Le CRI des Travailleurs n°23 << Article précédent | Article suivant >>
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![]() | 15 septembre 2006 |
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Nous publions ici trois documents supplémentaires : 1) le tract d’appel du Collectif de soutien à la résistance des peuples du Moyen-Orient pour un rassemblement le 7 septembre devant l’Assemblée nationale ; 2) un courrier électronique du Groupe CRI proposant deux amendements à ce tract ; 3) le courrier adressé par le Groupe CRI aux organisations qui, en France, se réclament de l’anti-capitalisme et de l’anti-impérialisme ; 4) l’intervention d’un représentant du Groupe CRI lors du rassemblement du 7 septembre.
Durant plus de 4 semaines l’aviation israélienne a massacré plus de 1000 civils et détruit immeubles, ponts, routes, hôpitaux etc. Le caractère criminel de l’agression israélienne contre la population libanaise est désormais évident pour la majorité des peuples du monde et ses actions sont clairement qualifiées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Mais les objectifs assignés à la guerre menée par Israël n’ont pas été atteints : la résistance libanaise n’a pas cédé, le Hezbollah n’a pas été détruit et, jusqu’à ce jour, le peuple libanais a évité le piège de la guerre civile.
Loin d’avoir été une nouvelle défaite pour les peuples arabes du Moyen-Orient, cette guerre a été ressentie par eux comme un échec d’Israël et un signe qu’il était possible de résister.
Pour les forces impérialistes et leurs alliés sionistes cet échec est inacceptable : comme en Irak et comme en Palestine, la résistance des peuples doit être brisée !
En Palestine, plus de 200 Palestiniens ont été assassinés et plus de 800 ont été blessés depuis la fin juin. Avec le soutien des États-Unis et avec la complicité de la Communauté Européenne, l’État terroriste d’Israël se prépare à prendre une revanche contre les Palestiniens après l’humiliation subie au Liban.
De même aucun doute n’est permis sur l’objectif de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, déjà présent dans la résolution 1559 votée en 2004 qui « demande que toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées »
Faute d’avoir pu l’atteindre par l’agression israélienne, le Conseil de sécurité, sous l’impulsion des gouvernements états-unien et français, a décidé l’envoi au Liban d’une force internationale d’intervention. Après l’armée américaine qui occupe l’Irak, c’est au tour de l’Europe de prendre la tête d’une opération de police impérialiste au Liban.
Cette force armée n’est pas faite pour protéger les Libanais des attaques israéliennes répétées contre leur territoire et son occupation.
La présence au sud du Liban de cette armée doit permettre d’éloigner les combattants de la frontière avec Israël qui sera ainsi hors de portée des tirs mais pourra poursuivre ses raids aériens contre la population libanaise.
Elle vise aussi à isoler les combattants de la résistance libanaise et à les empêcher de recevoir les armes dont ils ont besoin pour se défendre.
Toutes les conditions seront alors réunies pour tenter d’écraser la résistance.
À tous ceux qui sont révoltés par la politique criminelle de l’État d’Israël et qui s’indignent de l’impunité dont cet État terroriste bénéficie, nous disons : avec ses complices européens, le gouvernement français soutient le blocus imposé aux Palestiniens. Il proteste vigoureusement contre l’enlèvement de soldats israéliens mais ne fait rien contre l’emprisonnement illégal de milliers d’otages palestiniens, dont des parlementaires et des ministres du gouvernement. Il garde un silence complice face aux bombardements meurtriers quotidiens de Gaza et face aux assassinats de combattants et de civils en Cisjordanie. Chirac et la classe politique française ont cautionné l’agression israélienne contre le Liban, qualifiant de « terroriste » la résistance libanaise et trouvant l’action de l’état israélien seulement « disproportionnée ».
Le 7 septembre, à l’Assemblée Nationale, la classe politique française va affirmer un soutien unanime du PCF à l’UMP, à la mission des soldats français au Liban.
Ceux qui agissent ainsi défendent les intérêts de l’impérialisme français et protègent l’état sioniste d’Israël.
On ne peut à la fois soutenir l’envoi de troupes françaises au Liban et défendre les intérêts des opprimés, pas plus au Moyen-Orient qu’ici, en France.
• Pas un homme, pas un sou pour la FINUL !
• Retrait des troupes françaises du Liban !
