Le CRI des Travailleurs
n°31
(mars-avril 2008)

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Défaite électorale de Sarkozy-Fillon, crise du MEDEF, montée du mécontentement ouvrier et populaire...
La situation objective rend possible un nouveau cycle de luttes, à condition de surmonter les obstacles politiques


Auteur(s) :Nina Pradier, Ludovic Wolfgang
Date :20 mars 2008
Mot(s)-clé(s) :France
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Comme nous l’expliquons dans notre Déclaration politique diffusée à la veille des élections municipales et cantonales (reproduite ci-dessous), le rapport de force entre les classes sociales en France est globalement à l’avantage de la bourgeoisie, mais la classe ouvrière n’est pas écrasée, elle résiste malgré la difficulté de la situation et cherche la voie de la lutte unie pour gagner. C’est pour cette raison que, malgré les défaites de l’automne, et quelle que soit la crise historique actuelle du mouvement ouvrier, la question politique clé de la situation, l’obstacle principal au déploiement de la lutte de classe, reste la politique des directions du mouvement ouvrier (syndicats, PCF, mais aussi organisations d’extrême gauche). En effet, les victoires de Sarkozy dans les luttes de l’automne et l’imposition de ses lois successives de régression sociale sont dues avant tout à la collaboration de classe des directions syndicales et du PCF, aidées par le suivisme ou le manque d’audace des directions d’extrême gauche (LCR, LO et PT). Le MEDEF, Sarkozy et son gouvernement peuvent donc annoncer tranquillement la poursuite et même l’accélération de leurs « réformes » malgré la défaite de l’UMP aux élections, l’hostilité croissante de la population envers le président et la crise sans précédent qui secoue l’organisation patronale. Autrement dit, le patronat, le président et le gouvernement ne restent dans une position de force, rendant possible l’amplification de leur offensive, qu’en raison du refus des principales directions du mouvement ouvrier de les combattre selon un plan d’action qui réaliserait le front unique ouvrier et utiliserait l’arme de la grève avec comme objectif clairement affiché la grève générale. En ce sens, l’analyse des résultats des élections, mais aussi la crise de la fonction présidentielle, les derniers développements de la crise du MEDEF et leur mise en contexte international, sont autant d’éléments qui confirment la possibilité de combattre avec des chances de succès pour la réalisation des propositions concrètes que nous avançons dans notre Déclaration politique.

Défaite électorale de Sarkozy et de l’UMP… mais sans plébiscite ouvrier et populaire du PS

Record de l’abstention

Comme nous l’avions prévu, le premier fait marquant du résultats électoraux est la force de l’abstention : elle atteint un record depuis la Seconde guerre mondiale, avec 33,5% au premier tour et 38,34% au second. Une étude plus précise montre qu’elle concerne tout particulièrement l’électorat populaire, notamment en région parisienne, où elle atteint souvent plus de 50%. S’il s’agit en partie d’électeurs qui ont pu voter Sarkozy au printemps 2007, il ne s’en agit pas moins globalement d’une « abstention-sanction », comme l’a noté la même presse qui nous avait rebattu les oreilles l’an passé en prétendant, au vu d’une baisse limitée du taux d’abstention, qu’il y avait un progrès du prétendu « civisme » ! Le rejet de Sarkozy et de sa politique ne signifie ni un retour de l’extrême droite (qui disparaît presque du paysage politique), ni d’un retour des illusions envers le PS et les autres partis de l’ex-« gauche plurielle ». Si on ajoute à cela la privation du droit de vote des étrangers (hors Union Européenne), qui sont pour la majorité des prolétaires, il est clair que la majorité absolue du prolétariat au sens strict du terme (ouvriers et employés subalternes des entreprises) n’a guère d’illusions dans le système électoral actuel, dans les mécanismes de l’« alternance » et les autres dispositifs de « cohabitation » (ou répartition des pouvoirs entre droite et gauche bourgeoises).

