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Brésil : Congrès du PSOL (Parti pour le Socialisme et la Liberté) :
Parti anticapitaliste ou parti antilibéral ?


Auteur(s) :Antoni Mivani
Date :20 novembre 2007
Mot(s)-clé(s) :international, Brésil
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Le Parti Socialisme et Liberté (PSOL) du Brésil a tenu au mois de juin 2007 son premier congrès. Dans la mesure où ce parti est présenté par certaines organisations se revendiquant encore du trotskysme (et notamment par la LCR) comme un modèle de « parti anticapitaliste » de masse ou à influence de masse, il est important d’examiner ces débats : on les retrouve largement dans l’extrême gauche française, tout particulièrement au sein de la LCR et parmi ceux qui s’intéressent d’une façon ou d’une autre à sa proposition de « nouveau parti anticapitaliste ». Le PSOL est-il une formation anticapitaliste transitoire vers un parti révolutionnaire ou un parti antinéolibéral déjà revenu en-deça du réformisme ? Pour mieux le comprendre, il faut commencer par rappeler en premier lieu l’origine et les premiers pas du PSOL, avant d’examiner en détail la résolution adoptée par son congrès.

D’où vient le PSOL ?

Ce parti s’est constitué de façon empirique en relation avec les développements de la lutte des classes au Brésil en 2003-2004. Le Parti de travailleurs (PT) avait depuis longtemps accepté de gérer les institutions dans le cadre du capitalisme : lorsqu’il est parvenu à la direction du gouvernement fédéral en 2002, il a impulsé une politique pleinement conforme aux intérêts du capital. Dès 2003, la réforme des retraites, emblématique de cette soumission aux exigences de la bourgeoisie, s’est heurtée à une forte résistance des fonctionnaires. Les courants de gauche du PT qui avaient des députés se sont retrouvés soumis à une double presssion. D’un côté, la direction du parti, exprimant les besoins de la bourgeoisie, exigeait la discipline de vote ; de l’autre, la mobilisation des masses poussait pour le rejet total du projet. Tandis que la majorité des députés de Démocratie Socialiste (DS, qui était à cette époque l’unique section brésilienne de la « Quatrième Internationale »-Secrétariat Unifié, organisation internationale de la LCR) votait pour ou s’abstenait, quatre parlementaires décidaient de voter contre la réforme : Joa Baba (Courant Socialiste des Travailleurs, CST), Luciana Genro (Mouvement de la Gauche Socialiste, MES), Heloisa Helena (DS) et Joao Fontes. Ils étaient peu après bureaucratiquement exclus du PT.

Ce refus de voter une réforme clairement anti-ouvrière exprimait une certaine fidélité aux intérêts de classe, mais la rupture avec le PT n’avait nullement été programmée. Ces courants ont donc dû, pris à l’improviste, jeter les bases d’un nouveau parti. Celui-ci a d’abord été essentiellement un front uni de courants d’origine trotskyste, la CST et le MES (d’origine trotskyste-moréniste), une fraction minoritaire de DS (emmenée par Heloisa Helena), le CSOL (issu d’une rupture d’avec le PSTU). Il a adopté en juin 2004 un programme de fondation, de caractère centriste, avec de nombreuses ambiguïtés et des traits réformistes marqués (cf. notre lettre ouverte au PSOL dans Le CRI des travailleurs n° 21, janv.-fév. 2006).

Après l’obtention d’un statut légal l’autorisant à se présenter aux élections, moyennant la collecte de 500 000 signatures, le PSOL a été rejoint par un autre courant « de gauche » du PT, l’Action Populaire Socialiste (APS, gauche chrétienne) et par certaines personnalités du PT (Ivan Valente, Chico Alencar, etc.), ce qui a substantiellement modifié les rapports de forces au sein du parti. Il s’est présenté aux élections de 2006 dans le cadre d’un front de gauche avec le PSTU (Parti Socialiste des Travailleurs Unifié, « trotskyste moréniste ») et le PCB (Parti Communiste Brésilien), bien que certains secteurs aient souhaité des alliances plus larges, allant par exemple jusqu’au PDT (Parti démocratique travailliste). Cette campagne a été menée par la principale figure publique du parti, Heloisa Helena, sur une orientation purement réformiste, en violation des accords constitutifs de ce front (cf. Le CRI des travailleurs, n° 23, sept. 2006). Malgré la position nationale de n’appeler à voter au second tour ni pour Lula, ni pour Alckmin, certaines figures de proue du PSOL ont ouvertement appelé à voter Lula ou pour des candidats du PT aux postes de gouverneurs, bien que ceux-ci n’aient en rien démontré leur volonté de rompre avec la ligne générale de leur parti.

