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Préparation du congrès du PCF :
les militants condamnés à «choisir» entre le «socialisme bourgeois» de la direction et le réformisme illusoire des opposants «de gauche»


Auteur(s) :Gaston Lefranc
Date :18 janvier 2006
Mot(s)-clé(s) :PCF
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Le prochain congrès du Parti communiste français aura lieu en mars. Auparavant, les militants auront à choisir, les 2 et 3 février, la « base commune », autrement dit le programme, de leur parti. Face au projet de la direction, trois tendances se sont constituées pour proposer des « bases communes » alternatives, emmenées respectivement par Gremetz (« Colère et espoir »), Gérin, Danglot et Karman (« Fièr(e)s d’être communistes ») et des militants du XVe arrondissement de Paris (« Remettons le PCF sur les rails de la lutte des classes »). Une quatrième motion, emmenée par Marchand, Dimicoli et Boccara, propose des amendements à la « base commune » de la direction du PCF limités à la « visée communiste » et à la « stratégie » (1).

L’« anti-libéralisme » de la direction : un « socialisme bourgeois » de pacotille

La direction du PCF se réclame officiellement du « communisme », qu’elle définit comme « une visée et indissociablement le chemin qui y conduit ». Pourtant, comme nous allons le voir, le chemin ne sort pas des sentiers battus des rapports capitalistes ; dans ces conditions la visée d’une humanité réconciliée et émancipée, est l’opium distillé pour entretenir frauduleusement l’identité « communiste » du parti.

La « visée communiste » se décline comme un catalogue : le communisme serait à la fois un « féminisme », une « écologie », un « antiracisme », « un autre monde d’égalité, de justice, de liberté, de fraternité, de respect de la nature et des être humains ». L’addition à l’infini de termes généraux et vagues ne fait pas une définition concrète. Au-delà des belles formules, dont Chirac comme Hollande, Cohen-Bendit ou Bayrou se réclament aussi, que propose concrètement la direction du PCF ?

Celle-ci proclame son refus des « politiques d’adaptation » et la nécessité d’une « révolution ». Ou plutôt, précise-t-elle immédiatement, d’une « nouvelle conception de la révolution » : expiant son stalinisme passé, la direction du PCF identifie dorénavant révolution et « démocratisation », en se prononçant pour la démocratisation de l’entreprise (pour des « droits d’intervention et de décisions des salariés et de leurs organisations, dans la gestion des entreprises »), la « démocratisation des relations internationales » (pour une réforme de l’ONU), pour la « démocratisation radicale de la construction européenne » (sans remettre en cause un seul des traités européens !), pour la démocratisation de l’État (pour une « VIe République » qui s’inscrirait « dans la continuité d'une tradition démocratique née en 1789 », fondée sur la séparation et la délégation des pouvoirs, avec pour seule innovation la « démocratie participative », c’est-à-dire l’implication politique accrue des masses dans le cadre de la République bourgeoise. Cette constitution ne permettrait donc pas l’organisation autonome du prolétariat — soviets — qui seule pourrait mettre à bas les fondements de la société bourgeoise.)

Il s’agit donc d’une « révolution » qui ne remet en cause aucun fondement du capitalisme ! Marx et Engels ont parfaitement caractérisé ce type de courant politique en 1848 dans le Manifeste du parti communiste : le « socialisme bourgeois » promet de changer la vie sans bouleversement politique, et « par transformation des conditions de vie matérielles, ce socialisme n’entend nullement l’abolition des rapports de production bourgeois, qui ne peut être atteint que par des moyens révolutionnaires ; il entend par là uniquement des réformes administratives, qui s’accomplissent sur la base même de ces rapports de production sans affecter, par conséquent, les rapports du capital et du travail salarié ». La « visée communiste » n’est alors plus qu’une « simple figure de rhétorique ».

Mais ce n’est pas tout : dans une période d’offensive généralisée du capital contre les acquis des travailleurs, la direction du PCF ne promet même plus le maintien de tous ces acquis : « Il faut choisir entre la casse des acquis sociaux et démocratiques et leurs transformations profondes pour garantir dans les conditions d’aujourd’hui les principes de solidarité, de sécurisation sociale, de service public et de démocratie. » Ainsi, par exemple, le PCF ne demande pas l’abrogation des décrets LMD signés par Lang en 2002, qui transforment les diplômes nationaux en diplômes locaux et individualisés : l’acquis du cadre national des diplômes doit être « transformé » (modernité oblige) ; mais bien sûr, le PCF se démarque des « casseurs » des acquis sociaux en demandant… le « contrôle démocratique » du LMD : tant pis si cela ne veut rien dire, l’important est d’exhiber sa radicalité verbale !