Vote-sanction contre Sarkozy

Quant au vote ouvrier et populaire pour le PS, il n’a pas signifié un raz-de-marée du PS en termes de voix. Certes, le mode de scrutin, mais aussi la division du MODEM et l’appel inadmissible de LO et de la LCR à voter pour le PS au second tour, permettent une victoire sans appel du PS en ce qui concerne le nombre de villes gagnées (80, alors que la droite en perd 59). Cependant, il faut noter d’abord que, si les Verts ont perdu beaucoup de voix, subissant l’effet du « vote utile » pour le PS, le PCF en revanche a bien résisté dans la plupart des villes qu’il dirigeait déjà et dans les cantons (et, si le PS lui a fait perdre la direction du conseil général du 93, gardé de justesse en 2001, il gagne l’Allier) ; cela prouve l’attachement d’une fraction du prolétariat à ce parti réformiste qui prétend encore défendre ses intérêts, bien qu’il soit historiquement moribond et doive une bonne partie de sa survie électorale, considérée dans sa globalité, aux alliances avec le PS (voire avec des cadres du MODEM à Aubagne !). D’autre part, le vote pour le PS relève avant tout du fameux « vote utile », dont le caractère illusoire ne saurait empêcher la signification claire : les travailleurs se sont saisis de ce qu’ils estiment être la seule arme à leur disposition pour infliger une défaite sans appel à Sarkozy. Enfin, le fait qu’un nombre croissant des électeurs du PS sont des bourgeois, des cadres et autres salariés des classes moyennes supérieures est prouvé par les plus grands succès de ce parti dans les grandes villes (où les logements et les loyers sont de plus en plus chers et les couches populaires de moins en moins présentes) que dans les villes moyennes ; car, s’il conserve son poids dans l’électorat des quartiers populaires ayant participé au vote, le PS progresse même dans les quartiers les plus aisés, à commencer par ceux de Paris et de Lyon. D’ailleurs, une bonne fraction de l’électorat PS a refusé de voter pour le PCF dans les villes où celui-ci représentait la gauche au second tour, au profit de la droite : c’est le cas à Corbeil-Essonne, Sète, Le Havre ou Calais ; quant aux mairies de Montreuil et d’Aubervilliers, elles sont perdues par le PC au profit du PS et des Verts car ceux-ci ont pu compter sur les voix de droite…

Régression de LO, stagnation du PT, succès relatif de la LCR

Quant aux résultats des organisations d’extrême gauche aux élections municipales ils confirment notre analyse et la justification de nos consignes de vote (elles n’ont en revanche présenté que très peu de candidats aux cantonales). — Lutte ouvrière, qui a présenté ou participé à 186 listes, est en recul par rapport à 2001 quand elle s’est présentée seule : cela ne prouve pas, comme elle le prétend, que les travailleurs ont préféré voter pour le PS dès le premier tour, mais plutôt qu’une partie de l’avant-garde des travailleurs qui constituait son électorat ne se retrouve pas dans le scandaleux virage à droite qu’elle a effectué à l’occasion de ces élections ; la preuve en est que, dans les communes où LO s’est présentée seule et où la LCR se présentait aussi, c’est la LCR qui a nettement devancé LO (à une exception près semble-t-il). En tout cas, l’opportunisme électoraliste de LO lui a certes permis de passer de 33 à 79 élus entre 2001 et 2008, mais seuls 14 d’entre eux l’ont été sur des listes autonomes de LO, les autres l’étant au premier ou au second tour sur des listes d’union avec la gauche plurielle.

De son côté, le PT/POI a présenté ou soutenu 193 listes, dont 44 dans des communes de moins de 3 500 habitants — celles où a été gagnée la plupart des 65 élus revendiqués, dont 15 maires. Pour autant qu’on puisse en juger, étant donné qu’il ne fournit à ses lecteurs aucun élément de comparaison par rapport à 2001, le PT/POI stagne dans la grande majorité de la centaine de communes de plus de 3 500 habitants où il se présente sous ses propres couleurs : sa prétention au succès, qu’il fait miroiter à ses adhérents comme une preuve de la justesse de sa ligne, n’est vérifiable que dans une poignée de quelques très petites communes et dans celles où il s’est subordonné au PS, au PCF, aux Verts et/ou au MRC dans le cadre d’accords certes locaux, mais à peine réformistes.

En revanche, la dynamique de la LCR, fondée sur l’autonomie à l’égard du PS au premier tour (sauf exception…), sur les interventions médiatiques de Besancenot — réformistes mais pugnaces contre le patronat et le gouvernement —, et sur le lancement du projet de NPA, s’est confirmée par des scores historiques, supérieurs à ceux de la présidentielle dans la majorité des cas. Cependant, les résultats du premier tour sont moindres que ce que les dirigeants de la LCR ont prétendu dans la presse, comme l’a démontré perfidement un article de Lutte ouvrière du 19 mars (réponse du berger à la bergère). En effet, si la direction de la LCR a annoncé (oralement comme par écrit) avoir présenté ou soutenu « plus de 200 listes » (contre 90 en 2001), le chiffre exact est en réalité de 187, selon leur propre énumération (dans Rouge du 13 mars). Et surtout, si elle a affirmé que « plus de 110 d’entre elles franchissent les 5%, 32 dépassant les 10% », ces chiffres masquent en réalité des résultats moins impressionnants pour la LCR elle-même : en fait, elle n’a présenté que 78 listes « LCR 100 % à gauche », dont 29 ont dépassé 5% ; les 109 autres sont des listes d’union avec d’autres forces (elle annonce 40 avec des collectifs anti-libéraux, 20 avec les Alternatifs, 20 avec le PCF, d’autres avec Alternative Libertaire, la Fraction de LO, mais aussi Les Verts, PRS ou le MRC et, au moins dans un cas, à Saint-Quentin, avec le PS (1)). Enfin, si la direction de la LCR a annoncé que les résultats de ces « plus de 200 », c’est-à-dire en fait 187 listes, ont permis d’obtenir « 73 élus anti-capitalistes », elle n’insiste guère, dans son tableau des résultats paru dans Rouge du 13 mars, sur le fait qu’une bonne partie de ces élus ne sont pas de la LCR, mais d’autres partis politiques ayant fait liste commune avec elle (PCF, LO, PT, mais aussi PS ou Verts, présentés ainsi à bon compte comme « anticapitalistes » !)… En réalité, elle a reconnu ensuite n’avoir qu’une cinquantaine d’élus propres (contre 30 en 2001). — Quant au second tour, 7 des 11 listes de la LCR seule ont dépassé les 10% (4 ayant même plus de voix qu’au premier tour), atteignant 17,69% à Saint-Nazaire et 15,34% à Clermont-Ferrand.

