Le CRI des Travailleurs
n°31
(mars-avril 2008)

Derniers articles sur
le site du CILCA

Feed actuellement indisponible

Le CRI des Travailleurs n°31     << Article précédent | Article suivant >>

Non aux 679 licenciements chez Smoby !
Pour gagner, il faut lutter dans l’unité !
(Tract de la section du Jura)


Auteur(s) :Groupe CRI
Date :20 mars 2008
Mot(s)-clé(s) :syndicalisme
Imprimer Version imprimable

Tous les travailleurs sont solidaires des salariés de Smoby. Le plan de licenciements qui les frappe est une catastrophe pour tout le Haut-Jura, où le jouet est l’une des principales industries. Le repreneur Simba-Ecoiffier, désigné le 3 mars par le tribunal de commerce de Lons-le-Saunier, décide de supprimer 679 emplois sur 1080, en plus des dizaines de postes d’intérimaires déjà liquidés et de tous les postes qui le seront dans la sous-traitance.

Cette catastrophe est le résultat de choix délibérés : Smoby, Majorette et Berchet étaient chacune florissante jusqu’en 2005. Mais, après le rachat de Majorette et Berchet par Smoby, l’ex-PDG Jean-Christophe Breuil et les autres actionnaires de l’entreprise, devenue n° 2 du jouet européen et cotée en bouse, ont décidé d’augmenter leurs profits par tous les moyens : ils se sont lancés dans une série d’opérations risquées et de montages financiers opaques, aboutissant en quelques années à une dette de 257 millions d’euros et, en passant, à la mise en examen de J.-C. Breuil soupçonné de détournement de fonds. La famille Breuil a alors fait appel au groupe américain MGA Entertainement, mais celui-ci n’a pas été capable de redresser les comptes décidément opaques de l’entreprise.

Toute cette catastrophe annoncée fait apparaître aussi la responsabilité des pouvoirs publics. Les patrons de Berchet et Smoby ont pendant des années fait un véritable chantage aux communes, menaçant de délocaliser si elles ne leur concédaient pas la mise à disposition de locaux à bas prix, une aide à la rénovation d’ateliers, des aménagements pour l’accès aux sites, etc. (les communes de Saint-Laurent et Moirans-en-Montagne se sont même endettées pour cela !). De plus, le département et la région ont cautionné les choix des actionnaires de Smoby en versant de substantielles subventions publiques (avec les impôts payés par les travailleurs !), sous prétexte là encore d’éviter les délocalisations et les licenciements : quelques années plus tard, on voit le résultat de cette politique ! Enfin, le procureur de la République, représentant de l’État au tribunal, a plaidé en faveur d’une « solution » qui, sous prétexte de « sauver » l’activité, consiste en fait à licencier la majorité des travailleurs de Smoby !

Mais il n’y a rien d’étonnant dans toute cette affaire : les patrons et les actionnaires sont là pour faire des profits à tout prix, les « pouvoirs publics » de droite ou de « gauche plurielle » et la « justice » sont à leur service ! Ils ne représentent jamais les travailleurs car ils se soumettent toujours, directement ou non, aux exigences des capitalistes ! C’est ce que prouvent tous les jours Sarkozy et son gouvernement : toute leur politique est dictée par le grand patronat qui veut liquider les acquis sociaux et les services publics pour faire toujours plus de profits !

Dans ces conditions, il n’est pas acceptable de faire croire aux travailleurs qu’il serait possible de compter sur les pouvoirs publics. Il n’est donc pas possible d’approuver la direction de la CGT de Smoby et du Jura pour qui « les pouvoirs publics et tous les élus doivent se réunir pour chercher toutes les solutions possibles et sauver la filière jouet dans le Jura » (communiqué du 24/01). Il n’est pas possible de demander aux pouvoirs publics de nouvelles « aides et des engagements avec des contreparties pour aider, si nécessaire, à la reconversion de certains sites » et notamment pour « mettre en place une GPEC [gestion prévisionnelle des emplois et compétences] » (compte-rendu de la rencontre de la CGT avec le préfet, 28/11/07). Car la « reconversion des sites » et le « GPEC » ne peuvent se faire qu’en fonction des exigences des actionnaires !

Il n’est pas possible non plus de choisir entre la peste et le choléra, en faisant croire qu’un autre repreneur que Simba, prévoyant autant de licenciements, serait une meilleure solution, comme l’a fait l’intersyndicale de Smoby, présidée par le délégué central CGT Gilles Rizzi, qui s’est « prononcée en faveur d’une reprise du fabricant de jouet jurassien par le groupe français Abcia-Caravelle » (France 3, émission « Midi pile » du 29/02).

Enfin, il n’est pas davantage acceptable de faire croire qu’une « solution » serait d’accepter la logique de la concurrence et de demander le licenciement des travailleurs chinois plutôt que les travailleurs de France, comme le fait la CGT quand elle s’en prend aux « contrefaçons asiatiques » et « demande le rapatriement de la production en France des produits Smoby/Berchet qui ont été envoyés en Chine pour fabrication » ! Face aux capitalistes qui agissent de la même façon dans tous les pays, les travailleurs doivent au contraire opposer un front uni sans frontières et la solidarité internationale !

Pour les travailleurs qui refusent d’être sacrifiés sur l’autel du profit et pour les syndicalistes de lutte qui refusent l’inacceptable, la seule solution est la lutte de classe, principe de base du syndicalisme ouvrier et notamment de la vieille CGT. Il faut remettre la CGT sur ses rails en refusant la logique du capitalisme et en renouant avec les méthodes de lutte efficaces, notamment la grève et l’occupation d’usines, comme l’ont fait récemment les salariés de Kleber à Toul, ceux de Ford à Blanquefort ou ceux de l’Imprimerie nationale à Choisy-le-Roi ! Les plans de licenciements sont inévitables si l’on accepte la logique des actionnaires et des patrons, qui ne visent que le profit. La seule solution pour les combattre est de se mobiliser tous ensemble sur une orientation claire, unitaire et efficace :

Groupe CRI,
section du Jura,
tract du 20 mars 2008


Le CRI des Travailleurs n°31     << Article précédent | Article suivant >>