L’enjeu de ce premier congrès

En juin 2007, trois ans après sa fondation, le PSOL a donc tenu son premier congrès. Il a réuni 750 délégués, supposés représenter 7 500 membres « actifs », c’est-à-dire (selon les critères adoptés) à jour de leur cotisation, ayant participé à au moins deux réunions du parti dans les deux derniers mois et présents à l’assemblée élective pour le congrès. C’est environ un tiers des 22 000 adhérents revendiqués par le PSOL, mais, selon les courants anticapitalistes, le chiffre de 7 500 est gonflé et les courants réformistes ainsi surreprésentés : selon Baba, le parti ne compte pas plus de 3 000 militants réels.

L’enjeu de ce premier congrès était la nature même du parti : parti anticapitaliste ou parti antilibéral — alternative qui renvoie à une seconde, plus profonde, entre réforme et révolution, car, en dernière analyse, on ne peut pas être véritablement anticapitaliste sans être révolutionnaire. Lors de ce premier congrès, il s’agissait de définir enfin démocratiquement une orientation pour l’ensemble du parti, mettant un terme aux accords de consensus résultant de la juxtaposition de tendances diverses. Cela a permis de mieux apprécier l’orientation politique propre de chaque courant. C’est le bloc constitué par le MES/MTL (courant réformiste, issu du trotskysme pour sa première composante) et les chrétiens de gauche de l’APS, défendant une orientation antinéolibérale, qui l’a remporté avec 64 % des voix. Le bloc anticapitaliste formé par la CST, la CSOL, Alternative Socialiste et de petits courants de gauche a obtenu 24 % des suffrages. Enfin, Enlace (Liaison, la seconde section brésilienne de la « Quatrième Internationale »-Secrétariat Unifié), a obtenu 10,5 % des suffrages. Si on tient compte du peu de différence entre les thèses du bloc majoritaire et celles d’Enlace, cela fait 74,5 % des voix pour le bloc antinéolibéral, c’est-à-dire réformiste « light ».

Le programme adopté n’est qu’antilibéral

Les orientations programmatiques adoptées tranchent dans un sens réformiste toutes les ambiguïtés du projet de programme de 2004. Elles ne sont ni anticapitalistes, ni même réellement anti-impérialistes.

« Suspension du paiement de la dette » ou refus de la payer ?

Le texte adopté se prononce pour « la suspension du paiement de la dette externe, qui n’a jamais fait l’objet d’un audit, et un traitement de la dette intérieure selon de nouveaux critères » (1). Il repousse donc la revendication anti-impérialiste élémentaire de refus du paiement de la dette. L’exemple du PT montre que des formules vagues dans un programme se transforme en un renoncement pur et simple le jour où le parti, accèdant au pouvoir dans le cadre des institutions, se retrouve soumis à l’immense pression de l’impérialisme et de la bourgeoisie. Une orientation anticapitaliste soulignerait au contraire, en s’appuyant sur l’expérience du PT au pouvoir (cf. Le CRI des travailleurs n° 3 et 8 d’avril et octobre 2003), qu’il est impossible satisfaire les besoins élementaires des masses sans rompre réellement avec les exigences du capital financier, en commençant par le refus de payer la dette externe et interne (sans léser les petits épargnants). En effet, payer la dette, c’est sacrifier la construction d’infrastructures et de servicers publics nécessaires à la popluation (chemins de fer, transports aériens, logements, égoûts, écoles, hôpitaux, etc.) pour enrichir une poignée de capitalistes, impérialistes et nationaux, détenteurs de la dette externe aussi bien qu’interne.

Où sont passées les revendications ouvrières ?

