Le CRI des Travailleurs n°22
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Adresse de
militants syndicaux lutte de classe
aux délégués du 48ème congrès de la
CGT
| Collectif Unitaire pour un Front Syndical de Lutte de classe, Comité pour un Courant Intersyndical Lutte de classe Antibureaucratique, Continuer la CGT, Collectif Général des Travailleurs CGT-E Dalkia |
| 25 avril 2006 |
| directions-syndicales, CGT, CILCA |
|
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Les
militants du Groupe
CRI
participent activement au Comité pour un Courant
Intersyndical Lutte de classe Antibureaucratique (cf. notre
précédent numéro). Celui-ci a pour but de
rassembler les militants syndicaux lutte de classe au-delà de
leurs différentes sensibilités politiques. Il combat
également pour agir en commun avec d’autres regroupements
de militants syndicaux lutte de classe. C’est cette méthode
qui a abouti en particulier à l’adresse aux délégués
du 48e congrès de la CGT, co-signée par le
Comité et par trois autres regroupements de militants
syndicaux, diffusée à tous les congressistes les 25 et
26 avril à Lille, et que nous reproduisons ici comme tribune
libre. (La rédaction.)
« Année
après année, l’offensive du patronat, relayée
par l’Union Européenne et les gouvernements successifs, est
de plus en plus brutale : destruction des acquis
sociaux, privatisations, licenciements collectifs, précarisation
du travail et des conditions de vie, démantèlement de
pans entiers de l’industrie et des services publics…
Dans
cette situation, les travailleurs et la jeunesse ont besoin d’une
stratégie de classe et de masse pour résister
pied à pied et pour préparer une contre-offensive
générale. Des avancées pour les travailleurs ne
peuvent être que le produit de luttes parvenant à
mettre le grand capital sur la défensive.
Or
la direction de la CGT, à l’image des autres organisations
syndicales, suit une orientation diamétralement opposée.
C’est pourquoi nous, regroupements de militants syndicaux de
diverses sensibilités, tous partisans d’un syndicalisme de
classe et de masse, avons décidé de nous unir pour
nous adresser à vous, camarades délégués
du 48e congrès.
Responsabilité
de la direction confédérale dans les défaites
successives
- 2003 :
défaite du grand mouvement contre la réforme des
retraites ; or la direction avait accepté de discuter
avec le gouvernement le principe de cette « réforme »
antisociale ; elle a ensuite justifié sa stratégie
molle de « journées d’action »
diluées dans le temps par la prétendue « efficacité »
d’une alliance avec la CFDT ; elle a enfin pris prétexte
de la trahison de Chérèque pour refuser d’appeler à
l’extension de la grève et à la grève
générale, comme le demandaient des millions de
manifestants dans la rue.
- 2004 :
réforme Douste-Blazy de la protection sociale, après
un « diagnostic partagé » émanant
du « Haut Conseil pour la réforme de l’assurance
maladie » auquel la direction avait accepté de
participer ; changement de statut d’EDF et de GDF, après
que les directions (confédérale et de la FNME CGT)
eurent accepté le principe de l’actionnariat salarié
et cautionné, sans l’aval des syndicats et des militants et
grévistes de terrain, la promesse de Sarkozy prétendant
que l’État garderait 70 % du capital. On voit ce qu’il
en est aujourd’hui…
- 2005 :
refus de la direction confédérale d’appeler à
voter NON au référendum sur la « Constitution
européenne », même après le désaveu
que lui a infligé le CCN du 3 février, puis de tirer
les conclusions du rejet massif de cette « Constitution »
par les travailleurs ; refus de donner une suite aux puissantes
« journées d’action » du 10 mars et
du 4 octobre ; refus de lutter pour le maintien d’une SNCM
nationalisée à 100 % — Bernard Thibault allant
jusqu’à négocier avec Villepin juste après
que celui-ci eut envoyé la police et l’armée contre
les marins et les travailleurs portuaires en grève.
- 2006 :
puissant soulèvement des étudiants et lycéens
contre le gouvernement ; mais, sous prétexte d’alliance
avec la CFDT, la CGC, la CFTC, etc., la direction de la CGT a
cantonné les revendications au « retrait du CPE »,
refusant de s’appuyer sur le mouvement et sur la crise politique
pour exiger le retrait de toute la loi dite « sur
l’égalité des chances », du CNE, de la
privatisation de GDF et des autres contre-réformes.
Corrélativement, la direction de la CGT et les autres
organisations se sont contentées d’appeler à des
« journées d’action » et non à
la grève tous ensemble et en même temps. Enfin, elles
se sont adressées « solennellement » à
Chirac et ont accepté d’aller rencontrer les députés
de l’UMP et d’arrêter la mobilisation en attendant les
résultats de ces « discussions ».
La
direction veut en finir totalement avec le syndicalisme
de lutte de classe !
À
l’occasion de ce 48e congrès, loin de mettre en
cause son orientation qui a fortement contribué aux défaites,
la direction CGT entend franchir un seuil décisif dans
l’abandon du syndicalisme de classe. Pouvons-nous accepter
de désarmer ainsi la classe ouvrière ?
- Refusons
la pratique des « diagnostics partagés »
et le recours systématique aux « négociations »
à froid entre prétendus « partenaires
sociaux » :
cette stratégie revient à associer les syndicats à
la préparation des contre-réformes, voire à
leur co-élaboration, au lieu de préparer la résistance
par la lutte de classe.
- Refusons
la ligne du « syndicalisme rassemblé »
qui, sous le prétexte d’une « unité »
factice et d’une « efficacité »
douteuse, revient à soumettre le syndicalisme authentique à
la collaboration de classe.
- Refusons
l’intégration de la CGT à la CES et demain à
son clone international
souhaité par la direction confédérale sur la
base d’une fusion entre le réformisme et le
social-christianisme. Contre ce prétendu « syndicalisme »
qui n’est que le cache-sexe et le faire-valoir de l’Union
européenne et du capital mondialisé, nous en appelons
à un syndicalisme de classe réellement
internationaliste.
- Dénonçons
l’effacement des revendications collectives et des mots d’ordre
clairs qui ont
fait la force du mouvement ouvrier depuis le XIXe siècle,
au profit de la « revendication » de « droits
liés à la personne », tel le « nouveau
statut du travail salarié » proposé par la
direction de la CGT et repris maintenant par les Sarkozy et autres
partisans de la « flexi-sécurité ».
À cette individualisation des droits, facteur d’atomisation
de la classe ouvrière, nous opposons des revendications
collectives : défense des acquis sociaux, interdiction
de la précarité, baisse générale du
temps de travail pour embaucher les chômeurs, sans baisse de
salaire et sans flexibilité, renationalisation sous contrôle
ouvrier des entreprises privatisées, etc.
Au
final, la satisfaction des travailleurs exigera que le grand capital
soit vaincu et que ces derniers prennent en main leur avenir
par l’appropriation collective des moyens de production.
C’est
pourquoi nous appelons les camarades délégués
qui refusent d’abandonner la lutte de classe à s’opposer
à l’orientation de la direction confédérale !
Lille,
le 25 avril 2006
Le CRI des Travailleurs n°22
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