Cependant, la ligne opportuniste de la direction de la LCR l’a conduite à gâcher immédiatement l’effet possible de ses bons résultats du premier tour (qui sont en eux-mêmes un excellent point d’appui pour mener le débat en faveur d’un parti révolutionnaire), en appelant à « battre la droite » et en cherchant à fusionner presque partout avec le PS pour le second tour. C’est le cas même dans les villes où la LCR a fait plus de 10%, ayant donc la possibilité de se maintenir ! Certes, le PS a refusé presque partout la fusion des listes — se montrant bien plus cohérent avec sa propre ligne (qui consiste à soutenir au plan national les réformes de Sarkozy et à s’allier avec le MODEM dans bien des villes), que la LCR avec la sienne, (fondée au premier tour sur le refus de l’alliance avec le PS) ! Cependant, la demande systématique de « fusions techniques » avec les listes du PS (parfois du PCF ou les Verts), même si elle s’est accompagnée du refus de s’engager a priori à soutenir la politique locale du PS, signifie que la LCR continue ainsi de semer des illusions sur ce parti, qu’elle refuse de considérer comme le parti bourgeois qu’il est ; elle s’adresse même au PS pour combattre Sarkozy, alors que ce parti soutient pour l’essentiel les « réformes » du gouvernement ! Or c’est d’autant plus grave que la confusion ainsi créée empêche les travailleurs ayant encore quelque illusions envers le PS d’aller jusqu’au bout de leur rupture politique avec lui et renforce donc la ligne réformiste que la direction de la LCR voudrait donner au « nouveau parti anti-capitaliste ». C’est ce que confirme à sa façon Yvan Lemaitre, membre de la direction de la LCR, de façon d’autant plus inquiétante qu’il prétend incarner la tendance de gauche au sein de cette direction : dans le numéro de Rouge paru après le premier tour, il affirme qu’il s’agit de « regrouper les forces des révolutionnaires, des anticapitalistes, des antilibéraux dans un même parti » (nous soulignons) — alors que, jusqu’à présent, la direction de la LCR et notamment l’ex-tendance Démocratie révolutionnaire affirmaient, contre la fraction de droite animée par Christian Picquet, qu’elles voulaient regrouper les seuls « anticapitalistes et révolutionnaires »… Le risque est donc que la direction centriste-sclérosée de la LCR, dans la mesure même où elle refuse d’aller jusqu’au bout de la rupture avec le PS et la « gauche plurielle », tranche encore plus vite que prévu le débat à peine ouvert entre réforme et révolution dans le sens d’un parti fourre-tout, qui serait alors dominé inévitablement par les réformistes purs et simples, voire les « anti-libéraux ».

Crise de la fonction présidentielle… mais elle reste protégée par le PS et la « gauche »

La défaite électorale de Sarkozy, de son gouvernement et de l’UMP ne peut que renforcer non seulement l’impopularité du président, mais en outre la crise de la fonction présidentielle, donc des institutions elles-mêmes. C’est ce dont s’inquiète une partie de la bourgeoisie, représentée notamment par la direction du PS, le MODEM de Bayrou ou le courant de Villepin au sein de l’UMP. Tout le problème est que Sarkozy a été choisi par la bourgeoisie pour accomplir ce que Chirac n’a pas suffisamment réussi à faire, c’est-à-dire pour liquider les acquis sociaux. Mais il ne suffit pas de s’agiter dans tous les sens pour éviter de se « chiraquiser » : en concentrant si rapidement contre lui le mécontentement populaire, Sarkozy prend le risque de n’avoir plus suffisamment de « légitimité » pour faire accepter les « réformes » brutales et rapides qu’exige la bourgeoisie. D’ores et déjà, selon un sondage BVA cité dans La Tribune du 20 mars — et s’inscrivant en faux contre les propos provocateurs de Fillon, du gouvernement et de certains journalistes prétendant voir dans le résultat des élections un appel à accélérer ses réformes —, « 63% des Français jugent "mauvaise" la politique économique du gouvernement et ne veulent pas d’accélération des réformes ». Tout le problème est donc de permettre au président, au gouvernement, mais aussi au mécanisme du régime lui-même, de mener le plan patronal sans provoquer une explosion sociale, donc en faisant accepter par le maximum de travailleurs la « nécessité » des réformes au nom du contexte international et de l’« intérêt général ».