Le texte adopté ne dit pas un mot des revendications économiques spécifiques de la classe ouvrière. Il n’analyse pas les contre-réformes du second gouvernement Lula, comme les « super-simples » (lois flexibilisant le travail dans les petites et moyennes entreprises, votées par les parlementaires du PSOL), etc. Il ne propose aucune analyse et aucune bilan des luttes récentes (grève des contrôleurs aériens, grèves dans la métallurgie, occupations d’usine, etc). Il ne développe aucune orientation sur ce sujet. Tout au plus trouve-t-on, dans des résolutions secondaires, l’expression d’un soutien formel à quelques conflits (travailleurs de l’INCRA, travailleurs municipaux de Porto Alegre, syndicalistes du métro de Sao Paolo). Dans ces conditions, les références aux « travailleurs » (d’ailleurs fort rares) se révèlent être de simples clins d’œil pour donner le change. Cette orientation étrangère au prolétariat a d’ailleurs, de l’aveu même d’Enlace, pour conséquence qu’un parti dont la candidate a receuilli plus de 6 millions de voix à la présidentielle de 2006 « a eu un dialogue important avec des secteurs des classes moyennes, des fonctionnaires et de la jeunesse, mais (…) [n’a] pas encore réussi à resserrer [le] dialogue avec des secteurs de la classe travailleuse ni avec un grand contingent de dépossédés ». De ce point de vue, l’orientation de la direction du PSOL peut même difficilement être qualifiée de réformiste au sens traditionnel qu’a ce terme dans le mouvement ouvrier.

Gérer le capitalisme autrement ou avancer vers la rupture avec le capitalisme ?

En toute logique, le texte adopté se prononce « pour rompre avec les diktats du FMI en redéfinissant les paramètres économiques de l’excédent primaire [excédent du budget de l’État avant paiement du remboursement de la dette], des taux d’intérêts, du taux de change et des réserves monétaires de façon à contrarier les intérêts du capital financier ». Bref, pour la galerie, il dit « rompre avec les diktats du FMI », mais, en réalité, il propose une autre politique économique capitaliste, opposée au « modèle néolibéral ». Pendant la campagne électorale, Heloisa Helena avait préconisé une politique de baisse des taux, correspondant aux intérêts des petits et moyens patrons contre ceux du capital financier. C’est en outre une orientation illusoire : le « modèle économique » mis en œuvre par les partis de la bourgeoisie n’exprime pas essentiellement des désirs subjectifs, mais les lois de l’économie capitaliste à notre époque et les rapports de force entre les différentes fractions de la bourgeoisie (2). C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les anciens partis réformistes, qui refusent de rompre avec le cadre même du capitalisme, adoptent rapidement le « modèle économique » de leurs prédécesseurs, lorsqu’ils arrivent au pouvoir. C’est notamment ce qu’a fait le PS en France dès 1982, le SPD en Allemagne dès 1999… et le PT au Brésil dès 2003 (qui, lui aussi, dénonçait le « néolibéralisme » de Cardoso). À l’opposé, un parti réellement anticapitaliste part précisément de l’idée qu’il est impossible de satisfaire les besoins les plus élémentaires des masses dans le cadre du capitalisme : pour gagner les masses à cette idée, il tire les leçons de leur expérience vivante, met en œuvre un système de mots d’ordre de transition (salaire minimum au niveau des besoins d’une famille, répartition des heures de travail entre tous sans diminution de salaire, etc.), popularise les méthodes pour le mettre en œuvre (grève, occupation d’usines, etc.) et trace la seule perspective réaliste, celle d’un gouvernement des travailleurs, par les travailleurs, pour les travailleurs.

Réforme agraire par les « pratiques coopératives » ou expropriation des grands propiétaires par les méthodes de la lutte de classe ?