Collectif de soutien à la résistance des peuples du Moyen-Orient contre l’impérialisme et le sionisme
Premiers signataires : Nanterre Palestine, Groupe CRI (Communiste Révolutionnaire Internationaliste), St Ouen Palestine, Enfants de Palestine, Association des Palestiniens en France, Comité palestinien pour le droit au retour (section France), Collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, Mouvement Justice pour la Palestine, Secours Rouge, Parti Communiste Maoïste de France, Revolutionary Proletariat International, SOLIDARI’P, International Solidarity Movement-France-, Niort pour la Palestine, Socialismo o Barbarie, Comité de lutte contre la barbarie et l'arbitraire, Fédération Syndicale Étudiante Paris 1/4, Pôle de Renaissance Communiste en France.
« Chers camarades,
(…) Nous sommes d’accord avec le tract, même si nous regrettons que n’ait pas été du tout tenu compte de notre proposition de mettre les organisations syndicales, politiques et associatives devant leurs responsabilités. Cela aurait pu aider leurs militants à y voir clair et à s’appuyer sur notre initiative pour rompre avec la ligne de soutien à l’impérialisme français imposée par le PCF et tutti quanti. Encore une fois, qu’on le veuille ou non, nous sommes loin de diriger les masses : le travail de responsabilisation des autres militants et des structures est incontournable si nous voulons progresser en associant largement autour de notre orientation et de nos initiatives. (Pour les camarades absents mercredi, notre amendement refusé était exactement le suivant : « Les syndicats, les organisations qui se réclament du mouvement ouvrier et les associations anti-impérialistes doivent donc réaliser un front commun pour mobiliser les travailleurs et la population sur les mots d’ordre suivants... ») [Amendement non intégré, NDR.]
D’autre part, pourquoi ne pas avoir laissé le mot d’ordre final de la première version, qui est aussi dans notre Déclaration constitutive : « Pas un homme, pas un sou pour la FINUL ! Troupes françaises hors du Liban ! » C’est un mot d’ordre classique, simple et percutant, qui mérite de figurer en bas du tract, en gras et majuscules ! [Amendement intégré — ou oubli réparé, NDR.] »
Ce courrier électronique, accompagnant le tract du Collectif de soutien à la résistance des peuples du Moyen-Orient, a été envoyé à plus d’une cinquantaine d’organisations : LCR et ses courants, JCR, à LO et sa Fraction, PT et petits groupes se revendiquant du trotskysme, du marxisme-léninisme, de l’anarchisme, de la solidarité anti-impérialiste, etc.
« Camarades,
Le Groupe CRI, partie prenant du Collectif pour le soutien à la résistance des peuples du Moyen-Orient contre l’impérialisme et le sionisme (dont vous trouverez ci-dessous en fin de message la déclaration constitutive), vous propose d’appeler et de participer avec toutes vos forces à l’initiative décidée par ce Collectif :
RASSEMBLEMENT devant l’Assemblée nationale
JEUDI 7 septembre à 18 heures
pour exiger :
• Pas un homme, pas un sou pour la FINUL !
• Retrait des troupes françaises du Liban !
Vous trouverez ci-joint et ci-dessous le tract d’appel et la liste des quinze premières organisations et associations signataires.
Cet appel revêt une importance politique majeure au moment où le PCF, les directions syndicales et diverses organisations ont décidé de mettre fin aux mobilisations populaires de l’été contre l’agression israélienne. La raison de cette attitude réside dans le soutien total que ces organisations, à commencer par le PCF, apportent aux résolutions de l’ONU, à Chirac et à l’envoi des troupes impérialistes chargées de désarmer la résistance et d’occuper le Liban.
C’est pourquoi nous avons décidé de vous faire connaître le présent appel : quelles que soient les divergences que nous pouvons avoir avec vous et que vous pouvez avoir entre vous, nous sommes convaincus que les organisations ouvrières qui se réclament de l’anti-capitalisme et de l’anti-impérialisme ont une responsabilité majeure pour mobiliser les travailleurs contre l’opération impérialiste décidée sous couvert de l’ONU par Bush, Omert et Chirac, avec le soutien de toute la classe politique représentée à l’Assemblée nationale.
Nous nous tenons à votre disposition pour toute information supplémentaire.
Avec nos salutations militantes,
Groupe CRI »
NDR : Finalement, en plus des organisations signataires du tract, seule l’association Agir contre la guerre a appelé à ce rassemblement, avec son propre tract. Toutes les autres organisations étaient honteusement absentes !
« Chers amis, chers camarades,
Le Groupe CRI, partisan du programme de la IVe Internationale, est partie prenante du Collectif de soutien à la résistance des peuples du Moyen-Orient qui a pris la responsabilité d’appeler à ce rassemblement. Ce Collectif est un cadre de travail pluraliste, qui permet de fédérer des associations, des syndicats et des organisations politiques de différentes sensibilités, mais qui sont d’accord pour unir leurs forces dans un combat commun intransigeant contre le sionisme et l’impérialisme, à commencer par l’impérialisme français.
