Le CRI des Travailleurs
n°34
(novembre-décembre 2008)

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Brève ou communiqué du 15 mai 2007

Contribution du Groupe CRI à la journée de mobilisation du 16 mai


Auteur(s) :Groupe CRI
Date :15 mai 2007
Mot(s)-clé(s) :résistance-Sarkozy
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Ce texte a partiellement servi de base aux interventions CRI au meeting de rue en fin de manifestation parisienne et lors de l'AG qui a suivi

Le Groupe CRI fait partie des signataires de l'appel aux manifestations d'aujourd'hui et des organisateurs de la manifestation parisienne.

Quelles que soient les divergences sur la stratégie en ce qui concerne les élections présidentielles ou législatives, une chose est sûre : le nouveau président est mandaté par le MEDEF, par la grande bourgeoisie, par l'Union européenne capitaliste, pour infliger une défaite majeure au prolétariat, aux immigrés et aux jeunes.

Par conséquent, l'urgence est à la préparation de la résistance sociale unitaire. C'est pourquoi il faut moins que jamais mettre en avant des intérêts d'appareils, mais il s'agit d'oeuvrer tous ensemble à l'auto-organisation des travailleurs, des immigrés et des jeunes.

C'est ainsi qu'il sera possible de constituer un front unique des organisations politiques et syndicales du mouvement ouvrier pour résister de manière efficace aux attaques de Sarkozy.

Mais, pour impulser et aider cette dynamique d'auto-organisation, pour impulser et aider la constitution d'un front unique de la résistance sociale, il faut un instrument efficace : il faut créer une nouvelle et grande force politique anti-capitaliste, indépendance, conséquente et cohérente.

En effet, on ne pourra pas compter sur la direction du PS, qui a fortement contribué à la victoire de Sarkozy en défendant un programme capitaliste similaire sur les questions essentielles. C'est ce qu'a montré notamment le débat télévisé du 2 mai, où Royal et Sarkozy se sont prononcés tous deux contre la régularisation massive des sans-papiers, pour une répression renforcée des jeunes délinquants, pour la réforme des régimes spéciaux de retraite et l'application des principales dispositions de la loi Fillon, pour le renforcement de l'Union européenne capitaliste, pour l'accroissement des cadeaux fiscaux aux entreprises, pour la domestication accrue des syndicats, etc.

D'ailleurs, chacun peut constater que le MJS et leurs amis des Jeunes Verts ne sont pas présents aujourd'hui pour manifester contre Sarkozy : sitôt le 6 mai passé, le PS, le MJS et les Verts ont montré qu'ils n'avaient aucune intention de s'opposer réellement à celui qu'ils prétendaient vouloir combattre pendant lacampagne électorale.

Mais on ne peut pas compter non plus sur les principales directions syndicales. Les dirigeants de la CFDT, de FO, mais aussi de la CGT et de la FSU, se sont précipités chez Sarkozy avant même son investiture officielle. Tous s'inclinent devant sa prétendue " légitimité démocratique " et lui demandent bien gentiment de " négocier ", de " discuter ", de se " concerter ". Tous nous rebattent les oreilles avec leur prétendu " dialogue social ", leur prétendue " démocratie sociale ". Pourtant, il n'y a rien à négocier dans le programme anti-social et antidémocratique de Sarkozy ! Tout le monde le sait : il veut briser le droit de grève, aggraver la répression, instaurer le contrat de travail unique pour généraliser la précarité, attaquer la Sécurité sociale et le système de retraites, etc. Honte à tous ces dirigeants syndicaux qui sont en train de nous présenter Sarkozy comme un gentil président avec qui il s'agirait d'aller discutailler dans les salons ! Honte à ces lâches qui préfèrent préserver leurs intérêts de bureaucrates plutôt que de préparer les travailleurs et les jeunes au combat !

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres : les dizaines de milliers de militants syndicaux combatifs peuvent relever le défi, ils peuvent se battre contre la collaboration de classe : ils doivent exiger que les directions syndicales cessent d'aller " négocier " avec Sarkozy et engager leurs syndicats dans la lutte tous ensemble contre les attaques qui se préparent. C'est le sens du Forumdu Syndicalisme de Classe et de Masse qui se tiendra le samedi 26 mai à Paris, salle du CICP.

Quant aux organisations politiques du mouvement ouvrier, notamment le PCF, les collectifs de José Bové, la LCR, LO et le PT, elles n'ont malheureusement pas tiré les leçons de leur cuisante défaite collective du premier tour de la présidentielle : elles continuent de marcher en ordre dispersé, de faire valoir leurs propres intérêts d'organisations au lieu de s'unir pour préparer ensemble la résistance sociale. Chacune présente ses propres candidats aux législatives, au lieu d'utiliser cette échéance électorale pour commencer à construire et à faire connaître aux travailleurs un regroupement politique de résistance et de combat. Le PCF se contente d'une ligne "anti-libérale" et compte sur le PS pour garder son groupe parlementaire. Bové défend lui aussi un programme "anti-libéral", mais veut se venger du PCF et de la LCR en présentant des candidats concurrents dans certaines circonscriptions. Le PT défend une ligne "républicaine" et chauvine, présentant l'Union européenne comme seule source de tous les maux, au lieu de contribuer à rassembler les travailleurs sur une base anti-capitaliste. LO et la LCR continuent de se faire concurrence à l'extrême gauche, en présentant chacune ses propres candidats pour défendre à peu près, sur le fond, le même programme officiellement anti-capitaliste, en fait inconséquent...

Ce n'est certainement pas de cette façon que l'on pourra construire le regroupement des anti-capitalistes indépendants, cohérents et conséquents. Il est au contraire urgentissime de se battre aujourd'hui pour rassembler, sans opportunisme, mais sans sectarisme, pour ouvrir la discussion sur la stratégie et le programme de lutte que nous voulons contre Sarkozy, mais aussi pour préparer l'alternative au capitalisme, l'alternative au système bourgeois de l'UMPS.

Les AG d'étudiants et les organisations politiques et syndicales qui ont pris l'initiative des manifestations d'aujourd'hui montrent la voie. En s'appuyant sur les manifestations spontanées contre Sarkozy et sur la mobilisation de plusieurs Universités ; en refusant l'attentisme, en prenant leurs responsabilités sans demander l'autorisation de quiconque ; en commençant à construire une démarche unitaire de résistance sociale, ces AG et ces organisations sauvent l'honneur du mouvement ouvrier. Ce n'est pas un hasard s'il s'agit d'AG et d'organisations de jeunes : la jeunesse représente l'avenir et l'espoir, l'avenir de la lutte de classe, l'espoir d'une société débarrassée du capitalisme.

On a beaucoup parlé d'un prétendu " changement " dans les sommets de la droite et de la gauche bourgeoises. Il serait temps qu'on parle d'un vrai changement dans les organisations du mouvement ouvrier. Car la nouvelle situation n'exige pas seulement un rajeunissement, mais surtout une refondation radicale du mouvement ouvrier, une refondation authentiquement anti-capitaliste, qui rompe totalement avec le PS, avec la politique des directions syndicales, avec le réformisme, avec l'attentisme, avec le sectarisme. Une refondation qui soit en même temps une réactualisation des fondamentaux du communisme révolutionnaire, axée sur l'objectif d'un gouvernement anti-capitaliste des travailleurs, par les travailleurs et pour les travailleurs.