La résolution consacre seulement six lignes à la question, essentielle au Brésil, de la réforme agraire. Elle se borne à inscrire celle-ci dans un vague « projet national plus juste et plus démocratique » et se prononce pour une insipide « garantie de l’accès à la terre pour celui qui la travaille ». Elle recommande « de mettre en place un marché de biens de consommation de masse et d’impulser des pratiques coopérativistes et collectivistes, aussi bien dans la production que dans la gestion et la commercialisation ». Ce flou sert à couvrir la honteuse orientation, développée pendant la campagne de 2006 par Heloisa Helena, d’une réforme agraire dans le cadre de la loi. Or, comme la loi de l’État capitaliste brésilien prévoit, d’une part, que les terres occupées ne peuvent être expropriées au profit des paysans sans-terre qui les occupent et, d’autre part, qu’aucune expropriation ne peut se faire sans indemnisation, cela revient à renoncer à toute réforme agraire et à abandonner les sans-terre. De fait, il n’est pas dit un mot du soutien accordé par le gouvernement Lula aux propriétaires fonciers, de la répression d’État et de l’impunité garantie aux bandes paramilitaires qui assassinent les militants paysans. En un mot, le programme du PSOL, sous prétexte d’être acceptable pour une fraction de la bourgeoisie et les classes moyennes, tourne le dos aux intérêts des paysans sans-terre : il ressemble comme son ombre à la politique du ministre de la réforme agraire Rossetto (membre de DS). À l’opposé, un parti authentiquement anticapitaliste mettrait à l’ordre du jour le combat pour l’expropriation des grandes propriétaires et des entreprises agro-alimentaires capitalistes, seule façon de satisfaire les revendications des paysans sans-terre et de les lier intimement au prolétariat des villes.

Développer l’État bourgeois ou le détruire ?

Le texte adopté par le congrès explique qu’« il n’est pas moins prioritaire de récupérer et de développer les fonctions publiques de l’État, en organisant la reprise de contrôle des entreprises et secteurs stratégiques ». Bien sûr, lorsqu’un gouvernement veut privatiser des entreprises publiques ou supprimer des postes de fonctionnaires qui rendent des services à la population, les anticapitalistes sont aux côtés des travailleurs qui résistent à ces mesures, accroissant exploitation et oppression. Mais ils ne peuvent pas défendre l’illusoire perspective politique du retour à un État-providence des « Trente Glorieuses ». Car l’État bourgeois, quelle que soit sa forme, reste l’État des exploiteurs, une machine pour dissimuler les antagonismes de classes et permettre à la classe dominante de défendre au mieux ses intérêts de classe. Tout au contraire, les anticapitalistes expliquent aux travailleurs que l’expropriation de capitalistes individuels ou de branches de la production ne peut réellement porter ses fruits que si elle se fait sous le contrôle des travailleurs, c’est-à-dire si elle n’est que le prélude à la constitution d’un gouvernement des travailleurs eux-mêmes. Fixer l’État capitaliste comme cadre des revendications est même un des instrument de la bourgeoisie pour dévier la lutte des travailleurs en cas de crise révolutionnaire. C’est ainsi que Chavez s’efforce de canaliser la mobilisation du prolétariat venezuelien dans l’impasse du développement bourgeois national (3). Dans son sillage, la direction du PSOL a pour perspective principale de modifier graduellement l’État capitaliste et non de le détruire : c’est tout au plus une perspective réformiste.

L’internationalisme du PSOL se réduit… au soutien à Chavez

Le congrès s’est concentré presque exclusivement sur la politique nationale. Les questions internationales ont été reléguées dans diverses motions adoptées à la fin. Belle marque d’internationalisme ! Mais la principale motion internationale est particulièrement significative de l’orientation du PSOL : « Le PSOL apporte son soutien inconditionnel à la décision du gouvernement de Hugo Chavez de ne pas renouveler la concession à la chaîne de télévision RCTV. » En l’absence de toute dénonciation de l’offensive accrue du gouvernement bourgeois vénézuélien contre l’indépendance du mouvement ouvrier, notamment par la construction d’un parti bolivarien unique, le PSUV, à la botte du « commandant » Chavez, et par la lutte acharnée pour intégrer l’UNT à l’État (cf. notre article dans Le CRI des travailleurs n° 27, été 2007), l’appui à cette opération bonapartiste autour de RCTV est la manifestation d’un soutien politique à Chavez. C’est donc en toute logique que la direction du PSOL a refusé de donner la parole, durant le congrès, à Orlando Chirino, dirigeant de l’UNT (principal syndicat ouvrier vénézuélien), du courant syndical de lutte de classe C-CURA et du PRS (parti trotskyste qui a majoritairement refusé d’entrer au PSUV, le nouveau parti de Chavez), principale figure d’une opposition ouvrière naissante à Chavez.