Derrière une rhétorique révolutionnaire, la direction du PCF n’a plus rien à proposer si ce n’est l’accompagnement des contre-réformes exigées par le capital. On comprend mieux alors sa volonté d’en finir avec la notion de « parti d’avant-garde » (conçu par les marxistes comme médiation révolutionnaire pour permettre la constitution du prolétariat en classe dominante). La direction du PCF propose ainsi un changement dans les statuts qui revendique l’effacement de cette notion : « La crise profonde du système de représentation politique appelle la construction de pratiques politiques nouvelles faisant appel à l’intervention directe des citoyens, à la co-élaboration, aux partenariats. » Le parti n’est plus alors qu’un appareil sans boussole et sans perspective autre que sa propre reproduction.

Les travailleurs peuvent-ils se reconnaître dans les tendances oppositionnelles du PCF ?

Les motions oppositionnelles, qui devaient être signées par au moins 200 militants pour être enregistrées, ont au moins deux points communs : elles réclament, face au flou entretenu par la direction, que le congrès prenne position pour des candidats communistes aux élections présidentielle et législative ; surtout, elles se revendiquent toutes de la « révolution », mais aucune ne propose un programme communiste révolutionnaire conséquent. Toutefois des différences sont indéniables entre les tendances « antilibérales » (Marchand, Gremetz) qui proposent une autre politique dans le cadre du système capitaliste (comme la direction du PCF), et les tendances officiellement anticapitalistes (Gérin, XVe), qui prétendent vouloir mettre en œuvre un programme de rupture avec le capitalisme, tout en en restant en réalité à un programme réformiste de type classique, visant à utiliser (et non détruire) l’appareil d’État bourgeois, avec en outre des positions nostalgiques, identitaires et sectaires. Nous allons passer en revue ces tendances, de la « droite » vers la « gauche ».

Marchand-Dimicoli-Boccara :
des « droits » et des « pouvoirs » pour les citoyens… qui ne remettent pas en cause l’exploitation capitaliste

Marchand, Dimicoli et Boccara ne développent aucune position de fond différente de celle de la direction du PCF. Et pour cause ! Leur tendance regroupe les principaux économistes du PCF (autour de Boccara) qui ont développé la proposition-phare de ce parti : la « sécurité d’emploi ou de formation ». Celle-ci consiste à « dépasser le marché du travail, en favorisant le passage de l'emploi à la mise en formation, choisie et avec un bon revenu, pour revenir par la suite à un meilleur emploi ». Il s’agirait d’assurer à chacun soit un emploi, soit une formation, sans remettre en cause la propriété privée des moyens de production et les prérogatives essentielles des patrons, comme la liberté de licencier. Cette proposition reviendrait, selon ses promoteurs, à « éradiquer le chômage » ; mais il s’agit en fait de transformer les chômeurs en salariés en « transition », baladés de formation en formation en attendant un hypothétique emploi. Cette proposition est tellement subversive qu’elle a inspiré Chirac, qui propose un dispositif similaire : les « contrats de transition professionnelle » visent à occuper les chômeurs qui alterneraient formation et travail au rabais, en attendant le retour hypothétique à un emploi stable. Loin de s’inscrire « dans la réalisation de la perspective émancipatrice d’une abolition du salariat » (!!), ce dispositif n’est ni plus ni moins qu’un bricolage « social » accompagnant la flexibilisation accrue du marché du travail. Cette flexibilité est d’ailleurs implicitement revendiquée, par opposition aux « rigidités » qui ont fait la preuve de leur inefficacité en Union soviétique !

Marchand, Dimicoli et Boccara nous font croire que l’émancipation sociale est possible à l’intérieur du mode de production capitaliste : il faudrait pour cela associer les salariés à la prise de décision dans les entreprises (recherche, investissements, etc.). Le « dépassement révolutionnaire » du capitalisme passerait donc par la cogestion, avec l’avènement de nouveaux critères de gestion permettant un développement harmonieux du capitalisme au bénéfice de tous. Et c’est cela que nos têtes pensantes « révolutionnaires » appellent l’ « appropriation sociale des gestions des entreprises » !

