Le CRI des Travailleurs
n°34
(novembre-décembre 2008)

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Brève ou communiqué du 27 octobre 2006

Deuxième tour de l’élection présidentielle au Brésil :
Ni Alckmin ni Lula : les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres forces


Auteur(s) :Groupe CRI
Date :27 octobre 2006
Mot(s)-clé(s) :international, Brésil
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Le premier tour de l’élection présidentielle a été marqué par le rejet croissant de la politique de Lula et du PT au pouvoir, tout comme des partis traditionnels de la bourgeoisie. Contrairement aux prévisions, Lula n’a pas été réélu au premier tour, malgré les millions de voix de pauvres obtenus grâce au dérisoire programme des « bolsas familias ». L’assez bon score d’Alckmin, candidat du PSDB, parti traditionnel de la bourgeoisie brésilienne, n’est que le reflet de l’abstention et du rejet de Lula : plus de 30 millions se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul (soit 25% du corps électoral). Et plus de 6,5 millions (soit près de 7%) ont voté pour Heloisa Helena qui, malgré une campagne très opportuniste, incarnait de façon déformée dans le cadre de l’élection l’aspiration des travailleurs à rompre avec la continuité d’une politique au service de l’impérialisme et du capital.

Depuis 2002, Lula, élu président de la République, et le PT, devenu le premier parti du pays, se sont alliés avec des partis bourgeois pour gouverner. Leur politique s’est située dans la droite ligne de celle des présidents précédents, notamment FHC (Federico Henrique Cardoso, PSDB) : paiement de la dette (près de 190 milliards d’euros en quatre ans), refus de la réforme agraire, contre-réforme réduisant les retraites des fonctionnaires, aucune mesure contre les licenciements qui se multiplient (portant le taux de chômage à environ 10 % de la population active), pression pour faire fermer les usines occupées par les travailleurs, occupation militaire de Haïti aux côtés de Bush, etc. C’est une politique entièrement au service de l’impérialisme et du capital.

Au deuxième tour de l’élection présidentielle, il y a deux candidats qui représentent les intérêts de la même classe sociale, la bourgeoisie brésilienne. Les travailleurs ne peuvent améliorer leur situation ni en votant pour l’un ni en votant pour l’autre.

Certes, Lula et le PT conservent un rapport particulier avec la classe ouvrière et les plus opprimés. Mais cela ne veut pas dire qu’ils soient un « moindre mal » pour les exploités et les opprimés : ils utilisent au contraire leur influence parmi les travailleurs pour faire passer les contre-réformes dont la bourgeoisie a besoin. Certes, des millions de travailleurs continuent d’avoir certaines illusions envers Lula et le PT. Mais nous ne sommes plus en 2002, quand il était nécessaire d’aider les travailleurs à mettre Lula et le PT au pouvoir pour faire eux-mêmes leur propre expérience, tout en les prévenant à l’avance que Lula ne pourrait pas mener une politique conforme à leurs intérêts (car il refusait déjà de rompre avec l’impérialisme et la bourgeoisie). Aujourd’hui, après quatre ans de gouvernement de Lula et du PT, les travailleurs et les opprimés ont pu faire leur expérience, il faut leur dire clairement qu’ils n’ont rien à attendre de Lula et du PT, qu’ils ne peuvent compter que sur leurs propres forces pour affronter l’offensive contre leurs conquêtes qui va se déchaîner après l’élection, quel que soit le vainqueur. La bourgeoisie a entre autres à son agenda une nouvelle contre-réforme des retraites, des attaques contre le Code du travail (suppression du 13e mois, réduction des congés payés, flexibilisation du contrat de travail, etc.) et une « réforme syndicale » menaçant les syndicats de base.

Il est nécessaire de combattre implacablement ces illusions pour préparer les travailleurs au mieux pour le cycle de lutte de classe qui s’annonce avec force depuis plusieurs semaines et qui rencontre comme principal obstacle la politique de trahison de la bureaucratie syndicale dominée par l’Articulation (courant dirigeant de PT). Fin août-début septembre, plus de 10 000 ouvriers d’une usine Volkswagen de la couronne industrielle de Sao Paolo (« l’ABC »), cœur du prolétariat brésilien, se sont mis en grève contre un plan prévoyant 6000 licenciements et ont réussi dans un premier temps à imposer un recul au patron ; mais les chefs lulistes du syndicat des métallurgistes, malgré une forte résistance à la base, ont finalement fait accepter un prétendu « compromis » qui prévoit plus de 3000 licenciements. De même, tout récemment, dans le cadre des négociations collectives de branche, les employés de banques ont été capables de construire une grève puissante, tendant à devenir nationale, pour des augmentations de salaire ; mais là encore les chefs lulistes du syndicat, qui n’avait rien fait pour construire la grève, ont fini par réussir à la briser en disant qu’elle pourrait mettre en cause la réélection de Lula et ont signé un accord qui prévoit une augmentation dérisoire.

La constitution du Front de Gauche sur le terrain électoral, malgré toutes ses limites, pose la question d’ouvrir la discussion en vue de fonder un véritable parti anti-capitaliste de masse, qui ne retombe pas dans le réformisme du PT et qui dépasse à la fois l’opportunisme à tendance réformiste de la direction du PSOL et les tendances gauchistes (notamment sur la question syndicale) du PSTU. Sur cette voie, les références communes des courants constitutifs du PSOL comme du PSTU au trotskysme devraient cesser d’être paradoxalement un obstacle sectaire, et constituer au contraire un point d’appui considérable pour avancer vers l’objectif ultime de la refondation de la IVe Internationale et de sa construction dans une nouvelle époque historique, à une échelle de masse. D’autres groupes aujourd’hui isolés, voire encore dans le PT, comme O Trabalho (majorité), auront toute leur place dans ce processus.

Pas une voix pour Alckmin, pas une voix pour Lula !

Travailleurs, pour défendre vos conquêtes, vous ne pouvez compter que sur vos propres forces !

Arrêt du paiement de la dette ! Rupture des négociations de l’ALCA !

Salaire minimum à 540 réals tout de suite !

Réforme agraire immédiate, avec l’installation de millions de sans-terre sur les terres qu’ils occupent !

Abrogation de la contre-réforme des retraites !

Non à la réforme universitaire du gouvernement avançant dans la privatisation !

Renationalisation totale sous contrôle des travailleurs des entreprises partiellement ou complètement privatisées (chemins de fer, compagnie minière du Vale do Rio Doce, Petrobras…)  !

Nationalisation des usines occupées sous contrôle des travailleurs !

Pas un seul licenciement ! Pour bloquer les plans de licenciements collectifs, recours aux méthodes de la lutte de classe jusqu’à la grève et à l’occupation de l’usine !

Troupes brésiliennes hors de Haïti !

Pour un parti anti-capitaliste de masses, réunissant tous ceux qui veulent réellement défendre les intérêts des exploités et des opprimés !

Pour un véritable gouvernement des travailleurs de la ville et de la campagne !