Aucune discussion sur les élections municipales de 2008

La direction a repoussé cette question à une conférence spéciale, en se payant le luxe de dénoncer « l’électoralisme » de la minorité anticapitaliste qui en exigeait la discussion immédiate… Après la campagne honteuse menée par Heloisa Helena, il fallait oser ! En fait, la direction voulait camoufler pour encore quelques mois son souhait de nouer des alliances qui aillent au delà du PSTU et du PCB, c’est-à-dire vers des partis bourgeois.

Force est donc de constater que les anciens trotskystes de la direction du PSOL, après avoir expliqué la nécessité de dissimuler les références révolutionnaires et en particulier trotskystes sous prétexte d’attirer les masses, ont fini par les abandonner purement et simplement. En particulier, le secteur très minoritaire du courant Démocratie socialiste (membre comme la LCR, rappelons-le, de la « Quatrième Internationale »-Secrétariat Unifié) qui avait fini par rompre avec son organisation, devenue réformiste au point d’oser participer au gouvernement bourgeois, plus précisément un gouvernement de front populaire (coalition entre des partis ouvriers-bourgeois avec des partis bourgeois, subordonnant les intérêts du prolétariat à ceux de la bourgeoisie) dirigé par Lula, est en train de parcourir à son tour le chemin dont l’aboutissement conduirait au même point.

Face à cette dégénérescence accélérée de la direction, divers courants de gauche du PSOL, dont le principal est la CST (Courant Socialiste des Travailleurs), ont maintenu une orientation anticapitaliste. Si leurs analyses et propositions sont discutables sur un certain nombre de points, ils ont eu l’incomparable mérite de réaffirmer la nécessité de lutter pour le socialisme, de souligner l’impossibilité d’humaniser le capitalisme, de critiquer clairement l’idée d’un front antilibéral (opposé à un front ouvrier anticapitaliste), de se prononcer contre tout accord électoral avec des partis bourgeois, de faire la critique ferme de l’opportunisme débridé de la direction et notamment de la candidate du PSOL pendant la campagne de 2006 et de fixer comme tâche centrale de l’activitié du parti l’insertion dans le combat de classe contre le second gouvernement Lula. Nous y reviendrons dans un prochain article consacré à la politique de celui-ci et à la lutte de classe des travailleurs brésiliens.

Pour tous ceux qui réfléchissent à la construction d’un nouveau parti anticapitaliste, l’expérience du PSOL est donc à méditer. Loin d’être un modèle, ce parti, où des révolutionnaires plus ou moins conséquents coexistent avec des réformistes assumés et même d’authentiques bourgeois, est plutôt l’exemple du danger à éviter : dans la mesure même où il a été fondé sur des bases ambiguës, centristes et électoralistes, sans véritable bilan du PT dont ses dirigeants sont issus, le PSOL a défendu dans la pratique une orientation toujours plus droitière. Cela prouve que la confusion du programme ne peut qu’entraîner l’hégémonie politique des réformistes sur les révolutionnaires.


1) Résolution majoritaire, présentée par MES/MTL et APS, adoptée par près de 64 % des délégués. Tous les textes peuvent se trouver sur le site du PSOL (www.psol.org.br) ou de ses courants (lien sur la page du PSOL). On peut en trouver une traduction française du texte majoritaire sur le site d’Avanti, courant de la LCR, www.avanti-lcr.org, bulletin du mois d’août.

2) Par exemple, le niveau des taux d’intérêts est essentiellement déterminé par les grands indicateurs macro-économiques du pays, puisque les capitalistes décident leurs investissements en fonction de ces paramètres (« risque pays », rentablité des investissements, taux d’intérêts, etc) : une baisse brutale de ces taux implique une fuite massive des capitaux vers d’autres lieux plus rentables.

3) C’est aussi de façon que le PCF a, dans un tout autre contexte, canalisé à la Libération la mobilisation révolutionnaire du prolétariat et des masses opprimés dans le cadre du régime, en opposant le mot d’ordre de nationalisation à celui d’expropriation des capitalistes et de gouvernement des travailleurs.


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