Pour Marchand, Dimicoli et Boccara, les voies de l’émancipation ne sont pas bien compliquées : il suffit de convaincre les patrons d’appliquer les bons critères de gestion. Le prolétariat n’a pas besoin de s’ériger en classe dominante par la conquête du pouvoir d’État, puisque les pouvoirs politiques et sociaux dépériront d’eux-mêmes : « Il s'agit d'en finir avec les monopoles des pouvoirs politiques et sociaux, des moyens d'activité et des rôles, pour des partages jusqu'à chacun-e. »

À l’instar de la direction du PCF dont elle ne se distingue que par les choix de tactique électorale, cette tendance liquide les fondamentaux du marxisme, nie la lutte des classes (avec ses intérêts antagoniques), et développe en fait un programme 100 % capitaliste.

L’équation sans solution de Gremetz :
la « visée communiste »… par la réforme du capitalisme !

Chez Gremetz, l’ambition semble au rendez-vous (« il faut abolir le capitalisme », « la démocratie réelle exige l’appropriation collective des moyens de production et d’échange », « nous voulons une société sans classe »), et la critique de la « mutation » est fleurie… Il se livre en outre à une sévère critique de la politique menée par le PCF au gouvernement et des votes du groupe communiste pendant cette législature. Les jeunes et les travailleurs, soucieux de combattre réel contre le capitalisme, loin de la politique du gouvernement Jospin-Gayssot-Voynet-Chevènement, pourraient-ils trouver dans cette motion un espoir et dans ce courant un instrument pour leur lutte ? S’ils regardent le programme de Gremetz, ils déchanteront vite : il est navrant, platement keynésien, pleinement respectueux des institutions bourgeoises. Difficile de trouver un pont entre ce programme et la « visée communiste » affichée avec emphase !

Pour Gremetz, la lutte contre les licenciements s’arrête là où les impératifs du capitalisme commencent. Il affirme vouloir armer les travailleurs contre les patrons : il faut, dit-il, « conférer aux salariés le pouvoir de s’opposer aux licenciements injustifiés ». Mais ce pouvoir des travailleurs n’est qu’un leurre puisqu’il ne doit pas empêcher le patron de licencier si les lois du marché capitaliste l’imposent. Parler de « licenciements injustifiés », et donc (implicitement) de « licenciements justifiés », c’est faire croire qu’il existe des « méchants patrons » et des « gentils patrons » et qu’il suffit de mettre hors d’état de nuire les « méchants » ! Or, les patrons ne sont que les personnifications du capital : leurs décisions ne dépendent pas de leur psychologie, mais de la rationalité capitaliste que Gremetz refuse de remettre en cause.

Gremetz veut défendre les services publics en imposant « un service public à l’échelle de l’Europe », qui permettrait selon lui de faire émerger une « citoyenneté européenne ». Il est assez paradoxal d’espérer que « l’Europe » développe les services publics, alors que c’est au niveau de l’Europe que les gouvernements organisent leur destruction en les transformant en « services d’intérêt général », soumis à la concurrence et donc privatisés. On peut d’ailleurs craindre le pire quand Gremetz reprend à son compte l’expression de « services d’intérêt général » en appelant de ses vœux « une Europe qui consacre l’égal accès de tous les citoyens aux services d’intérêt général » ! Gremetz est au mieux incohérent (par peur de passer pour un nationaliste), au pire partisan de la destruction des services publics (monopoles publics). Dans tous les cas, il s’en remet à l’Europe capitaliste pour défendre les services publics : il propose une constitution européenne bourgeoise – rebaptisée « charte européenne » – qui donnerait plus de pouvoir au Parlement européen, et un peu moins à la Commission et au Conseil des ministres. Bref, Gremetz veut simplement « démocratiser » l’Europe, en nous faisant croire qu’elle défendrait ensuite davantage les intérêts des travailleurs.

