’unité d’une grosse poignée de militants résolus !

Pourquoi l’avoir dissoute ? Aucune des réponses qui m’ont été données ne m’ont convaincu…

Je ne reviendrais pas sur le désaccord fondamental que nous avons eu lors du congrès du PT 39 sur la campagne « des » maires de Schivardi, nous nous sommes suffisamment expliqués et les divers textes que nous avons produit en UB (3) peuvent être relus pour mémoire (4), encore une fois, je ne suis pas convaincu…

Nous avons tenté (là encore nous avons produit un texte (5)) de remettre en cause l’unique mot d’ordre « À bas Maastricht » qui n’est qu’une conséquence et non une fin en soi. Le fait de refuser le mot d’ordre d’« Abolition de la propriété privée des moyens de production » est, pour moi, une capitulation devant notre propre bourgeoisie. Je ne dis pas que ce n’est pas un de nos mots d’ordres mais qui le sait ??? Lisez IO et cherchez-le !

La goutte d’eau a été la déclaration de Schivardi à la télévision annonçant la création d’un « authentique » parti ouvrier et ensuite la lettre de Schivardi-Gluckstein, puis Lambert-Sandri, là encore je me suis exprimé sur le caractère anti-démocratique de cette décision et là encore je ne suis pas convaincu…

Pour finir, l’atomisation de l’UB Caillandre (6) m’a définitivement convaincu que ce parti n’était plus le mien !

Cette période de congé m’a permis de bien réfléchir sur la situation et je ne vois aucune possibilité de continuer à militer au CCI ou au PT et encore moins dans le fameux « authentique » POI avec de tels désaccords (et encore, je n’ai fait qu’un très rapide résumé).

Ne pouvant me résoudre à ne plus militer du tout, j’ai épluché les programmes des divers partis et groupes d’extrême gauche et la conclusion que j’en ai tirée c’est que l’on réfléchit beaucoup mieux avec sa propre tête qu’avec la tête d’un autre, en clair j’ai apprécié de me faire ma propre opinion sur la LCR, LO et les divers groupes trotskystes.

J’ai donc rencontré à plusieurs reprises les militants du Groupe CRI (Communiste Révolutionnaire Internationaliste, pour ceux qui ont Internet : http://groupecri.free.fr), ce sont des jeunes « anciens » du CCI que Gluckstein connaît bien, et j’ai décidé de les rejoindre.

Voilà, je pense jouer franc jeu avec vous et j’espère que les militants du CCI ne se comporteront pas comme les staliniens lorsque j’ai quitté le PCF, j’ai des désaccords politiques avec le CCI mais je reste un trotskyste et un communiste convaincu.

Fraternellement.

L. »


1) CCI : le Courant Communiste Internationaliste est l’un des quatre courants du PT, il rassemble les trotskystes et est nettement majoritaire.

2) Fraction métallo : rassemblement de militants d’une même corporation, en l’occurrence des métallurgistes, qui permet de discuter spécifiquement des interventions centralisées dans les entreprises. Ces « fractions » n’ont pas d’existence statutaire dans le CCI, mais elles peuvent être créées ponctuellement pour répondre aux besoins des militants.

3) UB : Unité de Base du CCI, ou Cellule.

4) L’UB Caillandre (du nom de son responsable) avait en effet écrit un texte contre la décision de soutenir la candidature du patron-maçon et ces militants sont intervenus dans le congrès du PT 39. Le texte dont voici un extrait est resté lettre morte : « Certes, contrairement aux autres candidats, Gérard Schivardi dénonce l’Europe de Maastricht et se prononce clairement pour la défense des services publics, de la laïcité et des petites communes. Mais cela ne saurait suffire : notre parti est tout à fait capable de défendre lui-même ces revendications, mais lui seul peut mettre en avant les autres revendications, celles de la classe ouvrière, et leur donner leur vraie signification. La vraie signification des revendications ouvrières, c’est que leur satisfaction exige de rompre avec l’Union européenne, mais aussi avec la Ve République, la propriété privée des moyens de production et le capitalisme. Or cela, Gérard Schivardi ne le dit pas : pourquoi le PT devrait-il renoncer à présenter aux 40 millions d’électeurs ce qui constitue l’axe central de sa plate-forme d’action politique, sa raison d’être en tant que parti ouvrier indépendant ? Pourquoi notre parti devrait-il renoncer à utiliser cette campagne électorale pour faire connaître massivement sa propre orientation, sa propre identité ? »

5) Extrait de ce texte : « C’est donc bien la nature même du système capitaliste qui est en cause, son organisation en termes de classes antagonistes avec des intérêts totalement opposés et contradictoires. Ce que Marx appelle les rapports de production. En privilégiant l’abolition de Maastricht sans y joindre la lutte anticapitaliste, on laisse entendre qu’il puisse y avoir une solution dans le système une fois le verrou Maastricht sauté. De plus les camarades craignent qu’en mettant comme préalable l’abolition de Maastricht, on exonère trop facilement le gouvernement français comme représentant du patronat français. Cela pose le problème de la lutte contre la bourgeoisie nationale. On ne peut pas vouloir garder le cadre de la Nation comme cadre d’organisation et de reconnaissance de la classe et ne pas combattre la bourgeoisie nationale contre laquelle le prolétariat français s’est organisé et a conquis un certain nombre d’acquis que d’ailleurs cette bourgeoisie nationale lui dispute aujourd’hui. »

6) L’UB Caillandre a été dissoute par la direction du CCI et ses militants dispersés dans les autres UB du département...


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