Présidentialisation ratée

Le problème est bien posé par Gérard Courtois, directeur éditorial du Monde, dans l’édition des 9-10 mars : il constate d’abord l’écart entre le Sarkozy de la campagne présidentielle — qui se présentait comme énergique, mais maître de soi, comme déterminé, mais responsable — et la situation actuelle, où « cette image s’est démantibulée et son crédit s’est effondré, comme en témoignent tous les sondages depuis quatre mois. Pis, le président de la République se voit reprocher, y compris dans son propre camp, tous les défauts dont il affublait, hier, Ségolène Royal : impulsif, narcissique, brouillon dans ses annonces, approximatif dans leur mise en œuvre, comme flottant dans son costume présidentiel, bref, déroutant, voire inquiétant. » Or il ne s’agit pas seulement d’« emballements de débutant », mais « le mal dont souffre le chef de l’État est probablement plus profond : au-delà de ces épisodes symptomatiques, c’est bien sa conception de la fonction présidentielle qui est en jeu ». Gérard Courtois explique ensuite que Sarkozy aurait selon lui eu raison de vouloir présidentialiser le régime, en faisant « assumer sa responsabilité politique (de président) en première ligne », plutôt que de « se réfugier dans les ambivalences de la position d’arbitre, instaurée par le fondateur de la Ve République et usée jusqu’à la corde par ses successeurs ; il ne doit plus s’abriter derrière le premier ministre en cas de turbulences ou de coup dur, comme si souvent depuis un demi-siècle ». Mais, au lieu de moderniser la fonction présidentielle en la « désacralisant », « il a, en réalité, banalisé, trivialisé et privatisé sa fonction » et « l’a, du coup, instantanément indexée sur sa propre personnalité, ses travers et ses foucades. Sans même la protection traditionnelle de la distance, de la solennité et de la durée ». C’est pour cela que Sarkozy a dû se résoudre à une autocritique dans Le Figaro du 6 mars, en s’engageant à « garder une certaine distance par rapport au quotidien », à ne pas « céder à l’agitation », à « envisager les choses dans la durée, avec du recul, du sang froid ». Sauf que cela ne peut suffire à rassurer la bourgeoisie et en l’occurrence son porte-parole Gérard Courtois : « Nicolas Sarkozy aura beaucoup (…) de mal (…) à convaincre les Français, tant il a incarné jusqu’à présent, et jusqu’à la caricature, une présidence trépidante, tapageuse et, à l’évidence, beaucoup plus exaltée qu’exaltante. » Mais voilà : tout le problème est que, en même temps, « il n’a pas le choix (…) : ne pas changer de ton, de style et de méthode (…) pourrait conduire les Français à passer de leur mauvaise humeur actuelle à une grogne beaucoup plus vindicative et imprévisible ». Et l’auteur de conclure avec intelligence que la seule chance de succès de Sarkozy, c’est que le PS reprenne des couleurs à l’occasion des municipales et mette en avant un projet un peu différent de celui mis en œuvre par Sarkozy, au lieu de se contenter de critiquer le style et la méthode du président...

PS et Parlement au secours du président ?

Du point de vue de la bourgeoisie, en effet, cela obligerait Sarkozy à être plus prudent et permettrait de revigorer les institutions en contrebalançant une présidentialisation mieux maîtrisée du régime par un rôle accru du Parlement et des débats en son sein. Autrement dit, le régime ne peut se présidentialiser sans risque de focaliser la colère populaire sur le président, clé de voûte des institutions, qu’à condition de renforcer le rôle tribunicien du Parlement, c’est-à-dire la collaboration de toutes les forces politiques institutionnelles au système lui-même. Bref, pour que Sarkozy ne scie pas jusqu’au bout la branche du régime sur lequel il est assis, il est urgent de revitaliser la « démocratie » bourgeoise, c’est-à-dire de faire croire aux « Français » que leur mécontentement peut être exprimé par la voix parlementaire de la « gauche ». Tout dépendra donc de la capacité du PS et de la « démocratie » bourgeoise à canaliser la colère populaire latente. Cela signifie, pour les révolutionnaires, que tout dépendra de la lutte de classe, de sa capacité à ne justement pas se laisser canaliser par le PS, le PCF et les directions syndicales dans le cadre du système.