Pour le Groupe CRI, cette question de l’unité des forces anti-impérialistes et anti-capitalistes est une question centrale. Quand on est un syndicaliste digne de ce nom, un communiste digne de ce nom, un révolutionnaire digne de ce nom, on se bat pour défendre les ouvriers contre les patrons, les exploités contre les exploiteurs, les opprimés contre les oppresseurs. Tous les syndicats ouvriers, toutes les organisations qui se réclament de la lutte de classe devraient s’unir aujourd’hui pour combattre ensemble :
• pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, contre la prétention de l’impérialisme à disposer des peuples ;
• contre l’impérialisme français et ses représentants au gouvernement, qu’ils soient de droite comme aujourd’hui, ou de gauche comme hier et peut-être demain.
Il n’est pas acceptable de renvoyer dos-à-dos l’État colonial sioniste surarmé et les forces palestiniennes ou libanaises qui lui résistent : ce prétendu pacifisme est un poison idéologique qui revient à renoncer à la défense des opprimés, donc à couvrir lâchement le colonialisme.
Quand on est un syndicaliste digne de ce nom, on défend au quotidien les droits et la dignité des salariés contre les patrons arrogants et les actionnaires cupides. On ne peut donc qu’être écœuré quand on voit que les directions de la CGT, de FO, de la FSU, appellent à l’application des résolutions de l’ONU qui prévoient le désarmement des travailleurs et des opprimés libanais alors qu’ils se battent pour leurs droits et leur dignité.
Quand on est un communiste digne de ce nom, on se bat pour l’auto-émancipation des travailleurs exploités et des peuples opprimés. On ne peut donc qu’être écœuré quand on entend la direction du Parti communiste français féliciter Chirac qui vient de décider l’envoi de nouvelles troupes au Liban, alors que tout le monde connaît les liens de l’impérialisme français avec la grande bourgeoisie libanaise, avec les affairistes corrompus qui pillent les richesses du pays pour engraisser les grandes banques parisiennes.
Quand on est un communiste révolutionnaire internationaliste digne de ce nom, et notamment quand on se réclame de la IVe Internationale, on ne peut qu’être attristé de constater que les principales forces dites d’extrême gauche, comme la LCR, LO ou le PT, sont absentes ce soir. Par leur passivité, par leur manque de volonté politique, ces organisations prouvent une fois de plus leur incapacité à prendre leurs responsabilités, leur suivisme à l’égard des grosses organisations, du PCF et des directions syndicales.
Pour refuser leur soutien aux forces qui résistent concrètement, les armes à la main, contre l’impérialisme, certains font valoir l’argument des divergences politiques et idéologiques avec ces forces. Mais ce n’est qu’un prétexte qui revient là encore à capituler face à la puissance des oppresseurs. Pour le Groupe CRI, il est hors de question d’apporter un soutien au programme politique du Hezbollah et à son idéologie, mais c’est cautionner le crime impérialiste contre le peuple libanais que de ne pas soutenir sa résistance, dirigée aujourd’hui principalement par le Hezbollah, qu’on le veuille ou non.
Pour le Groupe CRI, il faut se battre dans les entreprises, dans les établissements, dans les quartiers, pour faire connaître le Collectif de soutien à la résistance des peuples du Moyen-Orient, pour organiser des réunions, pour assurer le succès de ses initiatives. Il faut se battre pour que de nouvelles organisations, de nouvelles associations, de nouveaux syndicats rejoignent le Collectif. Et il faut se battre aussi à l’intérieur des syndicats et des organisations du mouvement ouvrier, avec les dizaines de milliers de militants honnêtes et combatifs, pour les aider à y voir clair, pour construire un véritable mouvement de masse, pour imposer que ces organisations soutiennent la résistance et rompent avec l’impérialisme français, pour le front unique ouvrier contre Chirac.
C’est le plus grand service que nous puissions rendre, ici en France, à la résistance libanaise et palestinienne. Et c’est aussi un grand service que nous nous rendons à nous-mêmes, car tout combat efficace contre notre propre gouvernement ne peut que nous aider à avancer dans l’ensemble de nos revendications, pour la défense et la reconquête de nos droits et, demain, pour construire une alternative des travailleurs à l’impérialisme, au capitalisme et aux gouvernements de droite et de gauche qui en sont les valets. »
Le CRI des Travailleurs n°23
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