Le fraîchement converti Gremetz ne jure décidément plus que par la « démocratie » (bourgeoise) ! Il veut en effet également « démocratiser les organisations internationales » (ONU, OMC, FMI) et renforcer les pouvoirs de l’ONU : « Les décisions prises doivent s’appliquer à tous les membres sans exception, sous peine de lourdes sanctions économiques et politiques » Ainsi, le camarade Gremetz devrait soutenir, en toute logique, les sanctions que pourrait prendre l’ONU contre un État ouvrier ! (2) D’ailleurs, loin d’une Internationale communiste organisée, il propose la création d’un « forum permanent des partis communistes et des mouvements progressistes et révolutionnaires du monde » qui serait « une organisation souple et légère », ce qui permettrait d’éviter les « dépenses inutiles » (sic !)…

Gérin, Danglot, Karman :
« Fiers d’être communiste »… ou fiers de la République bourgeoise ?

Le programme avancé ici entend être anticapitaliste. L’appropriation collective des moyens de production n’est pas remise aux calendes grecques, mais doit commencer dès la conquête du pouvoir d’État. L’objectif de l’interdiction des licenciements et du plafonnement des hauts salaires est affiché. Il s’agit de construire la « république sociale autogestionnaire ». Pour mettre en œuvre ce programme, il faut constituer un « rassemblement large et unitaire sur des bases anticapitalistes jusqu’à créer un mouvement majoritaire » : il est donc exclu de gouverner avec le PS. Pourtant, de manière parfaitement incohérente, il est tout aussi exclu de s’allier à l’extrême gauche : il s’agit en fait de rassembler le PCF avec lui-même, avec l’espoir sectaire et d’ailleurs vain de retrouver l’identité perdue du PCF d’antan.

En réalité, le programme officiellement anti-capitaliste est inconséquent, purement réformiste : même si l’on nous dit que « penser l’histoire en terme de "dépassement du capitalisme" n’a pas de sens », que « l’affrontement » et la « rupture avec le capitalisme » sont inévitables, l’orientation générale dément cette rhétorique. Il faudrait poursuivre et achever la Révolution française, ne pas nier les fondements de la république bourgeoise mais les compléter : « Il s’agit à la fois de préserver ce que la République a produit de mieux depuis la Révolution française : le sens du bien commun, du bien public et d’inventer de nouvelles formes républicaines, coopératives, sociales et autogestionnaires, socialistes. » L’appareil d’État bourgeois ne doit donc pas être détruit, mais réformé : « Nous nous prononçons pour une nouvelle République où prime l’Assemblée nationale élue au suffrage universel à la proportionnelle par scrutin de liste, à un tour. Le président de la République doit être élu par l’Assemblée et le gouvernement nommé par elle. Le Sénat, vestige de l’ancien régime, doit être dissous. » Il ne s’agit donc pas de mettre en place un appareil d’État prolétarien de type soviétiste (gouvernement révolutionnaire des travailleurs, par les travailleurs et pour les travailleurs), mais de revivifier les institutions de la République (bourgeoise). Dans la motion, on peut lire que « la domination du capitalisme s’exerce également dans les institutions, jusqu’à les dévoyer » : autrement dit, on nous fait croire que les institutions de la République sont neutres et qu’il suffit qu’un pouvoir prolétarien les investisse pour que soit entamée la marche vers le communisme. De même, si l’ONU est dénoncée comme un organe impérialiste, la motion nous fait croire qu’elle et les États nationaux pourraient être autre chose, puisqu’elle dénonce des « visées impériales qui réduisent les États et l’ONU au service minimum pour être les exécuteurs dociles de leurs stratégies », comme si cela n’était pas inévitable dans le cadre du capitalisme.

Certes, il est dit à juste titre que l’Union européenne capitaliste ne doit pas être réformée (rejet de tout processus constituant), mais démantelée, et qu’il faut « sortir du traité de Maastricht » comme préalable à la construction d’une autre Europe. Cependant, la croyance en la neutralité de l’État, le fétichisme de la République, peuvent entraîner ces « communistes » à préférer l’union nationale à la défense des intérêts de leur classe. La motion se réclame ainsi de l’héritage du PCF de 1936 et de la Libération, où le PCF a fait le choix de la République bourgeoise contre l’insurrection prolétarienne. Or, dans la continuité de cette tradition, André Gérin, chef de file de la tendance, écrivait à Chirac le 7 novembre, au sujet de la révolte de la jeunesse des banlieues : « L’heure est au rassemblement républicain pour éradiquer la gangrène, la barbarie, la sauvagerie » ou encore, le 4 janvier 2006, dans un message à Dominique de Villepin : « L’heure est à la fermeté pour des sanctions judiciaires exemplaires mais aussi pour mettre les familles des voyous devant leurs responsabilités. »(3) Il va jusqu’à se prononcer pour le rétablissement de l’apprentissage dès 14 ans, apportant son appui au gouvernement !