Crise au MEDEF… mais les directions syndicales soutiennent Parisot

La possibilité objective de vaincre Sarkozy et le patronat par une politique offensive de lutte de classe s’appuie non seulement sur la défaite électorale de Sarkozy et de l’UMP et sur la tendance à la crise de la fonction présidentielle, mais aussi sur la crise qui déchire les représentants du patronat. Celle-ci prend la forme d’un conflit spectaculaire entre la direction du MEDEF et celle de sa principale fédération, l’UIMM (Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie). Quelle en est la cause ? — Passons sur l’interprétation complètement dépolitisée avancée par Lutte ouvrière, selon qui ce conflit ne serait qu’un « panier de crabes » sans signification particulière : à part LO, tout le monde s’accorde pour parler d’une véritable crise. Passons rapidement aussi sur l’« analyse » du PT, qui ne voit ici comme ailleurs qu’un complot des États-Unis, via les fonds de pension dont Parisot serait la porte-parole contre l’industrie française, représentée par l’UIMM : si le PT prend certes soin de préciser qu’il ne prend pas parti pour celle-ci (ce qui serait tout de même un comble !), ce délire interprétatif n’en vise pas moins à faire croire que, « la France » étant menacée de démantèlement par le capital américain via Parisot et l’Union Européenne, la classe ouvrière aurait à concentrer son combat sur la défense de la « nation » et de la « République » (2).

Divergences stratégiques…

Si l’on se tourne maintenant vers les journaux bourgeois nationaux, l’une des explications de la crise, pour eux, serait un conflit entre d’un côté la fraction industrielle du patronat, représentée par l’UIMM, qui serait plus ou moins rétrograde à l’heure du prétendu « capitalisme post-industriel », et de l’autre le patronat des services, représenté par Parisot. Cette hypothèse n’est qu’en partie vraie : Parisot est appuyée aussi bien par le patron de la BNP-Paribas, Michel Pébereau, ou par celui d’Axa, Claude Bébéar que par la PDF d’Areva, Anne Lauvergeon, et par celui de PSA, Christian Streiff. En réalité, il ne faut pas sous-estimer le caractère stratégique du conflit qui traverse le patronat français. Celui-ci est contraint par la pression de la concurrence internationale, par la tendance à la récession de l’économie des États-Unis et donc par le fort ralentissement de la croissance globale, notamment en France, de mener une politique de « réformes » structurelles profondes contre les acquis des travailleurs (3). Or, pour la majorité du MEDEF, emmenée par Parisot, cela implique de revoir et de rendre plus efficaces encore les modalités de la collaboration des directions syndicales, en les intégrant purement et simplement à l’élaboration des contre-réformes, mais sous le label de la « démocratie sociale ». En revanche, comme l’écrit le quotidien économique La Tribune du 20 mars, la « vieille garde » de l’UIMM serait « hostile à la volonté [du MEDEF et du gouvernement] de changement social. De fait, l’UIMM est réticente à la fusion ANPE-Unedic, à la remise en cause des règles fondant la représentativité syndicale… ». Elle défend ainsi l’ancien type de relations sociales, particulièrement rodée dans ce bastion du prolétariat organisé qu’est (ou qu’était) la métallurgie, où bien des syndicats confédérés, sans parler des « syndicats »-maison, sont souvent les syndicats du patron et suffisent à garantir la paix sociale, quitte à se laisser « arroser » de temps en temps. Réciproquement, ces syndicats assuraient à l’UIMM bien des accords pour l’accomplissement de ses mandats au sein des différentes instances paritaires.

On sait que la crise au sein du patronat a commencé avec la révélation le 26 septembre de sorties de 19 millions d’euros en liquide des caisses de l’UIMM entre 2000 et 2007, qui a entraîné elle-même une révélation encore plus importante concernant l’existence d’une caisse noire de 600 millions d’euros (soit tout de même 20 fois le budget du MEDEF !), destinée à la fois à servir de caisse de secours mutuel pour les patrons en cas de grève et à « fluidifier les relations sociales », c’est-à-dire en fait à acheter purement et simplement des « syndicalistes ». Selon la presse, les services du ministère des Finances étaient au courant depuis longtemps de l’existence de cette caisse noire et La Tribune du 19 mars suggère que la crise n’a peut-être pas éclaté fortuitement en septembre. De fait, malgré ses risques, elle était peut-être nécessaire pour accroître encore le poids de Parisot négociant au nom de tout le patronat et pour contraindre les directions syndicales, mouillées elles aussi dans l’affaire, à accepter le calendrier et les modalités des « négociations » imposées par le MEDEF.

… intervention de Parisot en chevalier blanc…

En tout cas, une fois l’affaire révélée, Parisot ne pouvait que monter au créneau pour combattre la « vieille garde » de l’UIMM. En effet, quelle que soit la soumission de ces directions syndicales, son projet de « modernisation » du « dialogue social » n’était pas tenable si les travailleurs en concluaient que tous les chefs du patronat et des syndicats sont corrompus. La crise a donc d’abord été circonscrite par la mise en examen du président de l’UIMM, Denis Gautier-Sauvagnac, auquel était ainsi attribué le rôle de bouc émissaire, dans l’idée que le mythe du vilain petit canard pourrait être gobé par les gens. Mais la crise a rebondi et s’est approfondie le 1er mars, lorsque l’hebdomadaire Marianne a révélé que l’UIMM avait décidé de verser à Gautier-Sauvagnac une indemnité de départ d’1,5 million d’euros, en plus de la garantie d’un fonds de secours pour faire face à son redressement fiscal et à ses frais de justice... Cela a choqué tout le monde, non seulement par le montant de ce cadeau, mais aussi parce que sa fonction était claire : comme le dit le nouveau président du MEDEF, Frédéric Saint-Geours, sur le mode de la négation : « Je tiens à dire haut et fort que personne n’a acheté son silence. » (Le Parisien, 8 mars). Parisot s’est saisie de ce nouvel épisode pour ouvrir un feu nourri contre Gautier-Sauvagnac et ses amis, en les traitant de « menteurs», en qualifiant leur comportement de « choquant », « méprisant» et « grossier », et en exigeant que l’UIMM remette les nombreux mandats qu’elle exerce au nom du MEDEF dans les organismes paritaires. L’UIMM a alors revu à la baisse l’indemnité de Gautier-Sauvagnac et l’a démis de la fonction de délégué général qui lui restait, tout en refusant de rendre ses mandats.

Dans cette affaire, Laurence Parisot se présente donc comme porte-parole d’un patronat moderne et elle veut faire rimer cette « modernité » avec « moralité » : elle dénonce dans le comportement de « ces messieurs de l’UIMM » des « pratiques d’un autre âge », elle les désigne comme une « vieille garde », à laquelle elle oppose son projet d’un « patronat du XXIe siècle ». Et elle enfourche le grand cheval du bien et du mal, comme dans Le Monde des 9-10 mars : « On a surpris certaines pratiques inacceptables dans (la) direction (de l’UIMM) au regard de l’éthique et du bon sens. (…) De telles pratiques [les sorties de fonds en liquide], pour moi synonymes de perversion absolue, me semblent inimaginables à notre époque. Mon indignation est bien sûr morale. » Mais le vrai sens de son honorable combat apparaît dans la suite : « J’éprouve aussi le sentiment d’une sorte de trahison. Quand j’ai été élue présidente du MEDEF, contre le candidat de l’UIMM, et donc contre le vœu de Denis Gautier-Sauvagnac, j’ai voulu construire la paix. C’est pourquoi j’ai proposé à Denis Gautier-Sauvagnac la présidence de la commission "relations du travail" et lui ai dit que nous allions mener ensemble le dialogue social. Comment pourrais-je accepter que l’homme à qui j’avais confié cette mission me cache des pratiques illégales qui pervertissent le dialogue social ? (…) Nous devons nous donner les moyens d’éviter tout nouveau scandale. Tant qu’une remise à plat sérieuse n’a pas été faite, le soupçon peut planer. » Sa véritable préoccupation est donc claire : si les révélations concernant la caisse noire de l’UIMM font peser le soupçons sur tout le MEDEF, c’est le « dialogue social » lui-même, c’est-à-dire la co-élaboration des réformes patronales par les directions syndicales, qui ne sera plus crédible aux yeux des travailleurs. En revanche, si elle parvient à utiliser cette affaire pour faire triompher sa ligne, elle en retirera d’autant plus de force pour imposer le nouveau « modèle social » dont le patronat et le gouvernement estiment avoir besoin.

Front unique des directions syndicales… avec Parisot

Cette explication est confirmée par l’attitude des directions syndicales. Celles-ci prouvent une nouvelle fois qu’elles acceptent le nouveau « modèle social » et ne veulent décidément pas combattre le patronat : elles refusent de se saisir de cette crise, qui affaiblit objectivement le patronat, pour engager une lutte frontale contre lui, notamment en s’appuyant sur la forte exigence de pouvoir d’achat qui se rencontre chez les travailleurs et se manifeste dans un nombre croissant de grèves locales. Au lieu de profiter de cette situation, les directions syndicales restent pour la plupart muettes sur la crise du patronat et, quand les journalistes interrogent leurs représentants, ceux-ci prennent clairement parti pour Parisot et demandent encore plus de « dialogue social » ! Ils demandent gentiment à la chef du patronat de bien vouloir aller jusqu’au bout de sa prétendue volonté de faire la clarté sur les agissements de Gautier-Sauvagnac et de quelques autres, comme s’il était possible de « moraliser » les comportements du patronat, qui plus est en s’en remettant pour cela à la chef du MEDEF ! C’est ainsi que la CGT tire à boulets rouges sur Gautier-Sauvagnac et l’UIMM… mais pour mieux soutenir la démarche de Parisot en l’incitant à faire « toute la lumière » et à « clarifier (…) sa conception du dialogue social et sa volonté d’assurer la transparence de son financement » (déclaration du 29 février). Les dirigeants syndicaux sont allés jusqu’à réaliser un front unique avec Parisot et Sarkozy pour faire tomber Gautier-Sauvagnac : Le Canard enchaîné du 5 mars révèle qu’elles sont intervenues directement, notamment auprès de Sarkozy et l’un d’eux explique : « Nous avons dit et répété à Sarkozy qu’il fallait mettre fin à cette situation folle : vu la suspicion que DGS avait fait peser sur tous les syndicats sans apporter la moindre preuve, nous ne pouvions plus présenter un projet à notre base sans être accusés de nous être fait acheter. »