Motion du XVe arrondissement de Paris :
la plus à « gauche »… mais réformiste quand même !

Cette motion se livre à une critique lucide de la direction « antilibérale » du PCF qui entretient l’illusion d’un capitalisme à visage humain (alors qu’ « il n’y a pas lieu de distinguer un capitalisme financier d’un capitalisme productif qui serait plus sain, voire à défendre »), renvoyant la visée communiste aux calendes grecques, et théorisant l’appui aux privatisations avec le concept de « mixité publique et sociale » imposé en 1996 par la direction lors du XXIXe congrès.

De plus, affichant à l’instar de Gérin et Danglot un programme de rupture avec le capitalisme, la motion se fait plus précise : sortie effective de l’Union européenne (en précisant bien que cela signifie « sortie de la France de l’euro et de la BCE » et « refus de l’application en France des traités et directives européennes »), suppression de la CSG remplacée par des cotisations sociales proportionnelles au salaire direct, « remise en cause totale de la décentralisation ». Cette motion est en outre la seule à critiquer la direction de la CGT, de façon toutefois allusive et nettement insuffisante.

Mais, pour mettre en œuvre le programme de rupture, la motion fait preuve du même sectarisme que Danglot et Gérin : s’il est dit à juste titre « qu’aucune alliance n’est envisageable avec ceux qui ont fait campagne pour le Oui », le texte prône aussi une « indépendance totale » par rapport aux « groupes de "gauche radicale" » : cette position, posée comme un principe absolu, témoigne d’un anti-trotskisme identitaire qu’on ne se donne même plus la peine de justifier.

C’est que, là encore, il ne s’agit nullement de rompre avec le réformisme historique du PCF (dont l’action à la Libération est d’ailleurs saluée) : il s’agit de conquérir le pouvoir politique pour utiliser et adapter l’appareil d’État bourgeois (« démocratisation des institutions »), officiellement pour construire le socialisme. Si les initiateurs du texte prétendent « mener au bout » la critique communiste de l’URSS, ils affirment son caractère « socialiste ». Ils n’ont donc pas compris qu’un régime ne pouvait être « socialiste » que si le prolétariat est réellement aux commandes avec ses institutions et sa démocratie.

La préparation du congrès du PCF confirme une fois de plus que ce parti n’est nullement « à la croisée des chemins », comme le prétend la LCR. Sans revenir ici sur sa pratique réelle tout au long de l’année 2005 (4), l’orientation proposée par la direction, c’est-à-dire par la majorité de son appareil bureaucratique, ne propose rien d’autre que l’adaptation au capitalisme, qu’elle prétend pouvoir améliorer en combattant le « néo-libéralisme »… et en préparant en fait son retour au gouvernement avec le PS en 2007. Quant aux tendances oppositionnelles, elles proposent le même programme bourgeois que la direction du PCF ou cultivent une nostalgie impuissante envers le PCF d’antan, en proposant des orientations qui sont toutes réformistes, c’est-à-dire illusoires, et en outre sectaires. Dès lors, les militants de ce parti qui se réclament de la révolution n’ont pas d’autre choix que de se constituer en fraction autonome et d’entrer en relation avec les groupes révolutionnaires extérieurs au PCF. Il serait ainsi possible de définir les contours d’un nouveau regroupement politique qui serait réellement communiste et révolutionnaire.


1) Ces motions peuvent être consultées sur le site Internet du PCF : http://docushare.dmz.pcf.fr/dscgi/ds.py/View/Collection-374

2) Sur la fonction réelle de l’ONU, cf. les article de Paul Lanvin dans Le CRI des travailleurs n° 7 (sept. 2003) et 10-11 (janv.-févf. 2004).

3) On peut retrouver toutes ces lettres sur le site d’André Gérin : http://www.andre-gerin-depute.net/

4) Cf. sur ce point l’article de Frédéric Traille dans le précédent numéro du CRI des travailleurs.


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