C’est ce qui explique la rapidité des solutions mises en œuvre pour sortir de la crise (notamment par la convention nationale de l’UIMM du 19 mars, appelée par La Tribune « opération "mains propres" », qui a marqué la victoire provisoire de la ligne Parisot, notamment quant aux règles de fonctionnement et à la « certification des comptes » de l’UIMM, celle-ci acceptant même de discuter dans les prochaines semaines des mandats qu’elle détient au nom du MEDEF). D’une part, « si Laurence Parisot veut parvenir à "réconcilier l’entreprise avec les Français" — le mot d’ordre de sa mandature —, elle ne peut pas laisser perdurer une guerre patronale » (La Tribune du 20 mars). Mais, d’autre part et surtout, si le soupçon ouvrier et populaire atteint l’ensemble du patronat et les directions syndicales, alors la collaboration de classe, principale digue actuelle contre la lutte de classe, sera bien plus difficile à faire accepter. Or ce serait d’autant plus préoccupant dans les circonstances actuelles, et tout particulièrement après les élections (cette autre digue prévue par le système) que le mécontentement des travailleurs est fort, en raison notamment de l’inflation, posant directement la question de grèves pour les salaires, dont le développement en cours pourrait prendre des proportions plus difficilement gérables. Plus généralement, les contre-réformes structurelles prévues par le gouvernement ne peuvent attendre, dans une situation de recul des parts de marché de la bourgeoisie française au niveau mondial et de la tendance à la stagnation générale de l’économie. Il est dès lors urgent, pour les « partenaires sociaux » et le gouvernement, d’approfondir et de solidifier l’institutionnalisation du « dialogue social » et du « syndicalisme » d’accompagnement — donc de faire croire en la possibilité d’un patronat éthique et d’un capitalisme moralisé…

Montée du mécontentement ouvrier et populaire contre les grands patrons… et nécessité du programme révolutionnaire

Mais cette crise du patronat français s’inscrit, au-delà des contingences de son éclatement, dans une tendance de fond au niveau international : celle d’une critique généralisée de ce que le magazine allemand Stern appelait début mars, à sa « une », « l’élite sans morale », avec comme sous-titre : « Comment les riches minent notre société. » De son côté, Barack Obama, le candidat à la candidature du parti démocrate étasunien, a dénoncé, certes démagogiquement, mais en exprimant une réalité, le « déficit moral » d’une société qui a connu ces dernières années une hausse vertigineuse des inégalités, atteignant un niveau sans précédent depuis les années 1920. Même Sarkozy y est allé de son couplet contre « un capitalisme sans morale ». Comme l’écrit Éric Le Boucher, chroniqueur économique du Monde dans un article des 9-10 mars consacré à cette question, « dans tous les pays développés monte un vif ressentiment contre les patrons des grosses sociétés, les fat cats ("gros chats"), qui accumulent des fortunes et qui, surtout, reçoivent des parachutes dorés même quand ils échouent. Pendant qu’"en bas" de l’échelle sociale, de plus en plus de ménages ont l’impression de ne plus parvenir à joindre les deux bouts, "en haut" les revenus s’envolent et ils le font quelles que soient les circonstances », c’est-à-dire même en cas de chute de la Bourse comme dans la crise des subprimes. Éric Le Boucher poursuit : « On savait l’économie mondiale de plus en plus inégalitaire mais, en sus, le "gros" s’en sort toujours face au "petit" dans le jeu truqué d’un capitalisme "pile je gagne, face tu perds". Une élite mondialisée donne l’impression de s’échapper des contraintes locales, nationales, pour accumuler des sommes excessives sans plus de contrôle. Les élites du business sont devenues les meilleurs agents de l’anticapitalisme, résume le gouvernement de Berlin. »

Inquiétude de la bourgeoisie…

Autrement dit, selon cet analyste avisé de la bourgeoisie, pour que les gens acceptent les inégalités et le capitalisme, il faut limiter les « excès » et l’absence de contrôle qui les rendent intolérables. À ces problèmes généraux s’ajoute, dans la conjoncture actuelle, le retour de l’inflation qui, en érodant le pouvoir d’achat des ménages populaires, rend encore plus insupportable la fortune insolente des riches. Éric Le Boucher en arrive donc logiquement à soutenir Laurence Parisot dans sa croisade contre l’UIMM, Merkel dans l’affaire du Liechtenstein et les démocrates étasuniens en écrivant très clairement : « (…) Le vent tourne. (…) Comme si l’élite des affaires prenait conscience que son intérêt de classe était de revenir sur ses excès. » Pour ce journaliste bourgeois qui a le mérite de parler en termes de classes, quelques mesurettes limitant les excès et « moralisant » le système sont donc indispensables pour mettre un frein au développement du « vif ressentiment contre les patrons » qui, pour n’être pas encore un anticapitalisme conscient et cohérent, n’en fournit pas moins le terreau…

De la colère populaire au parti révolutionnaire

Le constat de ce progrès de la conscience ouvrière et populaire par les porte-parole de la bourgeoisie eux-mêmes est la meilleure preuve qu’il est parfaitement possible, pour un programme ouvertement et résolument révolutionnaire, de rencontrer un large écho. Contrairement à ce que nous font croire les directions des principales organisations d’extrême gauche, essayant de justifier par là leur manque d’audace politique, leur opportunisme et leur ligne réformiste, ce ne sont pas les travailleurs, et surtout par leur avant-garde forgée dans les luttes, qui seraient effrayés par un programme et un discours clairement révolutionnaires. C’est la bourgeoisie elle-même qui, bien plus lucide que les dirigeants de LO, du PT et de la LCR, exprime actuellement sa peur du mécontentement ouvrier et populaire et de la lutte de classe. Il est donc plus que jamais nécessaire de proposer aux travailleurs un plan de lutte de classe efficace pour infliger des défaites à Sarkozy et au MEDEF, pour les vaincre. Et, pour aller jusqu’au bout de cette ligne comme pour préparer l’avenir, il est indispensable de défendre ouvertement, parmi les travailleurs, dans l’avant-garde militante du mouvement ouvrier et dans les comités pour le « nouveau parti anticapitaliste », la nécessité d’un parti communiste, révolutionnaire et internationaliste.


1) Rouge du 13 mars, qui donne les indications reproduites ici, omet d’ailleurs ce dernier cas, peut-être parce qu’il cadre mal avec les critiques adressés au même moment (d’ailleurs fort justement) à LO pour s’être alliée avec le PS ; rappelons d’ailleurs que cette liste de gauche unie PS-PCF-Verts-MRC-LO-PT-LCR de Saint-Quentin a dans son programme des subventions au patronat (cf. notre Déclaration politique reproduite ci-après).

2) Incapable de comprendre les contradictions anti-impérialistes, la direction du PT sombre même dans le pur et simple chauvinisme : commentant l’achat par l’armée US de 179 avions ravitailleurs d’EADS, aux dépens de Boeing, le secrétaire national et prétendu « théoricien » du PT, l’inénarrable Daniel Gluckstein, s’indigne du fait que ces « avions seront livrés à l’entreprise d’équipements militaires américaine Northrop Grumman Corporation et seront assemblés aux États-Unis mêmes, dans l’Alabama », avant de conclure : « Succès de l’industrie nationale… ou un pas de plus vers le démantèlement-pillage  ? Que va-t-il rester de ce pays ? Sous les coups de boutoir du capitalisme américain, auquel la Banque centrale européenne et l’Union européenne ouvrent grandes les portes, l’industrie nationale est démantelée. » (Éditorial d’Informations ouvrières n° 835). Bref, Daniel Gluckstein s’indigne que les travailleurs étasuniens puissent prendre du travail français ! Ce prétendu « trotskyste » se rapproche ainsi de plus en plus des dirigeants staliniens du PCF qui, dans les années 1970, en appelaient eux aussi à « produire français » ! Jusqu’où ira-t-il ?

3) Alors que le gouvernement a construit son budget sur une hypothèse de croissance comprise entre 2 et 2,5%, il est aujourd’hui quasi-certain que la croissance de 2008 sera nettement inférieure à celle de 2007 (1,9%). De plus, malgré la remise en cause des acquis sociaux, la France est « en retard » par rapport à ses voisins, notamment l’Allemagne (grâce au « social-démocrate » Schröder et à l’actuel gouvernement de coalition CDU-SPD), qui ont mis en place de violentes réformes structurelles pour gagner en « compétitivité » dans un monde désormais « fluidifié », où les capitaux circulent sans entrave. Ainsi la balance commerciale française, excédentaire dans les années 1990, est-elle depuis 2003 de plus en plus déficitaire : le déficit atteint 40 milliards d’euros en 2007, déficit que ne peut expliquer à lui seul le taux de change de l’euro, puisque l’Allemagne enregistre un excédent collossal de 200 milliards pour la même année !


Le CRI des Travailleurs n°31     Article suivant >>